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Les Drôles de gens ou la Place publique

Les Drôles de gens ou La Place publique, de Mayer, 26 germinal an 5 [15 avril 1797].

Théâtre des Jeunes Artistes.

Courrier des spectacles, n° 100 du 27 germinal an 5 [16 avril 1797], p. 3-4 :

[Pièce à succès, mais pièce sans intrigue, ce n'est même pas une pièce à tiroirs, puisqu'elle se réduit à rapporter les conversations de toute sorte de gens sur une place publique sans que ces conversations soient liées entre elles. Mais le critique signale tout de même « de très-jolis couplets et des critiques très-bonnes sur la mise actuelle, et des passages spirituels ».]

Théâtre des jeunes Artistes.

La pièce des Drôles de gens ou la Place publique, eut hier le plus agréable succès. Cette pièce ne présente cependant aucune espèce d'intrigue, et à moins que de l’appeler pièce à tiroirs, nom que nous ne croyons pas devoir lui convenir, c’est un genre neuf et original, mais dont nous ne voudrions pas voir de copie, pensant qu’il y auroit de quoi achever la perte du théâtre.

Le théâtre représente une place publique ; d’un côté est la boutique d’un écrivain ; de l’autre, un café. Des gens de tous les états se rendent sur cette place, et y parlent les uns d'un côté, les autres de l’autre, sans que la conversation des premiers soit liée avec celle des seconds. Tantôt c’est un commisionnaire qui vient réveiller une voisine, tantôt un afficheur qui vient remplir son ministère sur les murs. Ici c’est Jean qui cherche sa cousine, là c’est un officier qui vient boire avec un de ses camarades. Au milieu on voit un escamoteur qui amuse la populace. On ne peut cependant nier qu’il n’y ait de très-jolis couplets et des critiques très-bonnes sur la mise actuelle, et des passages spirituels, tels que celui où, pendant que Jean et Babiche, sa cousine, critiquent tous les états, l’escamoteur qui vient de vendre des paquets de drogues, dit : Chacun a son petit paquet, personne n’en veut plus.

Au total, ce petit ouvrage a paru plaire beaucoup. On a demandé l’auteur, il a paru ; c’est M. Mayer.

L. P.          

Catriona Seth, « La culture au service de la politique : le Journal de Littérature & des Théâtres (1797) », in Un siècle de journalisme culturel en Normandie et dans d'autres provinces, 1785-1885, de Catriona Seth et  Éric Wauters [Presses Universitaires de Rouen et du Havre, 2011].

[En explorant le Journal de littérature et des théâtres, une revue culturelle publiée à Rouen par un certain Louis-Charles Limoges en 1797, Catriona Seth retrouve un jugement plutôt sévère sur Les Drôles de gens, ou La Place publique, que Limoges condamne au nom des lois immuables de « l'esthétique classique ». Comme souvent, un jugement critique met en avant « la hiérarchie des genres » que la pièce ne respecte pas.]

En vient-il à évoquer Les Drôles de gens, ou La Place publique, il est gêné à nouveau par le flou générique : « Cette pièce ne présente [...] aucune espèce d’intrigue et à moins que de l’appeler pièce à tiroirs, nom que nous ne croyons pas devoir lui convenir, c’est un genre neuf et original, mais dont nous ne voudrions pas voir de copie, persuadés qu’il y aurait de quoi achever la perte du Théâtre. » (nos 12 et 13). Hors de la hiérarchie des genres et de l’esthétique classique, point de salut !

D'après la base César, la pièce a eu 12 représentations, du 15 avril au 24 juillet 1797.

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