Les Deux boxeurs, ou les Anglais de Nanterre et de Falaise, parade mêlée de couplets, de Francis, Marc-Antoine Désaugiers et Simonnin, 30 août 1814.
Théâtre des Variétés.
-
Titre :
|
Les Deux boxeurs, ou les Anglois de Nanterre et de Falaise
|
Genre
|
parade mêlée de couplets
|
Nombre d'actes :
|
1
|
Vers / prose ?
|
en prose, avec des couplets en vers
|
Musique :
|
vaudevilles
|
Date de création :
|
30 août 1814
|
Théâtre :
|
Théâtre des variétés
|
Auteur(s) des paroles :
|
Francis, Marc-Antoine Désaugiers et Simonnin
|
Sur la page de titre de la brochure, à Paris, chez J. N. Barba, 1814 :
Les deux boxeurs, ou les Anglais de Falaise et de Nanterre, folie-parade en un acte, mêlée de couplets, Par MM. Désaugiers, Francis et Simonnin ; Représentée, pour la première fois, à Paris, sur le Théâtre des Variétés, le 30 Août 1814. Seconde édition.
L’Esprit des journaux français et étrangers, tome IX, septembre 1814, p. 284-287 :
[On ne s’attendrait pas à un article élogieux sur un tel spectacle. Et un article où on évoque la liberté de la presse, jugée trop forte pour « notre morale », tout comme la boxe l’est pour « la faiblesse de notre constitution physique ». Nous avons pourtant les forts de la halle, qui ne sont pas loin d’être dignes de boxer, tout comme certains de nos écrivains sont capables d’assumer la liberté de penser. Après ce début non dénué d'ironie (la question de la liberté de la presse est une question importante en 1814, dans les premiers mois de la première Restauration), le récit de l’intrigue, qui marie boxe et historie sentimentale, est fait avec bienveillance : deux valets en rupture d’emploi, se faisant passer pour des Anglais, se proposent, pour sauver le spectacle de Polichinello, de faire un spectacle de boxe. Mais ils sont facilement vaincus par l’amant de la fille de Polichinello et il obtient la main de sa bien aimée. La pièce a beaucoup plu au public, qui a tout aimé, « calembours, bêtises, amphigouris, caricatures, couplets gaillards et grivois ». Ils ont salué le comique des acteurs et ont ri d’un « gros rire ». La fin de l’article est même une invitation pressante à aller voir la pièce.]
Les Boxeurs, ou les Anglais de Falaise et de Nanterre, folie en un acte.
On nous a dit que notre morale était trop faible pour supporter un régime aussi fort que celui de la liberté de la presse ; c'est sans doute aussi à cause de la faiblesse de notre constitution physique que nous sommes privés du plaisir si doux, de l'honneur si glorieux de nous assommer méthodiquement à coups de-poing. Pourquoi n'a-t-on pas ajouté que le pays qui possède d'inébranlables boxeurs mérite seul d'avoir des écrivains et des journalistes indépendans ? Nous avons pourtant des forts de la halle qui, sans faire précisément un métier du pugilat,vous gourment leur homme quand l'occasion s'en présente avec une vigueur et une propreté qui feraient honneur à un artiste : il ne leur manque que quelques principes et un peu d'usage pour marcher les égaux des plus habiles maîtres du pugilat anglais. De même nous comptons des écrivains nourris d'idées saines et de principes libéraux, auxquels il ne manque que la liberté bien assurée de les émettre dans toute leur étendue pour ravir à l'Angleterre l'honneur exclusif d'être la patrie de la pensée ; mais où va me conduire la manie des rapprochemens ? bien loin, du théâtre des Variétés où m'appelle la folie.
Polichinello est directeur d'un spectacle de parades qui tombe en décadence ; son grimacier s'est démis la mâchoire ; l'âne a une fièvre de cheval ; Paillasse est au lit : il en est réduit à avoir des oiseaux , un singe et des puces. Il voudrait, pour remonter son théâtre, donner la main de sa nièce Serinette à quelque personnage extraordinaire qui contribuât au succès de son établissement : mais elle a déjà refusé l'Albinos, le Nain et le Géant, et, de son côté, Polichinello refuse de la marier à son amant Larose, quoique ce soit le plus fort fort de la halle. Sur ces entrefaites, deux aventuriers, Blaizot et Batiste, se présentent à lui comme des boxeurs de Londres, quoiqu'ils ne sachent que deux ou trois mots d'anglais. Ce sont des valets sans condition, et qui, renvoyés par un lord qu'ils, ont servi à Verdun, ont imaginé de faire des farces pour vivre.
Tantôt oiseau, tantôt poisson,
Ou dans l'air, ou dans l'onde,
En vol-au-vent, en esturgeon,
Ils étonnaient le monde.
Chacun convient que leurs talens
Ne diffèrent que par l'écorce.
. . . . . . . . . . . . .
Toujours on les applaudit;
Dans leurs rôles de bête on dit
Qu'ils sont de même force.
Disputant de force et d’embonpoint et s’assommant pour les plaisirs du public ; ils ont associé leur sort. Blaizot reçoit toujours les coups, ne sachant les parer qu’après, et Batiste lui prouve, par une suite de raisonnemess amphigouriques, qu'il a tort de se plaindre. Les deux prétendus anglais font marché avec Polichinello , et donnent une représentation de leur savoir faire, mais Larose déguisé en sauvage, après les avoir laissés se taper à l’anglaise, les retape à la francaise. Il rosse complètement les deux boxeurs qui conviennent alors qu'ils sont des Anglais, l'un de Falaise et l'autre de Nanterre. Après cet exploit, Larose, sauvage de la Râpée, n'a pas de peine à obtenir sa Serinette.
Si la sagesse en goguettes est un peu folle, qu'on imagine les extravagances que peut se permettre la folie en débauche, et l'on aura une idée des Boxeurs des Variétés. Ils ont tout osé, et l'on a toujours ri de leur audace ; les acteurs et les auteurs de ce théâtre sont les enfans gâtés du public ; il leur passe tout. Calembours, bêtises, amphigouris, caricatures, couplets gaillards et grivois, et au milieu de tout cela, Brunet, Pothier, plaisans comme à leur ordinaire, Lefevre, Fleury et Mlle. Aldegonde se surpassant, voilà ce qui a excité le rire, le gros rire, et ce qui l'aurait justifiée si le rire avait besoin de justification. La joyeuse convulsion aurait été jusqu'à la lassitude, si la pièce n'eût fini à propos par un très-joli couplet.
On ne s'attend pas sans donte à des citations ; l'analyse de la pièce en contient peut-être déjà trop : mais je ne puis me rappeler, sans rire tout seul, Pothier et Brunet dansant l'anglaise, et la leçon de boxage, et la leçon d'anglais, et...... Oh! ma foi, laissez-là le journal et allez voir la pièce. Vous faut-il encore une recommandation ? elle est de MM. Francis, Simonin et Désaugiers. A. Martainville.
Magasin encyclopédique, ou journal des sciences, des lettres et des arts, 19e année, 1814, tome V, p. 210 :
[Comme il s’agit d’une pièce à succès, il n’est pas facile d’en dire du mal. Mais on n’est pas obligé d’en dire du bien non plus (la lecture de la brochure n’en donne pas une image très brillante). C’est une parade, une vraie, qui ne vaut que par le jeu des deux acteurs, Brunet et Potier (costume, langage, gestuelle). La pièce remplit le théâtre, et devrait continuer à le faire.]
THÉATRE DES VARIÉTÉS.
Les deux Boxeurs, ou les Anglois de Nanterre et de Falaise, parade en un acte , mêlée de couplets, jouée le 30 Août,
Brunet et Potier, vêtus en Anglois, baragouinant, dansant, boxant, voilà toute la pièce qui est bien, dans toute l'étendue du terme, ce qu'on peut appeler une parade. Les acteurs ont beaucoup contribué par leur jeu, au succès de cet ouvrage de MM. Francis, Désaugiers et Simonnin.
La pièce a déja plus de vingt représentations ; il n'y a pas de raison pour qu'elle s'arrête à cinquante. La salle est pleine chaque fois qu'on la joue.
Ajouter un commentaire