Édouard, ou le Frère par supercherie, opéra-comique en un acte, paroles de M. Mélesville, musique de Camille Barni ; 13 février [1812].
Théâtre de l'Opéra-Comique.
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Titre :
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Édouard, ou le Frère par supercherie
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Genre
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opéra-comique
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Nombre d'actes :
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1
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Vers / prose
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en prose, avec des couplets en vers
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Musique :
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oui
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Date de création :
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13 février 1812
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Théâtre :
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Théâtre de l’Opéra-Comique
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Auteur(s) des paroles :
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Mélesville
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Compositeur(s) :
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Camille Barni
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Almanach des Muses 1813.
Edouard, qui a entendu vanter les charmes de la jeune Laure, s'introduit auprès d'elle, sous le nom d'un frère qu'on attend, et que personne ne connaît. Cette première invraisemblance en amène d'autres, jusqu'au moment où Edouard est reconnu ; il épouse ; la pièce finit et tombe.
Nicole Wild, David Charlton Théâtre de l'Opéra-Comique Paris: répertoire 1762-1972, p. 233 :
Édouard, ou le frère par supercherie, opéra-comique en 1 acte. Livret de Mélesville. Musique de Camille Barni. 13 février 1812 (Feydeau).
Autre titre : Édouard ou le Frère supposé.
1 représentation.
Magasin encyclopédique, ou journal des sciences, des lettres et des arts, année 1812, tome I, p. 422-423 :
[Tout un paragraphe pour dire ce qui manque à cette pièce, et il manque à peu près tout : la nouveauté, le piquant, la construction de la pièce, la vraisemblance, l’esprit, l’élégance du style. Même dans le résumé de l’intrigue, le critique manifeste son manque d’enthousiasme : « le principal caractère est triste et larmoyant ». Inutile, d’après lui d’aller au fond de l’intrigue : le public n’a pas apprécié sans marquer de désapprobation, il n’a pas non plus montré d’intérêt (« le silence le plus profond a régné dans la salle au moment où l'usage veut qu'on demande les auteurs »). Seul point positif, l’interprétation, mise au service d’une pièce qui n’en méritait pas tant.]
Edouard, ou le frère par supercherie, opéra comique en un acte, joué le 13 février 1812.
Rien de neuf, de piquant dans cet ouvrage ; des moyens connus et presque usés ; peu d'habileté dans la liaison des scènes, peu de vraisemblance dans les situations, de traits dans le dialogue, d'élégance dans le style. La musique ressemble au poème ; pas une phrase de chant, pas un motif à remarquer.
Le principal caractère est triste et larmoyant. C'est un vieil oncle qui prétend épouser une jeune et jolie orpheline : outre les soixante ans dont le temps a pris soin de le parer, il possède encore une ame expansive et sentimentale ; a surtout le don des larmes ; il pleure à tout propos. On juge bien que Laure frémit à la seule pensée d'épouser Dorimon. Heureusement elle a un frère, et ce frère, qui. doit arriver incessamment, ne souffrira pas sans doute qu'elle épouse un barbon. A la place de Charles, frère de Laure, arrive Edouard, camarade de Charles. Il prend audacieusement le nom de son ami, trompe d'abord tout le monde, est ensuite reconnu, et épouse Laure.
Il faudroit trop de temps pour descendre dans tous les détails de cette intrigue, il suffira de savoir que ces détails ont été jugés peu favorablement ; que le public a tout écouté sans intérêt, mais sans murmure, et que le silence le plus profond a régné dans la salle au moment où l'usage veut qu'on demande les auteurs.
La pièce a été jouée avec un accord parfait par Elleviou, Solié, Batiste et Madame Gavaudan. Une si belle réunion de talens pouvoit être mieux employée.
Esprit des journaux français et étrangers, année 1812, tome III (mars 1812), p. 286-291 :
[Avant d’en venir à la pièce du jour, le critique tient un long discours sur la question de l’originalité en matière de théâtre : l’emprunt est permis, à condition de faire un petit effort de modification pour masquer le larcin. Au fond, on sait bien qu’il n’y a guère moyen de faire du nouveau, et il faut se contenter des apparences de la nouveauté. Ce qui justifie l’indulgence dont le critique fait preuve envers Edouard, ou le Frère par Supercherie : après avoir donné « une idée de l’intrigue », il en souligne le peu de vraisemblance, l’« embarras dans la marche de la pièce » (mais il était facilement possible de faire mieux), puis il concède que « le style est pur », le dialogue spirituel. Peut-être l’auteur a-t-il été gêné par son manque d’habitude de collaborer avec un musicien. D’ailleurs « la musique était bien propre à dissimuler les endroits faibles du Frère par Supercherie », et certains morceaux, bien servis par les interprètes, ont été remarqués. Hélas; si la pièce a été applaudie et suivie jusqu’à la fin, elle a échoué : « les auteurs n'ont pas été nommés ».]
THÉATRE DE L'OPÉRA-COMIQUE.
Edouard, ou le Frère par Supercherie.
Les méprises et les supercheries forment, depuis long-temps, un fonds inépuisable pour les auteurs dramatiques, qui ne paraissent pas en disposition de le laisser reposer de sitôt, et qui, grace à la facilité du spectateur, trouvent encore le moyen d'y recueillir, après tant de moissons abondantes, quelque combinaison nouvelle, au moins par la forme. Il existe d'ailleurs entre les auteurs et le public un accord tacite, que l'on peut réduire à ces termes généraux : Il est permis aux auteurs de tragédies, d'opéras et même d'opéra-comiques, de courir sus à leurs devanciers, et de les mettre à contribution, suivant les antiques statuts de la littérature ; et toute capture faite sur eux, quelle que soit leur qualité ou leur réputation, sera déclarée de bonne prise, à condition, toutefois, que lesdits auteurs s'arrangeront de manière à tuer leur homme ; cependant, dans le cas où celui-ci aurait la vie trop dure, il sera seulement enjoint au voleur de retourner l'habit qu'il aura volé, d'en modifier tant soit peu la forme ; en un mot, de déguiser son larcin le plus adroitement possible, en transportant, par exemple, sur la manche les broderies qu'il aura trouvées sur la poche, etc... Sous ces clauses, le public s'engage à fermer les yeux sur toute espèce de vol dramatique, et même il promet d'encourager par des applaudissemens l'habileté des corsaires ; imitant en ceci certain législateur d'une ancienne république, qui décerna des récompenses au fripon consommé, tandis que le voleur maladroit était condamné à recevoir une correction sévère.
Si par hasard , et dans une occasion importante, il survient quelque contravention au traité, ce ne peut être qu'une exception qui ne fait subir aucune altération à la règle, Les choses rentrent bientôt dans l'ordre accoutumé ; les auteurs ne tardent pas à recouvrer leur hardiesse, le public à revenir à ses sentimens d'indulgence, et tout le monde trouve son compte à cet arrangement qui, dans le fond, ne fait de tort à personne. Chacun de nous, en effet, ne répète-t-il pas tous les jours ce vers du bon La Fontaine :
Il nous faut du nouveau, n'en fût-il plus au monde.
Et ne devons-nous pas quelque reconnaissance à cette foule d'auteurs qui travaillent, à leurs risques et périls, à nous donner ce nouveau, du moins en apparence, puisqu'il est à-peu-près convenu depuis long-temps qu'il serait inutile de l'exiger en réalité ? Sachons donc quelque gré à l'auteur ingénieux qui, dans ce temps de pénurie, où l'on peut appliquer à la plupart de ses confrères ce mot du poëte latin : O imitatores servum pecus, a trouvé le secret de rendre un peu d'élasticité à quelques ressorts fatigués par le plus grand nombre de ses devanciers, et su broder encore avec talent un fond aussi bannal que celui des supercheries et des méprises. Mais si par hasard l'auteur en est à son début, au moins dans le genre de l'opéra-comique ; s'il joint à certains avantages que nous regardons comme l'apanage ordinaire de notre sexe, la faiblesse et les graces d'un sexe plus timide ; si cet auteur est une femme, en un mot, l'indulgence ne devient-elle pas alors, en quelque sorte, le plus sacré des devoirs du critique ? Ces considérations , dont j'espère qu'aucun lecteur ne contestera ni la justesse, ni la politesse, me déterminent à glisser légèrement sur les défauts que l'on a pu remarquer dans la piéce d'Edouard, ou le Frère par Supercherie, et à faire sentir combien il aurait fallu peu de chose à l'auteur pour obtenir des applaudissemens unanimes ; mais auparavant, il faut donner une idée de l'intrigue.
La jeune Laure, intéressante orpheline, qui n'a plus d'autre protecteur qu'un frère nommé Charles, dont elle est séparée depuis son enfance, et qui sert en ce moment en Allemagne, va devenir l'épouse de Dorimon, vieux garçon pourvu d'une sensibilité ridicule et d'une fortune considérable. Le mariage est tout près de se conclure, et l'on n'attend plus, pour la cérémonie, que Charles, qui doit arriver de l'armée ce jour même. Un jeune militaire se présente sur ces entrefaites ; Laure et Dorimon l'accueillent comme un frère, et cependant ce n'est pas Charles, mais Edouard, son meilleur ami, qui sert dans le même corps, qui, pour devenir amoureux de Laure, n'a eu besoin que de lire ses lettres et de voir son portrait, et qui vient enfin sous le nom de Charles pour tâcher de se faire aimer à son tour. Laure, qui n'est pas très-favorablement prévenue pour le bonhomme Dorimon, ne tarde pas à sentir, en effet, qu'un mari tourné comme son prétendu frère serait beaucoup plus aimable , et ferait bien mieux son affaire; et le soi-disant Charles, qui s'aperçoit fort bien de l'impression qu'il produit, ne manque pas, en vertu des droits qu'il s'est arrogés, de rompre les engagemens de Laure et de Dorimon, et d'arranger sur-le-champ un autre mariage entre sa sœur et son ami Edouard. Cet Edouard est précisément le neveu de Dorimon, qui consent à tout de bon cœur, pourvu que ce neveu, qu'il n'a jamais vu et qu'il croit mort, ne tarde pas une minute à paraître. La convention n'est pas difficile à remplir, comme on le pense bien. Edouard quitte le nom de son ami, reprend le sien, et une lettre du véritable Charles arrive fort à propos pour lever tous les doutes du pauvre Dorimon, qui s'exécute de la meilleure grace du monde.
On trouvera, peut-être, qu'il y a dans ce petit ouvrage un bien grand nombre de suppositions qui ne s'accordent pas toujours avec les règles de la plus exacte vraisemblance, Aussi en résulte-t-il un peu d'embarras dans la marche de la pièce ; mais l'auteur aurait pu éviter cet écueil en donnant plus d'étendue à quelques développemens, en tirant un plus grand parti de quelques situations heureuses qu'il n'a fait qu'ébaucher, en accusant avec plus de force les traits distinctifs de ses principaux personnages. Le style est pur ; on a remarqué dans le dialogue plusieurs traits piquans et spirituels, et s'il se rallentit quelquefois, cela vient probablement du peu d'habitude de marcher de concert avec un musicien ; et je le croirais d'autant plus volontiers, que le dialogue est la partie brillante d'une jolie comédie du même auteur, jouée avec le plus grand succès sur un autre théâtre. Au reste, la musique était bien propre à dissimuler les endroits faibles du Frère par Supercherie ; sans avoir un caractère bien décidé, elle est néanmoins recommandable par un mélange heureux de grace, de fraîcheur et de légèreté. On a remarqué surtout un air charmant chanté par Mme. Gavaudan, dans l'une des premières scènes, et plusieurs morceaux dont la voix d'Elleviou a fait ressortir tout le mérite. Cependant de tels auxiliaires n'ont pu décider un succès complet. La pièce, applaudie avec justice à-peu-près d'un bout à l'autre, a été entendue jusqu'à la fin ; mais les auteurs n'ont pas été nommés.
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