Le Défiant, comédie en cinq actes et en vers, de Dalban. Paris, de l'imprimerie de L. G. Michaud, rue des Bons-Enfans, n° 34 ; Delaunay, libraire, Palais-Royal, galerie de bois.
Pièce imprimée et non représentée.
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Titre :
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Défiant (le)
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Genre :
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comédie
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Nombre d'actes :
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5
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Vers / prose ?
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en vers
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Musique :
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non
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Date de création :
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non représentée
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Théâtre :
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Auteur(s) des paroles :
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Dalban
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Almanach des Muses 1815.
Il n'est pas une puissance, quelle qu'elle soit, qui fasse autant de mécontens que les comédiens. Ils refusent les pièces des uns, ne jouent pas celles des autres, ne prennent pour règle que l'arbitraire ou l'amour-propre. Cela existe depuis long-temps et existera long-temps encore. Les comédiens français ont refusé la pièce de M. Dalban. Prendrai-je parti pour lui contre eux ? Non, je garde la neutralité : il est si difficile de juger de l'effet que produirait à la représentation une pièce en 5 actes et en vers !
Sur la page de titre de la brochure, Paris, chez Delaunay, 1813 :
Le Défiant, comédie en cinq actes et en vers, par M. Dalban.
Le texte de la pièce est précédé d’une préface de l’auteur (p. I-V) :
[Pour l’essentiel, la préface justifie le choix de l’auteur de ne pas placer son personnage dans des situations qui justifieraient sa défiance. Cette justification repose sur l’idée que l’absence de motivation de cette défiance la rend plus forte. Elle insiste sur la valeur morale supérieure que sa pièce en tire. Le théâtre ne peut échapper à son rôle moralisateur !]
PRÉFACE.
Cette comédie, présentée au Théâtre français,y a été refusée ; le public, à qui je la soumets, jugera si l'on a bien ou mal servi ses intérêts, en lui en sauvant la représentation. Je dois prévenir que les acteurs n'ont point eu connaissance de ma pièce ; c'est d'après une première censure que j'ai été écarté et trouvé peu digne d'un examen plus sérieux.
La raison pour laquelle ma comédie a été condamnée, trouvée même atteinte d'un vice sans remède, c'est que je n'ai pas placé le Défiant dans des situations qui justifient ses soupçons, et que, toujours soupçonneux et injuste envers tout le monde, il n'a pas un motif de se défier de personne. Si je rapporte ce reproche, ce n'est pas que je me propose d'y répondre ; il me conduit à exposer en deux mots l'idée principale qui m'a guidé dans la composition de ma comédie, et il offre le contraste de la même idée, considérée sous un point de vue bien différent.
J'ai pensé que le comique, dans le personnage du Défiant, venait de l'opposition qui se trouve entre ses soupçons et la vérité, des choses, du contraste de son aveugle défiance avec la bonne foi des personnes qui l'entourent. J'ai donc dû chercher dans ce personnage la seule cause de ses défiances, et l’environner de gens qui n’y peuvent contribuer ; par là je donnais plus de force à mon caractère principal, et n'ôtais rien à la solidité des moyens qui le font ressortir, puisque, plus défiant, il n'en devenait que plus disposé à trouver l'importance nécessaire à ses soupçons dans des causes légères ou même innocentes. En un mot, fortifiant le caractère, j'augmentais la force des moyens opposés, et, fortifiant ces moyens, j'affaiblissais le caractère, et eux-mêmes avec lui.
J'ai dû encore à cette idée un plan plus étendu. Après avoir épuisé le nombre de soupçons fournis par mon sujet, mes personnages sulbaternes, qui n'y avaient point donné lieu, et mon Défiant, qui devait se désabuser, pouvaient encore se trouver dans une situation nouvelle, si je donnais à ceux-là l'intention de prolonger l'incertitude de celui-ci, et si je faisais que lui-même il revînt sur tous les soupçons qui l'avaient déjà tourmenté, mais qu'il en parût différemment affecté, en les éprouvant tous à la fois. C'est ce que j'ai essayé de faire, en en tirant un parti assez moral, qu'on pourra juger à sa place et apprendre de mes acteurs.
J'ai enfin tiré de cette même idée la moralité de mon sujet ; elle était bien plus sensible, si je savais présenter le Défiant comme seul auteur de ses soupçons. Pour que ses égarements devinssent une leçon utile, il ne suffisait pas qu'il dît : Mes soupçons m'ont rendu malheureux, il fallait qu'il dît : Ils m'ont rendu malheureux , et je n'ai dû mon malheur qu'à moi-même.
On me dira qu'un homme aussi prompt à se gendarmer ressemble beaucoup à un insensé. Il n'y avait pas besoin de fausser le caractère du Défiant pour l'éloigner d'un rapport avec la folie ; il est certain qu'il s'en rapproche beaucoup, non seulement par son impétuosité, comme tout caractère passionné, mais encore par ses habitudes. Je crois en avoir tiré quelque parti, en lui donnant des craintes sur des ennemis qu'il croit avoir, et un fond de mélancolie qui perce souvent. Ce n'est pas que cette tristesse soit l'objet de la comédie; mais, comme une faiblesse intéressante, elle attache à un personnage, tandis que son travers nous amuse, et elle est d'autant plus précieuse, qu'elle se trouve dans peu de caractères.
Journal des arts, des sciences et de la littérature, treizième volume (avril à juin 1813), n° 229 (quatrième année), 15 juin 1813, p. 349-350 :
[Ce compte rendu d’une pièce non représentée suit celui d’une tragédie de Mme Hortense Céré-Barbé, Maximien. apparemment non représentée également. Le jugement porté est sévère : le titre ne convient pas, et si la pièce présente « quelques traits qui annoncent de l'observation » et même « une scène fort plaisante » (mais une seule !), son écriture est si incorrect et si impropre dans le choix des termes qu’elle ne pouvait qu’être refusée. L’auteur nous donne quelques exemples, dont un hiatus, présenté comme une faute choquante.]
LE DÉFIANT, comédie en cinq actes et en vers, par M. Dalban. — Brochure in-8°. — Prix : 2 fr. 50 cent et 3 fr. par la poste. — Chez Delaunay, libraire, Palais-Royal, Galeries de Bois. — Et au Bureau du Journal des Arts.
Je m'étendrai moins sur cette pièce, qui n'est cependant pas sans mérite. L'auteur, probablement jeune encore, ne sait pas saisir l'ensemble d'un caractère. Il ne nous a guères montré son héros soupçonneux que vis-à-vis de sa maîtresse, et c'est plutôt un jaloux qu'un défiant qu'il nous a présenté.
L'ouvrage a été refusé au Théâtre Français, et je doute que le public y trouve assez de mérite pour infirmer ce jugement. Mais il saura gré à M. Dalban de quelques traits qui annoncent de l'observation et font espérer qu'il pourra un jour justifier l'ambition louable qu'il annonce de s'élever à la comédie de caractère.
Il y a dans le troisième acte une scène fort plaisante, celle où Timante (le Défiant) veut forcer Frontin, son valet, à convenir qu'on a dit du mal de lui dans la maison. Frontin, par respect pour la vérité, refuse d'abord d'en convenir ; mais, séduit par l'argent que lui offre son maître, il lui raconte comme ayant été réellement dit tout ce que la défiance de Timante lui suggère. Malheureusement, cette scène est à peu près la seule qui puisse exciter le rire dans cette comédie ; et, en voyant au Théâtre Français des pièces tout-à-fait nouvelles, ou remises depuis quelque temps, on se doutera bien que ce n'est pas un pareil défaut qui a fait refuser celle-ci.
Du reste, M. Dalban écrit avec une incorrection et une impropriété de termes qui seules auraient pu lui attirer un refus. Il nous parle d'originaux rangés pour parer un salon, comme une idole. Il a souvent dans son style le rocailleux de Lemierre ou de Brébeuf:
Un mal, au moins douteux,
Qui l'eût au plus pu rendre une fois malheureux.
La belle était majeure , et puis la tante en tient.
Quelquefois même des fautes encore plus choquantes, telles que cet hiatus :
Je dis non ; c’est-à-dire, oui. – Et que disoit-on ?
M. Dalban a raison de combattre la défiance, l’un des fléaux de la société ; mais quand il composera, je lui conseille de se défier un peu de son goût.
Magasin encyclopédique, ou journal des sciences, des lettres et des arts, 18e année, 1813, tome III, p. 469 :
[Compte rendu d’une pièce victime d’un destin pas si rare : l’auteur a fait imprimer une pièce dont le Théâtre Français n’a pas voulu, pour faire appel de la décision des Comédiens Français. Et le critique se contente de dire que c’est au public de décider (la formule employée peut paraître négative, mais elle provint de la préface que l’auteur a donné à sa pièce). Sinon, lecture et versification agréables, personnage bien dessiné.]
Le Défiant, Comédie en cinq actes et en vers ; par M. Dalban. A Paris, chez Delaunay, libraire, Palais-Royal, Galeries de Bois, n.° 243. 1813.
Cette comédie, présentée au Théâtre Français, y a été refusée. L'auteur l'a fait imprimer; et le Lecteur jugera si l'on a bien ou mal servi les intérêts du Public, en lui en sauvant la représentation. Cet ouvrage procure une lecture agréable; la versification en est facile, et le caractère du Défiant est bien tracé.
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