Le Débat des comédiens, prologue en un acte, de Georges Duval et Armand Gouffé, 27 germinal an 5 [16 avril 1797].
Théâtre de la Cité.
Courrier des spectacles, n° 101 du 28 germinal an 5 [17 avril 1797], p. 3 :
[Avant « la seconde pièce », les Précieux du jour, qui sera fort mal accueillie, un prologue au cours duquel les comédiens du nouveau théâtre de la Cité qui viennent de se constituer en société pour gérer la salle discutent de ce que sera leur théâtre, chacune des composantes de la troupe tentant d'imposer sa vision, entre comédie, chant, danse et pantomime. Ils comprennent que le mieux est de ne pas « changer de régime ». Si certaines réflexions, certains couplets ont plu, le critique y relève classiquement des longueurs, et critique la présence d'éloges pour plusieurs pièces, avec un sort particulier pour l'éloge du cousin Jacques, qui ne méritait pas un tel honneur.]
Théâtre de la Cité.
Les Artistes sociétaires de ce théâtre donnèrent hier pour son ouverture le Débat des comédiens, prologue, qui a été très-bien accueilli, et qui dans quelques endroits méritoit de l’être. Le cadre de cette petite pièce présente la position dans laquelle se trouvent les comédiens qui la jouent, lesquels venant de se mettre en société et se disposant à faire un compliment au public, se disputent l’honneur de le lui adresser, et ne peuvent s’accorder sur la forme sous laquelle ils doivent l’offrir. Les acteurs de comédie veulent le jouer, ceux de l’opéra le chanter, les danseurs veulent l’exprimer par la danse, les pantomimes par le geste, ce qui donne lieu à dire :
Il y a toujours grands risques à vouloir changer de régime,
et que dans les grandes assemblées,
Plus on parle, moins on s’entend, et que les raisonnemens en bannissent la raison.
Ces réflexions, ainsi que beaucoup d’autres , ont été fort applaudies. Il en est de même de plusieurs couplets, dont quelques-uns nous ont paru jolis, entr’autres celui où une actrice, réclamant l’indulgence du public, finit par dire :
Et n’oubliez pas , s’il vous plait,
Qu’à Louvois et Feydeau résident les grands maîtres.
Nous voudrions n’avoir que du bien à dire de ce prologue, qui a généralement fait plaisir ; mais nous ne devons pas taire qu’il présente beaucoup de longueurs, et qu’il est ridicule d’y avoir fait entrer l’éloge de plusieurs pièces de théâtre. C’est au public à les juger. Il est aussi très-mal-adroit d’avoir fait un éloge particulier du cousin Jacques, dont tout le monde applaudit les talens, mais qui n’a pas encore assez travaillé pour ce théâtre, pour lui sacrifier les autres auteurs qui en ont fait la fortune.
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