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Élisa, ou le Voyage aux glaciers du Mont-Bernard

Elisa, ou le Voyage aux glaciers du Mont Saint-Bernard, comédie en deux actes, de Révéroni Saint-Cyr, musique de Cherubini, scénographie de Ignazio Eugenio Maria Degotti, 5 frimaire an 3 [25 novembre 1794].

Théâtre de la rue Feydeau.

Titre :

Elisa, ou le Voyage aux glaciers du Mont Saint-Bernard

Genre

comédie

Nombre d'actes :

2

Vers / prose

 

Musique :

oui

Date de création :

5 frimaire an 3 [25 novembre 1794]

Théâtre :

Théâtre de la rue Feydeau

Auteur(s) des paroles :

Révéroni Saint-Cyr

Compositeur(s) :

Cherubini

Scénographe(s) :

Ignazio Eugenio Maria Degotti

Almanach des Muses 1796.

Point de vraisemblance, mais de l'effet théâtral. De brillantes décorations ; des ponts, des ravins, des glacières, des cascades.

Savante musique ; musique de Chérubini.

L’Esprit des journaux français et étrangers, 1794, volume 12 (décembre 1794), p. 276-277 :

[La pièce, qualifiée de comédie, n’a pas grand chose de drôle, et on n’est pas loin du mélodrame. C’est d’ailleurs le caractère spectaculaire que le compte rendu souligne d’emblée, avec l’annonce alléchante d’une musique de Chérubini, dont il ne sera plus question. L’intrigue est rapidement résumée avant d’être ramenée à ses justes proportions : « la vraisemblance est souvent sacrifiée au désir de produire de l'effet par des situations extraordinaires ». La pièce alterne scènes ayant de l'intérêt et longueurs, évidemment faciles à retrancher. Ce qui vaut le plus dans la pièce, c’est finalement la représentation de l’avalanche : « Aucun de nos théâtres n'avoit présenté, jusqu'à présent, un tableau aussi fidele des plus grands phénomenes de la nature. »]

THÉATRE DE LA RUE FEYDEAU.

Elisa, comédie en deux actes.

Cette piece, dont la musique est du citoyen Cherubini, compositeur justement célebre, a obtenu un grand succès ; les entrepreneurs de ce théatre n'ont rien négligé pour donner à la représentation toute la pompe dont elle étoit susceptible.

Elisa aime Florinde depuis sa plus tendre enfance ; devenue libre par la mort de son pere, elle a quitté sa patrie pour retrouver son amant, dont elle n’a depuis long-tems aucune nouvelle.

C'est au Mont-Bernard, au pied des glaciers de ce nom, que la scène se passe ; au moment où Elisa vient d'arriver, Florinde, qui ignore son départ, reçoit une lettre dans laquelle un ami mal informé lui dépeint son amante infidelle & prête à en épouser un autre ; désespéré de cette nouvelle, il cherche la mort à travers let précipices ; un orage, formé sur la crête de la montagne, facilite l'exécution de son projet, & le malheureux Florinde est entraîné par une avalanche, au fond d'une crevasse où sa mort paroît inévitable ; mais les habitans de la montagne, appellés par ses cris, parviennent à le sauver, & Florinde, rendu à la vie, retrouve Elisa fidelle, & s'unit avec elle par un heureux mariage.

Tel est le fonds de cette piece, où la vraisemblance est souvent sacrifiée au désir de produire de l'effet par des situations extraordinaires. Plusieurs scenes ont de l'intérêt, mais d'autres contiennent des longueurs que l'auteur pourra facilement retrancher.

Les décorations de cette piece sont du plus grand effet ; l'avalanche est rendu [sic] avec une vérité frappante. Aucun de nos théâtres n'avoit présenté, jusqu'à présent, un tableau aussi fidele des plus grands phénomenes de la nature.

(Journal de Paris.)

L’Esprit des journaux français et étrangers, 1795, volume 1 (janvier-février 1795), p. 288-290 :

[Dans ce nouveau compte rendu, la séparation des trois éléments, la musique, « le poëme », les décorations, est stricte : on commence par un éloge sans restriction de la musique, due à Chérubini, et qui a droit aux plus beaux compliments : fini de faire « trop de bruit », sa musique « est marquée par-tout au coin du génie & de la mélodie », l’harmonie, si souvent contestée par les critiques du temps est ici jugée « superbe » : « ses motifs sont clairs, bien entendus dans leurs répétitions, & toujours justifiés par l'accent des passions, des divers mouvemens qu'il doit peindre ». Un seul regret : que cette musique soit au service d’un pareil livret... Les quelques lignes qui lui sont consacrées sont très sévères : « une espece de pantomime faite pour amener de la musique & des effets de décorations [...] sujet [...] invraisemblable, [...] situations [...] brusquées ». Un résumé de l’intrigue en montre en effet les limites, et c’est aux décorations que la fin du compte rendu est consacrée, pour en faire un vif éloge : elles « sont d'un genre neuf, & tout-à-la-fois effrayant & superbe », leur grande qualité est de « donner de la vérité à l’effet de l’ouragan ». Résultat : le public a fait une ovation à Boullet, le machiniste, et à Chérubini.]

THÉATRE DE LA RUE FEYDEAU.

Elisa ou le voyage au Mont-Bernard, drame en musique, en deux actes & en vers.

Il est difficile d'entendre une musique plus belle, plus harmonieuse, plus dramatique. Le célebre Cherubini, à qui l'on avoit souvent objecté qu'il y avoir quelquefois trop de bruit dans sa musique, a senti sans doute la justesse de cette objection : on ne peut pas lui faire ce léger reproche dans celle du Mont-Bernard. Elle. La distribution de son harmonie d'orchestre est superbe :. La finale de son premier acte est au-dessus de tout éloge. Un air de basse-taille, celui de la cit. Scio, la scene du cit. Gaveau, tout fait admirer dans le compositeur une école savante, une méthode excellente, & une grande intelligence des effets. On regrette que cette belle musique, qu'il faut entendre plusieurs fois pour bien l'apprécier, ne soit pas adaptée à un poëme mieux fait & mieux écrit. Malheureusement, le Mont-Bernard n'est qu'un cadre, une espece de pantomime faite pour amener de la musique & des effets de décorations. Le sujet en est invraisemblable, & les situations y sont trop brusquées.

Florimdo, jeune peintre, a qittué Gênes, où sa maîtresse Elisa doit se maries à son rival, par l'ordre d'un pere: il est allé admirer les beautés des glaciers du Mont-Bernard. Là, il reçoit une lettre d'un ami mal instruit, qui lui apprend qu'Elisa a perdu son pere, que cette infidelle est partie avec le rival en question, & que, selon toutes les apparences, elle est son épouse. Le désespoir s'empare de Florindo. Loin de céder aux consolations que lui offrent les chefs de l’hospice établi sur le sommet du mont, pour recevoir les voyageurs, Florindo a formé le funeste dessein de mourir : il ignore qu'Elisa, fidelle à ses sermens, est venue à l'hospice, qu'elle y est près de lui : Florindo parcourt les précipices effrayans du mont. Au moment où un ouragan furieux détache les glaces, fait fondre les neiges qui s'écoulent par torrens, Florindo apperçoit Elisa : il veut la rejoindre ; mais il est entraîné par le torrent : des avalanches se détachent & roulent sur lui jusqu'au fonds du précipice. On y descend soudain : on s'empresse à le débarrasser, & on l'apporte, privé de sentiment, aux pieds d'Elisa, qui se livre à son désespoir : enfin les secours qu'on prodigue à Florindo le rappellent à la vie, & les deux amans sont réunis.

Tout cela n'est beau que par l’effet des décorations, qui sont d'un genre neuf, & tout-à-la-fois effrayant & superbe. Le milieu du théatre offre un précipice affreux. Sur les côtés s'élevent des montagnes de glaces qui conduisent à un pont d'une construction hardie, & qui mene lui-même à l'hospice qu'on apperçoit dans le lointain. Rien n'est négligé pour donner de la vérité à l'effet de l'ouragan. Les glaces font place à des torrens qui se précipitent de tous les côtés. Des nuages différens courent en tout sens aux cieux : les avalanches se détachent & roulent avec fracas : en un mot, ce sont des effets neufs, & qui piqueront long-tems la curiosité. Le public, enchanté, a demandé le machiniste, & on lui a présenté le cit. Boullet, qui donne tous les jours des nouvelles preuves de son grand talent. Le cit. Cherubini s'est aussi présenté aux vœux du public , qui l'a couvert d'applaudissemens. Nous parlerons plus en détail de la musique , quand .elle aura été entendue plusieurs fois.

(Annonces & avis divers.)

André Tissier, André Bellement, la Déroute de l’armée de Cobourg, publiée avec une introduction et des notes ( Genève, Droz, 2001), p. 59, note 55, reproduit une partie du compte rendu de la pièce dans les Petites Affiches du 15 décembre, qui décrit le décor et la scénographie de la pièce, « d'un genre neuf, et tout à fait effrayant et superbe » :

« Le milieu du théâtre offre un précipice affreux. Sur les côtés s’élèvent des montagnes de glace qui conduisent à un pont d’une construction hardie, et qui mène lui-même à l’hospice qu’on aperçoit à plus d’une lieue. Rien n’est négligé pour donner de la vérité à l’effet de l’ouragan. les glaces font place à des torrents qui se précipitent de tous les côtés. Des nuages différents courent en tout sens aux cieux ; les avalanches se détachent et roulent avec fracas. »

D’après la base César, la pièce est de Révéroni Saint-Cyr, la musique est due à Chérubini, et la scénographie est de Ignazio Eugenio Maria Degotti. Elle a été jouée 56 fois au Théâtre Feydeau du 25 novembre 1794 au 25 avril 1799 (5 fois en 1794, 20 fois en 1795, 18 fois en 1796, 13 fois en 1799).

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