Emma ou la Prisonnière, opéra comique en un acte, de Jouy, Longchamp et Saint-Just [Godard], musique de Boieldieu et Chérubini, 26 fructidor an 7 [12 septembre 1799].
Théâtre Montansier
Dans le Courrier des spectacles n° 933 du 26 fructidor an 7 [12 septembre 1799], la pièce est annoncée ainsi :
Théâtre Montansier Variétés.
Aujourd., la première représ, de la Prisonnière, opéra en 1 acte, dans lequel le cit. Brunet remplira le rôle de Nigola , et la citoyenne Caroline celui de Polly.
Courrier des spectacles n° 934 du 27 fructidor an 7 [13 septembre 1799], p. 2 :
[Curieux compte rendu, qui commence par souligner l'enthousiasme des spectateurs, applaudissant et riant très bruyamment. L'explication, c'est la présence de Brunet dans le rôle du niais. Même le critique a ri. Mais ensuite, lil se réduit au résumé d'une intrigue faite de quiproquo faciles et de travestissements (cette Emma, c'est une jeune veuve ou un jeune officier ? A la fin, c'est sans doute une jeune veuve, mais on l'a tout de même vu(e) en uniforme...). Le pauvre gardien du château a bien du mal à faire comprendre que la prisonnière est un prisonnier dès qu'il est seule avec lui (ou elle). La fin telle que l'article la résume est plutôt obscure, mais la morale est sauve : Emma reprend les habits de son sexe et épouse son bien aimé, qui n'a plus besoin de se déguiser en menuisier. La fin du compte rendu est rapide : « Il y a de jolis détails dans cette bluette », et il ne pouvait en être autrement, vu la liste d'auteurs, paroles et musique. Trois auteurs et deux compositeurs, dont le compte rendu ne dit rien de leur création.]
Théâtre Montansier.
Quel bruit ! quels éclats ! D’où viennent ces applaudissemens et ce rire long-temps prolongé ? c’est du théâtre Montansier. Allons, vous verrez qu'il y a encore là du Brunet: Eh bien ! Oui : et n’en déplaise à quelques personnes moroses, j’ai été de l’avis des rieurs, et j’ai ri aussi.
Un vieux baron, pour empêcher Gustave, son fils, d’aimer une jeune veuve nommée Emma, la fait enlever et conduire à un château qui sert de prison d'état sons la surveillance d’un vieil invalide concierge de ce château, qui s’en dit gouverneur, et a créé sous lui un adjudant-major. Celui qu’il a élevé à ce rang est Nigolo, son porte-clef, à qui il a promis la main de sa nièce Po11y. Emma, en entrant dans sa prison, jette la robe qui la couvre, et tout-à-coup c'est un jeune officier.
Nigolo qui croit avoir pris toutes précautions pour que personne ne s’introduisît dans la prison, la prend pour un amant de la prisonnière, et veut la chasser ; mais malgré sa menace, elle se renferme dans sa chambre. Le gouverneur, à qui il veut persuader qu’il y a un jeune homme, ne le croit plus du moment qu’Emma se présente sous les habits de son sexe : mais à peine est-il parti, qu’elle les rejette et reparoît en militaire. Nigolo de crier à tue-tête pour appeler le Gouverneur. Polly vient, Nigolo jaloux veut la renvoyer, mais elle le fait sortir le premier, et instruite du déguisement d’Emma, elle veut le faire repentir de sa jalousie. De-là des douceurs, des fleurettes dont Nigolo enrage à la porte. Emma rentre enfin dans sa chambre Un serrurier vient raccommoder les barreaux de la croisée : Nigolo lui dit que déjà il est venu un amoureux voir la prisonnière. Gustave qui a pris le déguisement de serrurier pour revoir Emma dont il a suivi la trace, tremble que sa maîtresse ne soit infidèle, mais elle paroït sous les habits militaires et le rassure.
Nigolo amene enfin le vieux gouverneur, qui demande au prétendu officier de quel droit il s’est introduit dans le château : Emma montre un papier qui lui en assure le gouvernement, et réclame sur-le-champ une prisonnière qui doit être arrivée depuis peu. On la cherche pour lui rendre la liberté ; mais elle est disparue. Cependant, sur la promesse que le gouverneur lui fait de la laisser libre, elle se découvre et promet d’épouser Gustave au sein de sa famille.
Il y a de jolis détails dans cette bluette Et comment n’y en auroit-il pas ? Il suffit, pour le croire, de nommer les cit. St-.Just, Jouy et Longchamp pour les paroles, et Chérubini et Boieldieu pour la musique.
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