La Double surprise, comédie en un acte, mêlée de chants, d'Hector Chaussier, 21 germinal an 5 [10 avril 1797].
Théâtre des Jeunes Artistes.
Courrier des spectacles, n° 95, du 22 germinal an 5 [11 avril 1797], p. 3 :
[Un succès, un nom d'auteur erroné (il faut corriger Hector Chaullier en Hector Chaussier). Le sujet n'est pas neuf (un mari rendu jaloux par un courrier adressé à sa femme, qu'il prend pour preuve de son infidélité, alors qu'il s'agit de la préparation d'un spectacle destiné à lui souhaiter sa fête). Le dénouement n'est pas difficile à imaginer, le critique donne un jugement plein d'indulgence, avant de se jeter dans une étrange contestation de la constance des girouettes...]
Théâtre des Jeunes Artistes.
La comédie mêlée de chants, donnée hier à ce théâtre, sous le titre de la Double Surprise, a parfaitement réussi. Elle est de M. Hector Chaullier, auteur de plusieurs autres pièces qui lui ont déjà procuré des succès.
M.me Melval veut célébrer la fête de son mari, et a préparé une scène dans laquelle son fils, elle et Derville, ami de la maison, doivent jouer un rôle, afin d’avoir la facilité de le répéter et de faire tous les autres préparatifs de la fête. Elle a fait inviter son mari à dîner par une de ses amies, nommée Julie. Melval est prêt à se rendre à ce dîner, lorsqu’il trouve une lettre à l’adresse de sa femme ; elle est de Julie, et porte : « Ainsi que tu le desire [sic], j’inviterai ton mari à dîner avec moi..... Profite bien, ainsi que Derville, des momens de liberté que je compte vous préparer. » Quoique Melval ne soit pas naturellement jaloux, cette lettre l’inquiète ; il prétexte une affaire pour ne pas se rendre au dîner. Il voit que sa résolution dérange le projet de sa femme, cette remarque ne sert pas à le rassurer. Derville va avertir Julie de ce qui se passe. Elle vient elle-même chercher Melval, qui ne peut refuser de l’accompagner ; mais qui bientôt s’échappe et vient se cacher dans un bosquet, d’où il peut entendre tout ce que diront Derville et sa femme. Cette dernière répète le rôle qu’elle doit jouer devant son mari, dans lequel elle lui proteste sa tendresse. Melval croît [sic] que cela s’adresse à Derville, et est furieux. Julie vient avertir son amie que Melval lui est échappé. On pense à le chercher, lorsqu’il se présente. On ne sait à quoi attribuer son mécontentement. Il appelle son fils, à qui il avoit entendu sa femme recommander le secret, et lui ordonne de dire tout ce qu’il sait ; l’enfant répète son rôle, qui est un compliment pour la fête de son père. Melval reconnoît son erreur, et fait des excuses à son épouse et à ses amis.
L’intrigue et les détails de cette petite comédie sont très-agréables. Il y a quelques couplets jolis.
Nous ne pouvons cependant être de l’avis de l’auteur, quand il dit :
De l'être le plus constant
La girouette est le symbole.
. . . . . . . . . . .
La girouette suit le vent ;
Elle est constante et lui seul change.
Il est bien vrai que c'est le vent qui change et fait changer la girouette : mais c’est la facilité de cette dernière à se prêter au changement, qui la fait regarder comme le symbole de l’inconstance.
L. P.
La pièce est attribuée dans le compte rendu du Courrier des spectacles à un certain Hector Chaullier, « auteur de plusieurs autres pièces qui lui ont déjà procuré des succès » qu'il faut corriger en Hector Chaussier, qui correspond bien à ce qui est dit. César ne connaît néanmoins pas cette Double surprise.
Ajouter un commentaire