La Dot de Suzette, opéra-comique, de Jean-Élie Dejaure, musique de Boieldieu,19 fructidor an 6 [5 septembre 1798].
Théâtre Favart.
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Titre :
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Dot de Suzette (la)
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Genre
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opéra-comique (comédie mêlée de musique)
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Nombre d'actes :
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1
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Vers / prose
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en prose, avec des couplets en evrs
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Musique :
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oui
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Date de création :
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19 fructidor an VI (5 septembre 1798)
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Théâtre :
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Théâtre Favart
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Auteur(s) des paroles :
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Jean-Élie Dejaure
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Compositeur(s) :
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Boieldieu
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Sur la page de titre de la brochure, à Paris, chez Vente, an VI :
La Dot de Suzette, comédie En un acte et en prose, mêlée de musique ; Représentée pour la première fois sur le Théâtre de l’Opéra-Comique-national, rue Favart, le 19 fructidor, an 6 de la République. Par le C.en Dejaure, Musique du C.en Boieldieu.
Magasin encyclopédique, ou journal des sciences, des lettres et des arts, 4e année, 1798, tome III, p. 417 :
[Compte rendu aussi bref que favorable. « L'ouvrage a été très-bien accueilli », mais on ne sait pas pourquoi. On connaît la source (un roman, La dot de Suzette, ou histoire de Mme de Senneterre, racontée par elle-même, de Joseph Fiévée) et le nom ds auteurs.]
On a donné au théâtre Favart, le 19 fructidor, la première représentation de la Dot de Suzette. Le sujet est tiré du joli roman qui a paru sous ce titre. L'ouvrage a été très-bien accueilli. Le poëme est du citoyen Dejaure, et la musique du citoyen Boyeldieu.
Courrier des spectacles, n° 562 du 20 fructidor an 6, 6 septembre 1798, p. 2-3 :
[La pièce adapte un roman portant le même titre. L'intrigue est très morale : une jeune femme, mariée par devoir, est veuve et très riche. Elle reçoit chez elle son ancienne bienfaitrice, qui a perdu sa fortune et demande à être employée comme femme de chambre. Son fils, l'ancien amant de Suzette, revient voir sa mère et retrouve son ancien amour en même temps que sa mère. Il embrasse les deux femmes, et obtient la main de Suzette dont il n'a jamais cessé d'être amoureux. Le critique juge favorablement une pièce pleine de si bonnes intentions, en regrettant qu'elle soit si rapide, pas très originale. Il a apprécié un rôle original, celui du beau-frère de Suzette, en regrettant toutefois qu'il soit un peu outré. Et il consacre un paragraphe à montrer en quoi il n'a pas un comportement convenable. Sinon, la pièce est bien interprétée, mais la musique est « très-foible », le talent de Boïeldieu n'apparaissant que par intermittence. Les auteur sont été demandés, mais n'ont pas paru.]
Théâtre Favart.
La Dot de Susette, opéra en un acte, donné pour la première fois hier à ce théâtre, est un sujet tiré du joli roman de ce nom.
Mme de Senneterre, lorsque sa fortune lui laissoit les moyens de répandre des bienfaits, a marié Susette à un homme qui a été assez heureux de faire fructifier la dot de sa femme au point d'amasser des biens immenses. Susette en remplissant le vœu de sa bienfaitrice, a fait le sacrifice de l’amour qu’elle avoit conçu pour le fils de Mme de Senneterre. Ce jeune homme a été obligé de passer aux Colonies, et l’image de Susette étoit sans cesse au fond de son cœur. Celle-ci ainsi que son mari, qui se nommoit Chenu, avoient pris le nom de Despréval. Bientôt elle devient veuve, et demeure chez son beau-frère, qui ayant tous les goûts, tout le manque d’usage et toute la profusion de son frère, achète force diamans pour faire briller Suscite dans un bal.
Cependant à la prière d'une bonne et fidelle gouvernante, Mme de Senneterre, qui du faîte de la prospérité est tombée dans 1a plus profonde indigence, est présentée chez Madame Despréval, pour y servir de femme-de-chambre ; la surprise de Susette est extrême, en reconnoissant celle à laquelle elle doit tout ; heureuse de s’acquitter envers elle de tant de bienfaits, elle veut la conserver auprès d’elle, et ne plus la considérer que comme sa mère ; la bonne Augustine doit aussi demeurer dans 1a maison. Cependant Adolphe, ce fils chéri que pleuroit Mme de Senneterre, est de retour de Saint-Domingue, le bonheur n’a pas été son partage , il apprend la résolution douloureuse que sa mère a prise, et comptant sur le succès des efforts qu’il pourra faire par tendresse pour elle, il vole à la demeure de Mme Despréval pour la dissuader de s'y mettre en service. Elle est absente ; il laisse une lettre pour elle. Mme de Senneterre reconnoît l’écriture de son fils, et fait part de sa joie à Susette. Bientôt Adolphe revient, et se précipite dans les bras de sa mère ; il lui fait part de sa situation aussi peu avantageuse, et lui révèle l'amour qu’il n’a cessé de garder pour Susette. Celle-ci a tout entendu, et couronne tant de vertus et tant de constance par le don de sa main et de sa fortune.
Un sujet aussi simple et aussi naturel ne pouvoit manquer de plaire ; aussi a-t-il été très-bien accueilli, malgré l’extrême rapidité avec laquelle il paraît avoir été traité. Toutes les situations en sont connues à la scène ; mais elles sont si bien rendues, qu’elles ont tout le mérite de la nouveauté. Il est d’ailleurs un caractère tout-à-fait neuf et très-comique, celui du beau-frère, qui n’a d’autre défaut que d’être quelquefois un peu outré, et de n’être pas assez ménagé dans ce qu’il présente, et doit en effet présenter de trivial.
Il fait, par exemple, trop peu d’attention à Madame de Senneterre, à laquelle il voit Suzette témoigner le plus vif intérêt. Il est quelques mots à ôter aussi à la dernière scène. Ce ne sont là que des défaits de détail ; mais il en est un autre majeur, c’est que tout est prévu dès les premières scènes ; nous avouons au surplus qu’il eût été difficile de le sauver.
Cette pièce est parfaitement jouée. Le citoyen Chenard, qui remplit avec tant de vérité tous les rôles de bas-comique, est très-plaisant et très-vrai dans celui-ci. Il y a aussi une vérité, une sensibilité étonnantes dans la manière dont les citoyennes S.-Aubin, Gonthier et Philippe jouent les personnages de Suzette, Augustine et Madame de Senneterre. On peut en dire autant du rôle d'Adolphe, quoiqu’il soit peu considérable.
La musique nous a paru très-foible, quoiqu’on y voye briller en plusieurs endroits les étincelles de ce talent qui a fait la réputation du citoyen Boyeldieu. Il a été demandé, ainsi que le citoyen Jaure, auteur des paroles ; ils n’ont point paru.
Dans la base César, la pièce, comédie en un acte et en prose, mêlée de musique, est attribuée à Jean-Claude Dejaure (le fils) pour les paroles et à Boïeldieu pour la musique. Il paraît plus sûr de la rendre à son père Jean-Élie. Elle a été jouée à partir du 5 septembre 1798 sur le Théâtre Italen (salle Favart). 23 représentations en 1798, 17 en 1799.
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