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Les Deux journées ou le Porteur d'eau

Les Deux journées, ou le Porteur d'eau, opéra en 3 actes ; par les cit. Bouilly et Cherubini. 26 nivôse an 8 (16 janvier 1800).

Théâtre Feydeau.

Elle est aussi dsignée comme une « comédie lyrique ».

[Dans l’Esprit des journaux, les Deux journées a pour titre Armand, du nom du personnage principal.]

Titre :

Deux journées (les) ou le Porteur d'eau

Genre

opéra comique

Nombre d'actes :

3

Vers ou prose ,

en prose, avec des couplets en vers

Musique :

oui

Date de création :

26 nivôse an VIII (16 janvier 1800)

Théâtre :

Théâtre lyrique de la rue Feydeau

Auteur(s) des paroles :

Bouilly

Compositeur(s) :

Cherubini

Almanach des Muses 1801

Le cardinal de Mazarin a proscrit le comte Armand, président à mortier au parlement de Paris. Le magistrat se réfugie avec sa femme chez Michelli, porteur d'eau, qui le soustrait à toutes les recherches qu'on fait de sa personne. Le fils et la fille de cet hôte généreux doivent partir le lendemain pour Gonesse : le passe-port sert à favoriser la fuite de la comtesse qui se déguise en paysanne savoyarde ; quant au comte il est caché par le porteur d'eau dans son tonneau. Ils arrivent à Gonesse ; mais là ils trouvent encore les soldats du cardinal. Armand est forcé de se cacher dans le creux d'un vieil arbre ; il en sort bientôt le pistolet à la main pour tirer sa femme des bras de quelques soldats qui veulent abuser d'elle. Armand est soudain arrêté ; il va périr, lorsque le brave porteur-d'eau accourt, annonce que le peuple en rumeur a demandé la grace d'Armand, et que la reine effrayée n'a pas cru devoir la refuser.

Des situations neuves et intéressantes ; musique telle qu'on pouvait l'attendre d'un compositeur célèbre. Représentations nombreuses et très-suivies.

Sur la page de titre de la brochure, Paris, chez Barba, an XI (1802) :

Les deux Journées, comédie lyrique, en trois actes, Paroles de J. N. Bouilly, membre de la Société Philotechnique. Musique de Cherubini. Représenté, pour la première fois, au théâtre Feydeau, le 26 nivôse, an 8.

« Lætius est, quoties magno sibi constat honestum. »

Lucan. Phars. l. 9.

« Plus une bonne action nous coûte, plus elle nous est chère. »

L’Esprit des journaux français et étrangers, vingt-neuvième année, tome IV, nivôse an 8 [décembre 1799-janvier 1800], p. 224-226 :

[Le compte rendu commence par l’analyse du sujet, qui nous ramène dans la France de Mazarin et le conflit entre pouvoir royal et magistrature. Cette intrigue qui met en danger le malheureux juge à mortier s’achève quasi miraculeusement par la grâce accordée par la reine effrayée d’un mouvement populaire. Le succès est « le plus brillant », et le critique y voit « un grand nombre de situations aussi neuves que dramatiques, & tous les effets y sont habilement ménagés ». Certes, il critique « le dénouement qui tient un peu de la pantomime » (on peut bien sûr le trouver arbitraire), mais il considère que c’est peu important vu « l'intérêt puissant & savamment gradué qui règne dans les deux premiers actes ». La musique est traitée de façon trop positive, plusieurs morceaux étant remarqués : « en un mot, c'est la mélodie la plus gracieuse, mariée à la plus savante harmonie » (l’équilibre entre mélodie et harmonie est fondamental). Auteurs et acteurs sont également mis en avant. Les acteurs voient leur talent reconnu, dont celui qui joue le rôle du porteur d’eau, et les auteurs ont été « demandés & nommés », Cherubini étant « applaudi avec enthousiasme ».]

THÉATRE LYRIQUE DE LA RUE FEYDEAU.

Armand, opéra en 3 actes.

Le comte Armand président à mortier au parlement de Paris, est proscrit par le cardinal Mazarin ; ne pouvant sortir de la capitale, dont toutes les portes sont gardées par des troupes italiennes, il se réfugie avec son épouse chez un porteur d'eau nommé Michelli, qui le soustrait avec autant d'adresse que de courage, aux perquisitions domiciliaires. Le fils & la fille de ce porteur d'eau doivent partir le lendemain pour le village de Gonesse ; on se sert du passeport de la jeune personne pour faire évader la comtesse , déguisée en paysanne savoyarde, & cette ruse obtint du succès ; quant au comte, le bon porteur d'eau le cache dans son tonneau ambulant, le conduit près d'une barrière, & là trouve le moyen de tromper les sentinelles, après avoir applani obstacles sur obstacles. Arrivés à Gonesse, les deux malheureux proscrits s'y voient encore poursuivis par les satellites de Mazarin. Armand est forcé de se cacher dans le creux d'un vieil arbre, parce qu'une compagnie de soldats vient loger dans la maison où il devoit trouver asile. Deux de ces militaires , épris des charmes de la prétendue savoyarde, veulent assouvir leur passion brutale ; déjà ils emploient la violence, lorsque son courageux époux s'élance au milieu d'eux armé de pistolets, & leur arrache leur victime. On accourt au bruit de l'action. Armand est soupçonné ; on l'interroge ; la comtesse évanouie ouvre les yeux, revoit son mari, & le nomme involontairement en se précipitant dans ses bras. On s'empare aussitôt de l'infortuné ; déjà il va subir la peine capitale lorsque le bon porteur d'eau, couvert de poussière & de sueur, accourt en s'écriant avec transport : Arrêtez, arrêtez ! Il annonce que tout le peuple, en rumeur, a demandé la grâce d'Armand, & que la reine effrayée, a cru devoir céder à la multitude.

Tel est à peu près le fonds de l'opéra, qui a obtenu, sur ce théâtre le succès le plus brillant. Il offre un grand nombre de situations aussi neuves que dramatiques, & tous les effets y sont habilement ménagés. On pourroit critiquer le dénouement qui tient un peu de la pantomime, & qui, en cela, ressemble à plusieurs autres ; mais on doit fermer les yeux sur ce défaut, presque inévitable en faveur de l'intérêt puissant & savamment gradué qui règne dans les deux premiers actes. Peu d'ouvrages de ce genre offrent autant d'incidens imprévus & soutiennent aussi long-temps la curieuse sollicitude du public.

La musique de cet opéra est sans contredit un des chef-d'œuvres de son auteur ; rien de plus neuf, de plus original & de plus majestueux que l'ouverture; rien de plus dramatique & de mieux composé que la finale du 1er. acte, rien de plus simple & de plus chantant que les airs de goût répandus dans le cours de la pièce ; en un mot, c'est la mélodie la plus gracieuse, mariée à la plus savante harmonie.

Les principaux rôles ont été remplis avec un talent précieux, par les CC. Juliet, Gaveaux, Jausserand, & par la citoyenne Scio ; le C. Juliet fut tout est inimitable dans l'excellent rôle du porteur d'eau.

Les auteurs ont été demandés & nommés. Ce sont les CC. Bouilli pour le poëme, & Cherubini pour la musique ; ce dernier, amené de force sur la scène, y a été applaudi avec enthousiasme.

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