Les Deux jockeis, ou le Rendez-vous dérangé, opéra-comique en un acte, de Pujoulx, musique de Gaveaux, 28 Nivôse an 7 [17 janvier 1799].
Théâtre de la rue Feydeau
Almanach des Muses 1800
Ni fonds ni intérêt.
Courrier des spectacles, n° 696 du 29 nivôse an 7 [18 janvier 1799], p. 2 :
[Il n’y a rien à sauver dans cet opéra comique « qui n’a ni plan, ni action, ni intrigue suivie », dont les scènes sont « sans aucune liaison », avec des entrées et sorties de personnages « jamais motivées », et le critique se limite à dresser un inventaire : des personnages (il y a là toute la panoplie de l’auteur d’opéra-comique, y compris un déguisement en femme), des détails éculés, ou invraisemblables qui permettent de remplir un acte d’opéra. Et le style est aussi peu convaincant : il suffit d’énumérer « les fortes invraisemblances, les longueurs interminables, beaucoup d’affectation d’esprit et de style maniéré » alors qu’on attend un style naturel. La musique est un peu mieux traitée / le critique veut bien sauver l’ouverture et deux ou trois airs. L’interprétation, par contre, a droit à un jugement largement positif. Une mauvaise pièce bien jouée...]
Théâtre Feydeau.
L’opéra en un acte donné hier, pour la première fois à ce théâtre, sous le titre des deux Jockeis, n’a pas obtenu de succès.
Nous n’entreprendrons pas de donner une analyse bien exacte d’une pièce qui n’a ni plan, ni action, ni intrigue suivie ; où les scènes sont toutes sans aucune liaison, et où les entrées et les sorties ne sont jamais motivées. Nous nous bornerons à dire que les principaux personnages sont un médecin Lamortellerie qui devient le dupe de la précaution qu’il prend pour empêcher les amans de venir courtiser sa nièce ; une amoureuse Melise, dont le rôle est de toute insignifiance ; deux amoureux, l’un M. Desmarchés, fournisseur, qui spécule sur le sexe, veut absolument soumissionner Melise, et qui promet cent louis à son jockei St-Albin, s’il peut écarter son rival ; l’autre amoureux est Linval, militaire, aimé de Melise, égayant aussi à sa suite un jockei nommé Carlin, amant de Rosette, soubrette de Mélise. St-Albin, jockei espiègle, est le seul qui forme la très-petite intrigue de cette pièce. Il s'est déguisé en femme, et il a sçu par ses œillades engager un commissaire à mettre Linval aux arrêts ; mais celui-ci est parvenu à s’échapper, et n’a pas oublié le rendez-vous indiqué au jardin.
Ce n’est pas encore tout, on voit deux jockeis grimpant lestement par-dessus les murs d’un jardin, et allant se cacher, l’un derrière un arbre, et l’autre dans un bosquet ; le fournisseur veut passer aussi par-dessus le mur pour venir au même rendez-vous ; mais plusieurs coups de fusil sont tirés sur lui par les domestiques du médecin, et on le conduit comme voleur chez le commissaire. Ajoutez à cela quatre ou cinq monologues de suite, la ruse de St-Albin qui escamote des talmouzes que Rozette apporte à Carlin, et l’on aura à-peu-près l’idée de l’opéra des deux Jokeis. Nous passons sous silence les fortes invraisemblances, les longueurs interminables, beaucoup d’affectation d’esprit et de style maniéré, au lieu de naturel et de vérité.
La musique se ressent beaucoup de la foiblesse des paroles : l’ouverture a cependant été assez applaudie, ainsi que deux ou trois airs. Les deux jockeis ont été bien joués par les c. Rolandeau et Augustine Lesage. Le cit. Lesage a été plaisant dans le rôle de M. Desmarchés, et la cit. Gavaudan a obtenu et mérité des applaudissemens dans le petit rôle de Rosette, qu’elle a rendu avec assez de finesse.
[Les talmouzes qu’apporte Rosette, c’est une « pâtisserie faite avec de la crème, de la farine, du fromage, des œufs, du sucre et du beurre » selon le Wiktionnaire.]
Félix Crozet, Revue de la musique dramatique en France (1866), p. 110 :
Les Deux jockeis, opéra-comique en un acte, musique de Gaveaux, représenté en 1799.
On trouve dans cette partition de la facilité dans le style, mais peu d'originalité.
D'après la base César, l'auteur est Jean-Baptiste Pujoulx, et le compositeur Pierre Gaveaux. Il y a eu 2 représentations, les 17 et 18 janvier 1799. Le Courrier des spectacles, s’il confirme bien la date de la première représentation tout en donnant le sous-titre, ne connaît pas cette deuxième représentation.
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