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Le Délire, ou les Suites d'une erreur

Le Délire, ou les Suites d'une erreur, comédie en prose mêlée d’ariettes en un acte, de Révéroni Saint-Cyr, musique d'Henri Montan Berton, 16 frimaire an 8 (7 décembre 1799).

Théâtre de l'Opéra Comique National, rue Favart.

Titre :

Délire (le), ou les Suites d’une erreur

Genre :

comédie mêlée d’ariettes

Nombre d'actes :

1

Vers / prose ?

en prose, avec des couplets en vers

Musique :

ariettes

Date de création :

16 frimaire an 8 (7 décembre 1799)

Théâtre :

Théâtre de l'Opéra Comique National, rue Favart

Auteur(s) des paroles :

Révéroni Saint-Cyr

Compositeur(s) :

Henri Montan Berton

Almanach des Muses 1801

Murville entraîné par Tillemont son ami dans des maisons de jeux, y perd sa fortune. Au désespoir qui s'est emparé de lui, succède le plus affreux délire. Il voit ses enfans et sa femme dans la misère ; celle-ci a fui : il croit qu'elle s'est précipitée dans les eaux, et, plein de cette idée, il lui a fait élever un tombeau sur lequel il va la pleurer. Dans un de ses accès, il la voit, et croit ne voir que son ombre ; il s'élance vers elle pour empêcher que les eaux ne l'engloutissent ; mais quelle est sa situation lorsque c'est sa femme qu'il presse sur son cœur. La raison lui revient ; et Tillemont, pressé par les remords, rend à son ami toute sa fortune, compromise par des billets dont il était porteur.

Représentation très-attachante ; beaucoup d'effet. Succès complet.

Sur la page de titre de la brochure, Paris, à l'ancienne Librairie de Dupont de Nemours, an 8 :

Le Délire, ou les suites d'une erreur, comédie en un acte, en prose mêlée d'ariettes ; Représentée pour la première fois le 16 fromaire, sur le Théâtre de l'Opéra comique, an 8. Paroles de R. St.-Cyr, musique de M. Berton.

« Le cœur n'a pas de démence, l'esprit peut s'égarer ; mais l'ame.... immortelle.... reconnaissante.... »

Délire.... Scène viii....

Magasin encyclopédique, ou journal des sciences, des lettres et des arts, V. année (an VIII-1799), tome quatrième, p. 547-548 :

[Un début intéressant, sur un théâtre qui aurait changé de spécialité (du comique au tragique) : on aime bien, à cette époque, les classifications, au théâtre comme ailleurs. La pièce est créditée d'un « grand succès », et le critique peut entreprendre de la résumer. C'est une histoire déchirante qu'il conte, d'un homme ruiné par le jeu, qui croit que sa femme est morte noyée de désespoir, ce qui le précipite dans la folie. Mais elle a été sauvée par un autre joueur, et elle lui apparaît, ce qui lui permet de recouvrer la raison, et les deux hommes, mari et sauveteur, renoncent à jouer. Il ne reste plus qu'à nommer les auteurs, musique et paroles, et un interprète tout à fait remarquable dans le rôle du mari.]

Théâtre Favart.

Le Délire, ou les Suites d'une erreur.

Ce petit drame, joué le 16 frimaire, a le mérite d'être fort extraordinaire, et d'offrir plusieurs situations déchirantes : il est vrai qu'on pourroit le trouver déplacé à l'Opéra-Comique, mais depuis quelque temps ce théâtre a pris l'habitude de donner des pièces larmoyantes, et comme le Théâtre François, il a ses jours de tragédie et de comédie. Voici le sujet de la pièce nouvelle qui a eu le plus grand succès.

Murville s'est ruiné au jeu, et a fait le malheur de toute sa famille. Clarice, sa jeune épouse s'est précipitée dans un fleuve, et passe pour morte. Merville [sic] apprenant cet événement affreux, est tellement affecté qu'il perd tout à fait la raison. Tous les jours à deux heures, il vient sur le bord d'une rivière voisine, et là il chante sa bien-aimée, et espère que les flots la lui rapporteront.

Cependant Clarice n'a point péri ; Tilmont, joueur déterminé, dont les conseils ont perdu Murville, l'a sauvée. Elle reparoît, et elle verse un torrent de larmes en voyant l'état où est son époux : celui-ci fixe la rivière, et voyant dans l'eau l'image de Clarice, qui est derrière lui, il lui tend les bras. Clarice vivement émue, tombe évanouie à ses pieds. Il la relève avec transport, croit la retirer du fleuve, et l'effet de cette heureuse illusion est de le guérir de sa folie. Tilmont paroît alors, Murville s'irrite contre lui, mais, apprenant qu'il a sauvé son épouse, il lui rend son amitié : celui-ci lui remet tous ses billets dont il est propriétaire : tous deux renoncent pour jamais aux affreux plaisirs du jeu.

La musique est digne d'éloges, et ajoute singulièrement à l'expression des paroles ; elle est du C. Le Breton, auteur de Montano et Stéphanie. L'auteur de la pièce est le C. Saint-Cyr.

Après la pièce, le public a demandé le C. Gavaudan, qui avoit supérieurement joué le rôle de Murville; il a paru et a été couvert d'applaudissemens.

Paris pendant l'année 1801, volume XXX, n° CCXXI publié le 14 février 1801, p. 157 :

[Après un long compte rendu de la pièce de Vial et Etienne, le Grand deuil, le critique revient sur la pièce jouée en début de soirée, le Délire, dont il dit le plus grand mal, en faisant une exception : les femmes ont aimé la pièce « pour l'honneur de leur sensibilité », tout en s’en plaignant. Et les propos qui leur sont prêtés ne sont à l’honneur ni de la pièce, ni des femmes.]

Au reste, le Grand Deuil fait beaucoup rire ; & ce jour-là, le véritable grand deuil au spectacle, c'était la piece qu'on a joué la premiere : il n’y a point de convoi funebre aussi triste & aussi lugubre que le Délire. Les femmes l'admiraient cependant, pour l'honneur de leur sensibilité : mais elles s'en plaignaient tout haut : Cela fait venir la chair de poule, disait-on à ma droite : Il joue comme un Dieu, disait une autre a ma gauche ; mais cela fatigue, j'ai le cœur serré, l'imagination noire. Ce n'est cependant pas pour éprouver de pareilles sensations que l'on va à l'Opéra-Comique.

Dans la base César : une seule représentation signalée, celle du 7 décembre 1799. Elle a toutefois été jouée aussi lors de la création du Grand Deuil, le 3 pluviôse an 9 [23 janvier 1801]. Paroles du baron Jacques-Antoine de Révéroni Saint-Cyr, musique de Henri-Montan Berton.

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