Encore une partie de chasse, ou le Tableau d'Histoire

Encore une partie de chasse, ou le Tableau d'histoire, comédie en un acte et en vers, de Pain et Dumersan, 12 avril 1810.

Théâtre de l'Impératrice.

[Le titre de la pièce renvoie sans aucun doute à la fameuse pièce de Charles Collé, la Partie de chasse d’Henri IV (1774), autre roi cher au cœur des Français du temps.]

Titre

Encore une partie de chasse, ou le Tableau d’histoire

Genre

comédie

Nombre d'actes :

1

Vers / prose ?

en vers

Musique :

non

Date de création :

12 avril 1810

Théâtre :

Théâtre de l’Impératrice

Auteur(s) des paroles :

Joseph Pain et Dumersan

Almanach des Muses 1811.

François Ier est venu visiter incognito une chaumiere qui lui rappele les premiers jeux de son enfance. Il y retrouve une vieille paysanne qui autrefois lui offrit souvent du lait. Des pieces d'or qu'il lui donne, et sur lesquels est son effigie, le font reconnaître à la bonne femme ; elle se jette à ses pieds. Un jeune peintre nommé Félix arrive alors et trace une esquisse de cette scene intéressante. Félix est amoureux de la fille de M. Franville, qui jusqu'à ce jour s'est refusé à son bonheur ; mais l'esquisse que Félix présente annonce un grand peintre, et lui vaut le bonheur d'obtenir sa maîtresse.

Des allusions heureuses. Quelques taches dans le stile. Piece très applaudie.

Sur la page de titre de la brochure, Paris, chez Mlle. Le couvreur, 1810 :

Une Partie de chasse, ou le tableau d'histoire, comédie-anecdote en un acte, en vers ; Par MM. Joseph Pain et Dumersan. Représentée, pour la première fois, sur le théâtre de S. M. l'Impératrice, le 12 avril 1810.

Magasin encyclopédique, ou journal des sciences, des lettres et des arts, année 1810, tome II, p. 360-361 :

[La pièce au sous-titre significatif est à la gloire de François Ier (mais il faut penser à un autre héros... : Napoléon, bien sûr, dont tout le monde reconnaît la simplicité et la générosité), et le compte rendu est à la gloire de la pièce. Aucune critique envers elle, « cœurs […] vivement émus », « trait simple et touchant », même l’absence d’ornements est positif : ils étaient inutiles, « le sujet seul en assuroit le succès ». Assez bel exemple du culte du monarque, à travers une pièce qui ne mérite sans doute pas tant d’éloges.]

Odéon. Théâtre de l'Impératrice.

Encore une Partie de Chasse, ou le Tableau d'Histoire,
comédie en un acte et en vers,
jouée le jeudi 12 avril 1810.

On n'a pas eu de peine à reconnoître, sous le nom de. François I, un héros bien plus grand et plus cher aux Français.

Les cœurs ont été vivement émus en voyant un grand monarque cherchant dans une chaumière une pauvre paysanne, et jouissant des souvenirs de ses premiers travaux et de ses premiers succès.

Un jeune peintre nommé Félix qui cherche le sujet d'un tableau d'histoire, entre dans la cabane au moment où la bonne Laitière reconnoît son souverain et se jette à ses pieds ; il saisit ses crayons et trace l'esquisse d'un tableau qui doit l'immortaliser. Son bonheur est un à compte sur sa gloire, et il obtient la main de celle qu'il aime et que son père ne vouloit donner qu'à un homme fameux. Ce trait simple et touchant n'a point été surchargé d'ornemens inutiles ; le sujet seul en assuroit le succès, et il a été complet. Les auteurs sont MM. Joseph PAIN et DUMERSAN.

L’Esprit des journaux français et étrangers, tome V, mai 1810, p. 286-289 :

[La pièce nouvelle n’a pas grand chose pour elle : son titre la fait comparer à la fameuse pièce de Collé, mais la comparaison tourne à la confusion des auteurs, d’autant qu’ils ont rendu leur tâche plus difficile encore en écrivant en vers. L’intrigue est d’une grande faiblesse, et une série de personnages accessoires ne parviennent pas à en combler le vide. Pas de gaieté, pas d’esprit, pas de naturel, une versification que le débit des acteurs rend bien maladroite (les vers ont-ils tous la bonne longueur ?). Ces défauts n’ont pas empêché le succès, que le critique attribue à la volonté du public de louer l’intention des auteurs, ou à l’intervention du parterre, dont il trouve le « suffrage au moins fort équivoque », le « mérite réel » de la pièce ne paraissant pas évident. Il n’emploie pas le mot « claque », mais il suggère sa présence.]

Théâtre de l’Impératrice.

Encore une partie de Chasse, ou le Tableau d'Histoire, comédie nouvelle en un acte et en vers, par MM. Pain et Dumersan.

En intitulant indiscrettement leur pièce Partie de Chasse, les auteurs m'ont fait faire la triste comparaison d'une comédie sans intérêt, sans gaieté, sans style, je dirais sans sujet, avec une des petites pièces qu'on a toujours vu représenter avec le plus de plaisir sur le théâtre, avec la Partie de Chasse de Henri IV. La première idée qui fait le fond de celle-ci, n'est pas moins heureuse que celle de Collé, car on a facilement compris à quoi les auteurs voulaient faire allusion, et il n'était personne dans l'assemblée qui n'ait bien vite reconnu le héros, le prince bienfaisant que l'on a voulu désigner sous les traits du brillant vainqueur de Charles-Quint. Comment se fait-il donc que les auteurs, ayant les mêmes vertus à célébrer, les mêmes sentimens à exprimer que Collé, leur Partie de Chasse soit demeurée à une si prodigieuse distance de celle qu'ils ont cherché à prendre pour modèle ? Pourquoi du moins ont-ils voulu ajouter encore à la difficulté , en écrivant leur pièce en vers ?

Félix, jeune peintre, est amoureux d'Eugénie et l'épousera quand il se sera immortalisé par un beau tableau d'histoire ; Franville, père de la jeune demoiselle, ne veut la lui donner qu'à cette condition. Félix se désespère, et il a de quoi ; un tableau d'histoire est une tout autre entreprise qu'une mince comédie en prose rimée. La première difficulté est de trouver un sujet. Un heureux hasard vient à son secours. Le roi François Ier., qui chassait dans le voisinage, est conduit par la faim dans un cabaret, qui sert, on ne sait pourquoi, de rendez-vous à tous les personnages de la pièce. Il reconnaît, avec émotion, les lieux où il a passé une partie de son enfance, et où il s'est exercé au métier des armes. Une bonne vieille qui tient depuis long-temps ce cabaret, s'adresse au prince qu'elle prend pour un simple particulier de sa suite et lui témoigne une envie extrême de revoir le roi. François Ier. se fait connaître à elle ; la vieille Catherine, saisie d'émotion, se jette aux genoux du roi, qui la relève avec bonté, lui fait un présent, lui promet sa protection pour elle et pour sa famille. Le jeune peintre qui a été témoin de cette touchante reconnaissance, imagine d'en faire le sujet d'un tableau. Le père de sa maîtresse trouve le tableau de son goût, et donne sa fille à Félix. Mais François Ier. a disparu: on. eût dit qu'il n'était venu que pour se mettre en attitude devant un peintre.

Un vieux soldat, nommé Gaspard, qui tient un peu trop du fanfaron ; une espèce d'imbécille. nommé Desormeau, qui s'est mis tout d'un coup en tête d'épouser sa cousine Eugénie ; un piqueur, nommé Lalouvetière, qui prend des airs d'importance et se fait passer quelque temps pour le roi, tels sont les personnages secondaires que les auteurs ont destinés à remplir le vide de leur pièce. La seule scène un peu divertissante est celle où Désormeaux prend Lalouvetière pour le roi, et sert lui-même à table l'insolent piqueur, dans l'espoir d'en obtenir une place. A cela près, cette comédie, qui prétend à la gaieté, à l'esprit, à la plaisanterie, au naturel peut-être, m'a paru une aussi faible production qu’aucune qu'on ait donnée depuis long-temps sur ce théâtre. La versification à l'avenant, à en juger du moins par le débit des acteurs. On y trouve des grands vers, qui n'ont pas tout-à-fait douze syllabes, d'autres, en revanche, qui en ont un peu plus de treize ; de sorte pourtant que tout cela fait bien à-peu près le nombre quand on est arrivé à la fin de l'acte.

Cette pièce n'en a pas moins été vivement applaudie. Elle le doit sans doute à l'intention dans laquelle elle a été composée et dont le public devait savoir gré aux auteurs. Mais avec la manière dont est composé le parterre le jour de première représentation, ces applaudissemens sont un suffrage au moins fort équivoque en faveur du mérite réel de la pièce. Le tribunal est naturellement si indulgent, qu'il faut qu'une cause soit bien désespérée quand on a recours aux sollicitations.                          J.

Dans L'Odéon : histoire administrative, anecdotique et littéraire, de Paul Porel et Georges Monval, p. 245, « Le 12 avril, réussite de : Encore une Partie de chasse ou le Tableau d’histoire comédie anecdote, en un acte et en vers, de Joseph Pain et Dumersan », sans autre commentaire.

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