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Esope chez Xantus

Ésope chez Xantus, comédie en un acte, par le citoyen Martignac 4 ventôse an 9 [23 février 1801].

Théâtre du Vaudeville.

La question de l'identité de l'auteur n'est pas claire : le nom de Martignac donné comme étant celui de l'auteur ne serait que celui d'un prête-nom, le véritable auteur étant un certain G. P. Tarenne de Laval, qui, après avoir fait accepter sa pièce au Théâtre du Vaudeville, dut quitter Paris précipitamment. Ce Martignac est apparemment Jean-Baptiste Sylvère Gaye, vicomte de Martignac, futur ministre de Charles 10, et dont l'œuvre littéraire se réduirait à cette pièce dans laquelle son auteur, qui qu'il soit, aurait « voulu mettre sur la scène française les mœurs domestiques de Grecs. Tout cet imbroglio est expliqué par Quérard dans les Supercheries littéraires dévoilées, tome 3, p. 202.

Titre :

Ésope chez Xantus

Genre

comédie-vaudeville

Nombre d'actes :

1

Vers / prose ?

en prose, avec des couplets en vers

Musique :

vaudevilles

Date de création :

4 ventôse an 9 [23 février 1801]

Théâtre :

Théâtre du Vaudeville

Auteur(s) des paroles :

Martignac

Almanach des Muses 1802

Sur la page de titre de la brochure, à Paris, Au Magasin de pièces de Théâtres, an IX :

Esope chez Xantus, comédie-vaudeville en un acte, Par le Citoyen Martignac. Représentée, pour la première fois, à Paris, au Théâtre du Vaudeville, le 4 Ventose an 9/

La pièce est précédée d’un apologue, suivi du traditionnel couplet d’annonce :

Praxitelle était mort. Les Grecs dans la douleur
            Regrettaient que, pendant sa vie,
            Le ciseau d'un savant Sculpteur
            N'eût point gravé son image chérie.
            Enflâmé d'une noble ardeur,
            Encor tout plein de cette image,
            Un jeune homme entreprit l'ouvrage
            
Sans autre guide que son cœur.
            Il retraça les traits de Praxitelle :
            Et quoique ce faible portrait
            Fût peu digne de son modèle,
            Le peuple Grec fut satisfait
            Et lui sut bon gré de son zèle.

            Si vous voulez aider l'auteur
        A faire de sa fable une histoire réelle,
        Laissez-le se charger du rôle du Sculpteur,
            Esope sera Praxitelle.
            Quant à ces Grecs bons, indulgens,
            Qui, même au défaut des talens,
            Savent gré de la bonne envie,
            Prenez leur rôle quelque tems,
            Car c'est à vous qu'il le confie.

Cet Apologue n'ayant pas pu être dit à la première représentation, l'auteur y substitua le couplet d'annonce suivant :

AIR d'Arlequin Afficheur

Esope parut à la cour,
Et de là s'en vint à la ville ;
Il vient chez Xantus en ce jour,
Le trajet est plus dificile.
S'il s'égarait, pardonnez-lui,
Car notre voyageur timide,
Dans son voyage d'aujourd'hui,
N'a pas Boursault pour guide.

Courrier des spectacles, n° 1457 du 5 ventôse an 9 [24 février 1801], p. 2 :

[La pièce (dont le titre est donné de façon erronée) a obtenu un succès attribué aux détails plus qu’au fonds : des couplets, des apologues réussis, mais « peu de fonds ». L’intrigue est une anecdote dans la vie d’ Ésope esclave, à laquelle « on a joint une légère intrigue amoureuse » dont on ne niera pas l’absence d'originalité. Il s’agit pour le fabuliste de résoudre une énigme, avec pour prix sa liberté et le mariage des jeunes amants. Succès donc : « l’auteur fut vivement demandé », malgré des longueurs compensées par « plusieurs couplets très-agréables ».]

Théâtre du Vaudeville.

La première représentation d’Esope à la Cour, vaudeville donné hier à ce théâtre, obtint du succès. Peu de fonds, mais de jolis couplets sur-tout dans le commencement. Nous accuserons pourtant l’auteur d’avoir trop visé à l’esprit, et mis dans la bouche de son héros maint couplet moins moral que madrigal. Ses apologues sont assez bien tournés, mais n’ont pas, selon nous , le mérite de la justesse, entr’autres celui qu’il adresse au jardinier. Celui des deux melons atteint beaucoup mieux le but.

Nous esquisserons ici l’analyse de cet ouvrage auquel on a joint une légère intrigue d’amour.

Esope, acheté par Xantus, philosophe fier et plein d’amour-propre, lui conseille de marier sa fille Lesbia an jeune Clitophon, son élève. Celui-ci a eu occasion de rendre service à Esope, qui lui a promis de travailler à son bonheur, et il fait tout pour engager Xantus à consentir à cet hymen. Le philosophe ; qui sait que son esclave passe pour un sage, veut confondre sa pénétration, et lui propose diverses questions, et entr’autres une à laquelle il attache la liberté d’Esope et le consentement au mariage de sa fille avec Clitophon. Esope répond victorieusement, et Xantus stupéfait confirme sa promesse à son esclave et aux jeunes amants.

L’auteur fut vivement demandé : c’est le cit. Martignac. L’ouvrage offre quelques longueurs qui jettent du froid, mais qu[e] font oublier, comme nous l’avons dit plus haut, plusieurs couplets très-agréables. Nous ne citerons que le suivant.

Esope à Xantus.

Air: Femmes, voulez-vous éprouver ?

Pourquoi penser que rien de beau
Ne peut naître d’un corps informe ?
Le coloris de ce manteau       (écarlate)
Provient d’un insecte difforme.
La perle qui pare le front
Vient d’une chétive coquille ;
Souvent le plus beau papillon
Sort de la plus laide chenille.

F. J. B. P. G***»

Magasin encyclopédique, ou journal des sciences ; des lettres et des arts, de A. L. Millin, tome sixième, an IX, 1801, p. 118-119 :

Esope chez Xantus.

On a joué cette pièce le 4 ventôse. C'est le premier ouvrage du C. Martignac. Le fond en est extrêmement faible, et les couplets peu soignés pour le style ; le vaudeville final surtout n'est pas heureux.

Le philosophe Xantus achète Esope , qui lui est vendu par Clitophon, amant de sa fille Lesbia. Bien entendu qu'Esope conseille à Xantus de donner sa fille à Clitophon, Xantus de qui l'amour-propre a été humilié par Esope, dont l'esprit est supérieur au sien, promet de consentir à tout, et même d'affranchir le Phrygien, s'il répond à la question qu'il va lui proposer. Il faut lui parler d'une chose qu'il ignore totalement, et dont il n'ait jamais entendu parler que par Esope. Celui-ci lui dit qu'il devoit à son père deux Cents talens ; Xantus le nie, et affirme qu'il n'en a jamais entendu parler. Par cette mauvaise plaisanterie, Esope se tire d'embarras ; il est libre, et les amans heureux. Ce sujet, froid par lui-même, le devient encore par la longueur des apologues. La pièce est fort bien jouée par les CC. Carpentier, Hipolite, MM.mes Henry et Bodin. Les costumes sont exacts et fort bien faits ; mais on est fâché de voir la scène se passer dans une chambre dont l'architecture est gothique, et sur les boiseries de laquelle il y a des armoiries. Une chose à laquelle on auroit dû faire attention, c'est le cahier de papier que présente Xantus à Esope. On auroit dû le remplacer par des tablettes ou rouleau de papyrus.

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