Edouard et Sophie, ou le Tribunal nocturne, pièce à spectacle en 3 actes. de Chateauvieux et ***, 19 brumaire an 8 [10 novembre 1799].
Théâtre de la Gaîté
La pièce a les mêmes auteurs que Nono et Ninie, mais l’auteur anonyme reste inconnu dans les deux cas.
Almanach des Muses 1801
Cette pièce a l’honneur remarquable d’avoir eu sa première au lendemain du coup d’État du 18 brumaire...
Courrier des spectacles, n° 982 du 20 brumaire an 8 [11 novembre 1799], p. 2-3 :
[Succès, nom des auteurs (du moins de celui qui a bien voulu être nommé. L’article donne ensuite un assez long résumé de l’intrigue de ce qu’on ne désigne pas comme un mélodrame. Une histoire d’amour contrarié, qui se dénoue sans qu’on sache trop pourquoi. Le jugement porté ensuite est circonspect : des invraisemblances (un mélodrame sans invraisemblance, cela peut-il exister ?), des situations applaudies, même si elles ne sont pas toutes neuves. Et une interprète remarquée (tant pis pour les autres).]
Théâtre de la Gaîté.
La première représentation d’Edouard et Sophie, ou le Tribunal nocturne, pièce à spectacle, en trois actes, donnée hier à ce théâtre, e obtenu l’accueil le plus flatteur. Les auteurs sont les citoyens Châteauville et ***, auteur de Nono et Ninie.
Le comte Edouard élevé à la cour du prince Guillaume, en est l’ornement par ses qualités et ses hauts faits. Guillaume, pour récompenser son zèle et son amitié, lui a fait concevoir l’espérance de devenir son gendre, en lui permettant d’adresser son hommage à Sophie sa fille unique ; mais le prince Adolphe, fils de l’Empereur, et plus puissant que Guillaume, lui fait demander son alliance et la main de sa fille par un ambassadeur. L’ambition aveugle le prince Guillaume, et au mépris de ses promesses, il veut contraindre Sophie à répondre aux vœux d’Adolphe. Ce dernier qui est venu sous le nom d’ambassadeur, surprend les deux amants qui, forcés par la nécessité, sont résolus de fuir du palais. Edouard est fier ; ses réponses offensent Adolphe qui va solliciter sa punition auprès de Guillaume : mais Sophie et son amant, secondés par leur écuyer Walter, sont déjà loin, et une forêt voisine les dérobe à toutes les recherches : un paysan leur a donné l’hospitalité.
Edouard lui recommande de lui envoyer son écuyer s’il le rencontre. Le bonhomme voit Adolphe qui parcourt cette forêt, il le prend pour l’écuyer, et lui indique la retraite des deux fugitifs, on les arrête. Le tribunal des francs juges s’assemble, Edouard est interrogé par Guillaume lui-même, président du tribunal, et son silence obstiné est la cause de sa condamnation. On l’entraîne à la prison, où on le charge de fers. Sophie est près de lui et le console. Tout-à-coup un homme se jette à leurs pieds, se fait reconnoître, c’est Jacques, c’est le paysan de la forêt, le même qui a été la cause involontaire de leur malheur.
Comment est-il dans cette prison ? Il a appris de l’écuyer Walter la disgrâce de son maître, il a vu qu’on l’entraînoit dans la prison, dont le geolier est son oncle. Soudain il se présente à lui, disant qu’il n’a pas d’ouvrage, et le voilà installé porte-clef. Tandis que Walter rendu à la liberté rassemble les amis du comte Edouard, Jacques leur donne un avis, c’est de s’emparer s’il est possible par violence des clefs de son oncle, et de l’empêcher de s’opposer à leur fuite. On exécute cet avis : le geolier est enchaîné lui-même à la place d’Edouard, que Jacques conduit hors de la prison. Mais à la porte il sont arrêtés par des gardes, et bientôt Adolphe qui a été le témoin et l’admirateur de la vertu et du courage des deux amans, arrive avec la grâce d’Edouard t à qui Guillaume donne la main de Sophie.
Il y a dans cet ouvrage plusieurs invraisemblances sur lesquelles cependant nous ne chercherons pas à nous arrêter. On y a applaudi quelques situations, quoique toutes ne fussent pas neuves. La citoyenne Picard, qui plaît dans tous ses rôles, joue celui de Sophie avec dignité et sentiment.
G.
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