Les Deux sentinelles (Andrieux et Berton, 1791)

Les deux sentinelles, comédie nouvelle en un acte, mêlé d'ariettes, paroles d'Andrieux, musique de Berton, 27 mars 1791.

Théâtre Italien.

Il existe une autre comédie en un acte, mêlée d’ariettes, intitulée les Deux Sentinelles. Elle est de MM. Henrion et R**** [Rougemont], musique de M. Doche, jouée en 1803.

Titre :

Deux Sentinelles (les)

Genre

comédie mêlée d’ariettes

Nombre d'actes :

1

Vers / prose

prose, avec des couplets en evrs

Musique :

ariettes

Date de création :

27 mars 1791

Théâtre :

M. Andrieux

Auteur(s) des paroles :

M. Berton

Mercure universel, tome 1, n° 28 du lundi 28 mars 1791, p. 447-448 :

[La pièce du jour, une « comédie en un acte, mêlée d'ariettes » a dû son succès à « quelques traits heureux et scènes agréables » (ce n'est pas un grand compliment). L'intrigue est vite résumée : un nostalgique des « anciens abus » veut marier sa nièce à un « jeune fat » à la mode, mais la nièce lui préfère « un jeune officier de la garde nationale » à qui elle donne un rendez-vous nocturne d'une extrême indécence. Il est bien sûr surpris par son rival, mais dans une telle circonstance, l'oncle ne peut qu'« uni[r] les deux amans » par crainte du qu'en-dira-t-on. Le critique peut ensuite porter un jugement plutôt sévère sur la pièce : intrigue fort mince, mais surtout « indécences impardonnables », dont le critique donne un exemple à ses yeux inexcusable : le personnage qui pose une question sans ambiguïté « met le spectateur dans une confidence un peu leste ». Non sans humour, il indique que ces « deux sentinelles » ne sont ni moralement irréprochables, ni une bonne pièce (on sait que l'opinion commune est que le théâtre est en plein déclin. La musique est jugée plus favorablement, et le nom des auteurs, parolier et compositeur, est gage de réussite, avec rappel d'un succès antérieur de l'auteur des paroles.

Les Étourdis ou le Mort supposé a été créé le 14 décembre 1787 au Théâtre Italien et a connu un grand succès dont la base César témoigne jusqu'à la fin du siècle et au-delà.]

Théâtre Italien.

La comédie en un acte, mêlée d'ariettes, jouée hier à ce théâtre sous le titre des deux Sentinelles, a réussi à la faveur de quelques traits heureux et scènes agréables.

M. Dupré, espèce d’aristocrate, subdélégué de province, qui regrette les anciens abus dont il s’engraissoit, veut marier mademoiselle de Vermont sa nièce à un certain Cador, jeune fat, qui, par sa tournure ridicule, satyrise parfaitement nos petits maîtres, dont tout le mérite consiste à porter d’immenses cravates et des rosettes touffues. Mais mademoiselle de Vermont lui préfere un jeune officier de la garde nationale nommé Linval. Elle lui accorde un rendez-vous de nuit...... Obligé de descendre par le balcon, il est surpris par Cador, qui se flattoit d’être aimé. L’oncle arrive en robe-de-chambre, craint pour sa nièce les caquets, et afin de les éviter, unit les deux amans.

Ce fonds, qui est pour le moins bien mince, pèche par des indécences impardonnables. La bonne nuit que le garde national, de faction, initié dans le secret, sonhaite [sic] à Linval, lorsqu’il escalade le balcon, pour se rendre chez sa maîtresse, met le spectateur dans une confidence un peu leste.

L’auteur place cette question dans la bouche d'un de ses personnages.

» Est-ce qu’on ne se marie plus de» puis la révolution ?

Qu’il nous permette à notre tour de lui faire celle-ci :

» Est-ce qu’on ne fait plus de bonnes pièces depuis la révolution.

Quelques airs agréables, une musique assez fraiche et légère ont contribué au succès. On a demandé les auteurs. Celui de la musique est M. le Breton, et celui des paroles, M. Andrieux, avantageusement connu par la pièce des Etourdis.

L’Esprit des journaux français et étrangers, 1791, volume 5 (mai 1791), p. 313-316 :

[Compte rendu sans enthousiasme d’une pièce qualifiée de « bagatelle absolument sans conséquence » : pas d’action, mais « des mots heureux, quelques traits de critique sur les modes & les mœurs agréablement appliqués ». Après le récit de l’intrigue, le critique félicite les comédiens de la qualité de leur prestation et fait l’éloge modéré de la musique de Berton, dont il rappelle la jeunesse (il va avoir 24 ans) : «  de la verve, de beaux accompagnemens & un bon style », mais certains airs semblent être des reprises d’anciennes compositions de Berton, et ne sont pas bien adaptées aux nouvelles paroles. Le compte rendu s’achève assez perfidement sur le fait que l’intrigue manque singulièrement d’originalité (et qu’un couplet à la fin l’avoue...).]

Le 27 mars, on a donné les deux sentinelles, comédie nouvelle en un acte , mêlée d'ariettes; paroles de M. Andrieux, musique de M. Berton.

Paris & les provinces ont retenti, il y a trois ans, d'une prétendue aventure arrivée à Versailles. On disoit qu'un garde-du-corps étant en faction, avoit vu descendre, par une fenêtre de l'appartement où demeuroit la femme de son capitaine, un homme qu'il avoit cru faire arrêter comme voleur, & qu'il n'avoit dévoilé qu'un mystere amoureux. C'est sur cette anecdote, vraie ou fausse, qu'on a bâti la fable des deux sentinelles. Le public a considéré ce très-petit ouvrage, comme il devoit l'être, c'est-à-dire, comme une bagatelle absolument sans conséquence. Il n'y a point cherché d'action, & il a bien fait, car il n'en auroit pas trouvé : mais il a applaudi des mots heureux, quelques traits de critique sur les modes & les mœurs agréablement appliqués.

Une jeune veuve, Mde. Belmont, fille d'un subdélégué, demeure près d'un corps-de-garde national. Elle aime Linval ; mais son père, qui regrette l'ancien régime dont il tiroit parti, souhaite qu'elle épouse un M. Cador, qui, avant la révolution, avoit acheté le titre de gentilhomme à beaux deniers comptans. Ce M. Cador est un fat de province très-ridicule. Il s'imagine avoir sur le champ fait la conquête de la veuve, tandis qu'elle se moque de lui. La situation pour laquelle la piece paroît avoir été faite est comique. Linval trouve le moyen de s'introduire chez Mde. Belmont, & un instant après Cador vient monter la garde à la porte, & chanter une romance. II croit qu'on va venir confirmer la bonne opinion qu'il a de sa personne : Linval ouvre effectivement la fenêtre ; & Cador, en lui parlant, le prend pour Mde. Belmont, quoique le dialogue dure assez long-tems, ce qui ajoute à l'invraisemblance de cette méprise. II est enfin détrompé, lorsque le père survient en robe-de-chambre, & se détermine à marier sa fille à l'heureux Linval, afin de prévenir les mauvais propos si à craindre dans les petites villes.

Cette bagatelle a eu du succès. M. Solier a joué plaisamment le rôle du jeune provincial ; M. Chénard a rendu toute l'importance de M. le subdélégué ; & Mde. d'Avrigny, dans le rôle de Mde. Belmont, a été accueillie comme elle est sûre de l'être toujours.

La musique de M. le Breton offre, comme toute celle de ce jeune compositeur, de la verve, de beaux accompagnemens & un bon style. La premiere ariette de M. Chenard, & un quatuor, ont été applaudis à juste titre; mais quelques autres morceaux nous ont semblé tirés de ses anciens ouvrages, & peu adaptés aux paroles de celui-ci. L'intrigue de cette piece rappelle plus d'une situation du même genre ; ce que l'auteur a fait entendre dans ce couplet du vaudeville, qu'on a fait répéter :

Vous voyez dam ce dénouement
L'histoire de mainte famille :
On éloigne en vain une fille,
En vain on éloigne un amant.
Quand l'Amour leur prête ses ailes,
Par quels lieux ne passent-ils pas ?
Ils se moquent des cadenas,
Et qui plus est, des sentinelles.

D’après la base César : la pièce, créée le 27 mars 1791 au Théâtre Italien, n'a connu que 6 représentations, 2 en mars et 4 à la fin de l'année 1791 et au début de 1792.

Y a-t-il eu une version antérieure des Deux Sentinelles, du même parolier, avec Dalayrac comme musicien ? Comme le signale la Nouvelle biographie générale depuis les temps les plus reculés ..., tome 2 (Paris, 1859), p. 597, note 1, « La Biographie universelle, supplément, au mot Andrieux, indique, comme de lui, un opéra-comique intitulé les Deux Sentinelles, musique de Dalayrac, représenté en 1788, Nous ne connaissons pas cet ouvrage. qui ne figure pas parmi les partitions de Dalayrac, indiquées par le Dictionnaire historique des musiciens. »

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