Les Deux sœurs, opéra en un acte, livret de Pariseau, musique de Plantade, 22 mai 1792.
Théâtre de la rue Feydeau.
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Titre :
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Deux sœurs (les)
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Genre
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opéra
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Nombre d'actes :
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1
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Vers / prose
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prose avec des couplets en vers
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Musique :
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oui
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Date de création :
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22 mai 1792
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Théâtre :
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Théâtre de la rue Feydeau
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Auteur(s) des paroles :
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Pariseau
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Compositeur(s) :
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Plantade
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Mercure universel, tome 15, n° 452 du vendredi 25 mai 1792 :
[L'opéra, « d'un intérêt doux », a réussi. Son intrigue repose sur l'opposition de deux sœurs à marier, une belle sotte, Rose, et une moins belle, mais pleine de talents, Eugénie. Un oncle envoie un mari potentiel à la sœur la moins gracieuse, mais la mère préfère marier son autre fille avec ce prétendu. Très déçue, Eugénie fait tout pour que Rose puisse séduire celui qui lui était destiné, jusqu'à ce que la manœuvre maternelle soit découverte : Sainville épouse Eugénie. Le dénouement est jugé mauvais : on le devine dès la scène 2, si bien qu'il y a pour le public plus d'impatience que d'attention. Par contre, la musique est jugée excellente, elle est d'un débutant, Plantade, dont le nom est malencontreusement amputé. L'auteur des paroles n'est pas donné.]
Théatre de la rue Feydeau.
L’opéra en un acte, donné mardi cour la première fois, sous le titre des Deux Sœurs,est d’un intérêt doux ; il a réussi.
Une mère a deux filles, Rose et Eugénie ; Rose est belle, mais sotte et insouciante , Eugénie a moins d’éclat, mais elle réunit à une ame sensible, des talens agréables : néanmoins Rose est préférée, sa mère lui réserve toute sa tendresse. Un oncle généreux s’occupe de leur établissement ; il envoie un époux nommé Sainville à Eugénie, mais par une ruse de la mère, Rose reçoit ses hommages ; l’infortunée Eugénie gémit en silence, elle brûle pour Sainville, et pousse la vertu jusqu’à favoriser les amours de sa sœur, en se chargeant d’écrire ses lettres et de broder une veste pour Sainville, à qui on l’envoie de la part de Rose ; à la fin tout se découvre, l’oncle officieux procure un entretien à Sainville avec Eugénie, obtient l’aveu de la mère, et unit son aimable nièce à celui qui lui étoit d’abord destiné.
Nous trouvons un grand vice à cette comédie, c'est que le dénouement est prévu à la seconde scène ; dès-lors, l'impatience prend la place de l'attention.
La musique a été fort applaudie ; elle respire le sentiment, et fait honneur à M. Plantad qui débute dans la carrière musicale.
Journal encyclopédique ou universel, tome LXXIII, janvier-juin 1792 (Slatkine Reprints, 1967), p. 570, (année 1792, tome IV, 10 juin, n° XVI, p. 519) :
[Le compte rendu est largement favorable : « Cette petite piece est conduite avec sagesse ; les mœurs & le ton de la bonne compagnie y ajoutent au charme d'un style pur, soigné, & d'un dialogue vif & concis ». Seul le dénouement mériterait d’être rendu plus rapide et être « mieux préparé ». Appréciation positive de la musique, qui ne cède pas aux séductions de la musique « moderne » : « du chant, un style gracieux & simple, sans être tourmenté par trop de notes, ni de prétentions aux effets ». Le compositeur est jeune, il ne lui manque que l’expérience (et pour cela, il faut qu’il connaisse mieux le théâtre).]
THÉATRE DE LA RUE FEYDEAU.
Les deux Sœurs, opéra en un acte.
Mme. de Fontpré a deux filles, Eugénie & Rose ; mais toute sa tendresse repose particulierement sur Rose, la plus jeune des deux, dont les attraits, qui ; dit, ont beaucoup de rapport avec les siens, flattent sa vanité. Mme. de Fontpré a un frere, qui, dans le
dessein d'établir d'abord l'aînée de ses nieces, lui a envoyé un jeune homme, fils d'un de ses bons amis ; mais Mme. de Fontpré veut contrarier les projets de son frere, en faisant ensorte que Sainville épouse Rose, sa cadette & sa bien aimée. Rose est belle ; mais elle est insensible à tout autre sentiment, qui a celui de la vanité : Eugénie, au contraire, a le cœur le plus tendre, & les talens les plus estimables. Sainville va épouser Rose , en regrettant que ce ne soit pas plutôt Eugénie qu'on lui ait destinée. Sur ces entrefaites, l'oncle arrive ; il apprend que sa sœur n'a point suivi ses intentions ; il interroge séparément Sainville & Eugénie, leur arrache le secret de leur amour, & force Mme. de Fontpré à les unir.
Tel est le fond léger de cet opéra, qui a été donné avec beaucoup de succès sur ce théatre. Cette petite piece est conduite avec beaucoup de sagesse ; les mœurs & le ton de la bonne compagnie y ajoutent au charme d'un style pur, soigné , & d'un dialogue vif & concis. Le dénouement seul, qui est un peu froid, exige d'être resserré & préparé d'une maniere plus satisfaisante. Ce joli poëme est l'ouvrage d'un homme de lettres , qui, depuis la révolution, a abandonné le théatre pour donner tous les jours au public le fruit de ses observations politiques ; la musique , qui est le début d'un jeune compositeur, M. Plantades, a obtenu le plus grand succès : elle offre du chant, un style gracieux & simple, sans être tourmenté par trop de notes, ni de prétentions aux effets. On ne peut que former beaucoup d'espérances sur le talent de ce jeune homme, qui n'a plus beſoin que d'acquérir des connoissances dramatiques, pour nuancer ses morceaux, suivant les situations.
On a demandé les auteurs. M. Gavaux est venu nommer l'auteur de la musique , & dire que celui du poëme étoit anonyme.
D'après la base César, l'auteur du « poème » est inconnu, la musique est de Charles-Henri Plantade. Il y a eu 10 représentations, du 22 mai au 9 août 1792.
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