Écho et Narcisse, opéra en 3 actes (puis en 2), paroles du baron de Tschudy, adaptées par Beaunier, musique de Gluck et de Catel, adaptée par Berton, 25 mars 1806.
Académie impériale de Musique.
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Titre :
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Écho et Narcisse
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Genre
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opéra
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Nombre d'actes :
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2 (3 en 1779)
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Vers / prose
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en vers
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Musique :
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oui
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Date de création :
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25 mars 1806
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Théâtre :
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Académie impériale de Musique
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Auteur(s) des paroles :
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de Tschudy, arrangements de Beaunier
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Compositeur(s) :
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Gluck, Catel, arrangements de Berton
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Sur la page de titre de la brochure, à Paris, chez Ballard, 1806 :
Écho et Narcisse, opéra en deux actes ; représenté pour la première fois, avec des changemens, sur la théâtre de l’Académie impériale de Musique, le 25 mars 1806.
Après la page de titre, une « notice de l’éditeur » donne tous les éclaircissements nécessaires sur la carrière de l’opéra de Gluck à l’Académie royale, puis impériale de Musique. Le travail sur les paroles comme sur la musique est placé sous le signe du respect scrupuleux de l'œuvre de Gluck.
L'opéra d'Echo et Narcisse a été représenté pour la première fois, par l'Académie royale de Musique, le 21 septembre1779; il a été remis au théâtre le 8 août de l'année suivante : il avait alors trois actes et un prologue : il a été négligé depuis cette époque.
MM. Beaunier et Berton ont cru que cet ouvrage, qui renferme de grandes beautés, devait être rendu à la scéne ;mais ils ont pensé que le sujet ne comportait pas trois actes, qu'il n'avait pas besoin de prologue , et que, peut-étre, il pourrait obtenir le succès qu'il mérite , si , resserré dans un cadre plus étroit, il était réduit aux seules scènes utiles à l'action, et aux morceaux où le compositeur a montré plus de verve.
Ils ont mis l'opera d'Écho en deux actes, et ce travail leur a semblé un digne hommage rendu à la mémoire de Gluck.
Ils ne se sont pas bornés à faire disparaître les morceaux qui leur ont paru faibles ; ils les ont remplacés par d'autres sortis de la plume du même maître, extraits de l'opéra italien intitulé : Paride e Helena, et qui étant écrits dans le style d'Echo et Narcisse, sont venus se fondre naturellement dans l'opéra français.
Tel a été le respect de MM. Berton et Beaunier pour le génie de Gluck, que l'opéra d'Écho, sous le rapport du chant et du récitatif, comme sous celui de la pantomime, appartient tout entier à ce compositeur.
M. Beaunier s'est efforcé de parodier avec précision les airs extraits de l'opéra italien, de maniére à ce que la parole se trouvât rigoureusement sous la note ; il en a été fait de méme du premier air de Cynire, qui se trouvait placé à la septième scène du premier acte de l'ancien opéra , et qui appartient maintenant à la scène sixième. Il s'est borné enfin à changer quelques vers lorsqu'il a cru devoir les remplacer par d'autres mieux adaptés à la musique, ou lorsque les transitions l'ont exigé.
M. Berton, de son côté, a fait toutes ses coupures , avec une religieuse circonspection, et a préparé, avec la plus grande réserve, les rentrées nécessaires aux morceaux qui, d'abord écrits pour la haute-contre, sont maintenant notés pour la basse-taille ; il a cru que le rôle de Cynire, chanté autrefois par M. Le Gros, et qui est donné aujourd'hui à M. Lays, pourrait faire une opposition heureuse avec le rôle de Narcisse.
En remettant au théâtre de l'Académie Impériale de Musique l'opéra d'Écho et Narcisse, MM. Berton et Beaunier ont rendu aux amateurs des compositions du célébre Gluck, un ouvrage précieux, dont la partition reléguée dans les Conservatoire, n'était, pour ainsi dire, considérée que comme étude.
Gluck est le maître de la scène lyrique ; ses tragédies d'Alceste, des deux Iphigénie, d'Armide, d'Orphée, attestent la force de son génie; l'opéra d'Echo et Narcisse, où respire d'un bout à l'autre le charme du sentiment et de la grace , rend sa gloire compléte.
Journal de Paris, n° 286, 16 Messidor an XII, 5 juillet 1804, p. 1886 :
[Dès 1804, annonce de la reprise à venir d’Echo et Narcisse. Seul le travail sur la musique est évoqué, mais en insistant sur le respect du travail de Gluck : pas question de « marqueter son ouvrage ».
Après les Bardes, l’Académie Impériale de musique remettra un opéra peu connu du fameux Gluck, Echo & Narcisse. M. Berton en a arrangé la partition, dont plusieurs morceaux avaient peut-être trop vieilli ; mais il a substitué à ces morceaux, des airs du même Gluck, qu’on n’a jamais exécutés en France. Respectant ainsi religieusement le grand maître, le compositeur moderne n’a pas voulu marqueter son ouvrage, & cela fait honneur à Berton comme à Gluck.
Mercure de France, tome vingt-troisième, n° CCXLV. du samedi 29 mars 1806, p. 613-614 :
[Compte rendu sévère de la reprise de l’opéra de Gluck, après plus de vingt ans d’oubli. Le critique ne croit pas à sa résurrection, parce que le livret n’offre aucun intérêt, qu’il est « froid et ennuyeux », et que la musique de Gluck n’est pas celle qu’il fallait pour une aussi belle fiction mythologique. Gluck n’a pas su s’adapter à son sujet, au point que sa musique pourrait provenir de ses autre sopérs, qui eux ont réussi. Le jugement de La Harpe, appelé en renfort, remet Gluck à ce que le critique juge la juste place du compositeur, dont il affirme « la pauvreté ordinaire de son talent ». La réflexion s’achève sur le rappel d’un fait évident aux yeux du critique : en France, « la musique n’a jamais été, même à l’Opéra, qu’un accessoire ». Un air est toutefois remarqué, et l’interprétation est rapidement exécutée : vains efforts du principal chanteur, par ailleurs bien mal secondé. L’échec de la reprise paraît inéluctable.]
L'Opéra a repris, cette semaine, Echo et Narcisse, musique de Gluck, paroles du baron de Tchoudy, représenté, pour la première fois, le 24 août 1779. Cet ouvrage n'eut dans la nouveauté aucun succès, et il étoit facile de prévoir qu’il ne seroit pas plus heureux aujourd'hui. Le poëme est froid et ennuyeux ; il avoit d'abord trois actes, on l'a réduit en deux, sans pouvoir lui donner le moindre intérêt.
Gluck dont le principal mérite consiste dans une connoissance approfondie du drame lyrique, s'est entièrement mépris sur le caractère de la musique convenable à un opéra fondé sur une des plus ingénieuses fictions de la mythologie. Le récitatif et les airs d'Echo et Narcisse ne paroîtroient pas déplacés dans Alceste, ou dans Iphigénie en Tauride. M. de La Harpe a dit en parlant des premières représentations de cet opéra « La chute de Narcisse, très-misérable production, paroles et musique, a fait voir que Gluck ne pouvoit réussir sans être soutenu par l'intérêt des grandes situations, dont le mérite est indépendant du lieu ; et lorsqu'il est abandonné à lui-même, et aux ressources de son art, la pauvreté ordinaire de son talent devient sensible et manifeste. » L'arrêt est sévère, sur-tout durement exprimé, mais il est juste ; et cependant il ne sera point ratifié dans un pays où la musique n'a jamais été, même à l'Opéra, qu'un accessoire. Quoi qu'il en soit, la douce mélodie de l'hymne qui termine Echo et Narcisse :
Le Dieu de Paphos et de Gnide, etc.
reveille les spectateurs assoupis par la monotonie du récitatif et des airs qui remplissent les deux actes de cet ennuyeux opéra, que tous les effort et le grand talent de Lays ne soutiendront point. Il est à la vérité très-foiblement secondé par Nourrit et sur-tout par Mad. Ferrière.
Quand Echo et Narcisse reparaît en 1813, l’accueil n’est pas meilleur : il sert même de contre-exemple au rédacteur de l'Esprit des journaux français et étrangers, février 1813, p. 225-226 :
[Le critique exprime là une position très conservatrice (nostalgie du bon vieux temps, avec la référence à Lully et aux opéras en cinq actes, contenant des ballets, effectivement devenus rares au début du XIXe siècle. Les opéras modernes en un ou deux actes (mais celui de Gluck est-il si moderne ?) ne sont vus que comme des prétextes à présenter des ballets-pantomimes, que le critique tient apparemment en piètre estime !]
Il est de règle, depuis long-temps, que l'Opéra ne doit donner que deux nouveautés par an. Ces deux nouveautés étaient autrefois deux grands ouvrages qui attiraient successivement la foule pendant six mois chacun. La Jérusalem Délivrée a seule rempli cette année les conditions du réglement. Elle a pu offrir la preuve qu'un opéra, coupé à l'ancienne manière, valait mieux, pour les intérêts du genre et de l'administration, que ces petits avortons, en un ou deux actes, qui ne sont faits que pour faciliter les représentations des ballets d'action. Lully, qui entendait les avantages du théâtre qu'il dirigeait, sentait bien qu'un grand ouvrage, en quatre ou cinq actes, dont les ballets faisaient partie intégrante, contentaient bien mieux le public que les Sophocle, les Echo et Narcisse, et une foule d'autres productions écourtées, qui ne sont placées là que pour compléter quatre heures de spectacle avec une pantomime très-souvent inintelligible.
Carrière à l’Opéra :
2 représentations en 1806. (25/03 – 01/04)
4 représentations en 1812 (20/10 – 22/12).
3 représentations en 1813 (24/09 – 03/10).
1 représentation en 1814 (06/02).
10 représentations de 1806 à 1814.
Ce dernier opéra de Gluck n’a pas connu le succès, ni lors de sa création en 1779, ni lors de sa reprise en 1780, ni en 1806, ni en 1812-1814. D’après le Journal de l’Opéra, il a été joué 10 fois en 1779, 10 fois en 1780 (1re reprise à partir du 8 août, avec des remaniements), 9 fois en 1781 (2e reprise à partir du 31 août), 2 fois en 1782. Total avant la reprise de 1806 : 31 représentations. Et plus de représentations après 1814.
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