L'École de l'adolescence, Comédie en prose, en deux actes, de Bertin d'Antilly, représentée par les Comédiens Italiens, le 30 juin 1789. Paris, Brunet, in-8°. de 66 pag.
Théâtre Italien.
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Titre :
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Ecole de l’Adolescence (l’)
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Genre
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comédie
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Nombre d'actes :
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2
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Vers / prose
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prose
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Musique :
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non
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Date de création :
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30 juin 1789
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Théâtre :
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Théâtre Italien
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Auteur(s) des paroles :
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A. L. d’Antilly
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Almanach des Muses 1790
Petite pièce qui a eu quelque succès.
Le Comte de Florainville, après une absence de plusieurs années, demande des nouvelles de ses deux fils à une vieille et honnête Gouvernante. Elle les ménage dans ses réponses, mais il se trouve que le Vicomte est avare & le Chevalier prodigue. Le père ordonne à Picard leur domestique de fouiller dans le secrétaire du Vicomte, & de s'emparer de tout ce qu'il y trouvera. Le Chevalier le surprend, mais l'excuse en supposant qu'il ne vole que par besoin, & il substitue sa bourse à celle qu'il a vu emporter. Le Vicomte s'apperçoit qu'il a laissé sa clef à son secrétaire ; il est désespéré. Le père d'un autre côté a trouvé des tablettes sur lesquelles le Chevalier écrvoit sa dépense ; ce sont des actes de générosité ; il remet ces tablettes à son fils aîné pour lui servir de leçon : le Vicomte en est touché, & va chercher une cassette remplie d'or qu'il donne à un Fermier pour soulager toute sa famille.
Sur la page de titre de la brochure, Paris, chez Brunet, 1789 :
L'Ecole de l'adolescence, comédie, en prose, en deux actes, Par M. A. L. d'Antilly, Ci-devant premier commis des finances au département des revenus casuels du Roi, pensionné de Sa Majesté. Représentée pour la premiere fois, par les Comédiens Italiens ordinaires du Roi, le 30 juin 1789.
Mercure de France, tome 137, n° 29 du samedi 18 juillet 1789, p. 138-139 :
[Le compte rendu s’ouvre sur le résumé (assez confus) de l’intrigue, fondée sur la tentative d’un père longtemps absent d’éprouver ses enfants. Pièce jugée « intéressante, agréable, pleine de morale, de délicatesse & de graces », mais dont le dénouement est jugé trop rapide : on ne peut croire que le Vicomte change si vite de comportement, si bien que sa conversion devient invraisemblable. Le critique termine son article par une belle maxime : « Il y a en morale une mesure dont il ne faut pas sortir pour être vrai ».
COMÉDIE ITALIENNE.
Le Mardi 30 Juin, on a représenté pour la première fois l'Ecole de l'Adolescence, Comédie en 2 Actes & en prose.
Le Chevalier & le Vicomte, le premier prodigue & le second avare, ont été laissés par leur Père à la surveillance d'une sage Gouvernante qui a étudié leurs caractères. Ce père, de retour après une très-longue absence, apprend avec chagrin ce qu'on lui rapporte de ses enfans ; cependant, au travers de ce qu'on lui dit du Chevalier, il croit appercevoir de la sensibilité, de la générosité. Pour éprouver lui-même ses enfans, il leur donne à chacun une bourse, dont il leur permet de disposer suivant leur inclination. Le Vicomte cache la sienne dans un secrétaire, où il a déjà serré quelques rouleaux. Le père ordonne à un Valet de prendre ce qu'il trouvera d'or dans le secrétaire. Le Valet prend les rouleaux & la bourse. A l'instant ou il fuit, le Chevalier entre; & pour le sauver du châtiment qu'il peut mériter si on le découvre , il met là boursc qu'il a reçue de son père à la place de celle qu'il croit volée, car il ne soupçonne pas tout de vol. Le Vicomte devient furieux à l'aspect de son secrétaire qu'il trouve vide, il éclate ; le père se présente, découvre ses projets & son épreuve. Le Vicomte demeure confondu ; il rougit, ouvre les yeux ; & pour faire un premier acte de retour sur son erreur, il distribue son or sous les yeux de son père.
Cette Pièce est intéressante, agréable, pleine de morale, de délicatesse & de graces ; mais le dénouement nous en a paru trop brusque. Le retour du Vicomte est au moins équivoque ; il est trop prompt pour être profondément senti, & pour laisser au Spectateur une juste espérance. Il y a en morale une mesure dont il ne faut pas sortir pour être vrai.
L’Esprit des journaux français et étranegrs, 1789, tome VIII (août 1789), p. 335-337 :
[La pièce est jugée de façon très positive. Même le caractère exceptionnel d’un avare de quinze ans est jugé possible. Et on ne reproche que « quelques détails minutieux » à un ouvrage très réussi.]
THÉATRE ITALIEN.
On a donné le mardi 30 juin, pour la premiere fois, une jolie comédie sous le titre de l'Ecole de l'Adolescence, comédie en deux actes & en prose. Une anecdote arrivée il y a quelques années à Paris, nous paroît en avoir fourni l'idée.
Le comte de Florinville , absent depuis trois ans, revient dans sa maison, & demande des nouvelles de ses deux fils à une vieille & honnête gouvernante. Il conclut de son recit que le vicomte est avare, & le chevalier prodigue. Il se propose de les éprouver ; il leur donne à chacun une bourse de quinze louis, & la maniere dont chacun des deux la reçoit confirme la moitié de ses craintes. Il ne doute point que son fils aîné n'ait la passion de l'or ; mais il ne tarde pas à se convaincre que le chevalier qu'il croyoit prodigue, n'est que bienfaiſant.
Alors, voulant donner une leçon au vicomte; il se concerte avec son valet, Picard, & lui ordonne de fouiller dans le secrétaire de son fils, & de s'emparer de tout ce qu'il y trouvera, soit en or, soit en argent. L'exécution de cet ordre met le valet en situation, & sert à développer le caractere aimable du chevalier. Ce dernier surprend Picard au moment où il vient de prendre dans le secrétaire quatre rouleaux de louis, & une bourse ; il doit nécessairement le soupçonner de vol ; mais il l'excuse par l'idée qu'il ne vole que par besoin, & il substitue sa bourse à celle qu'il a vu emporter par Picard, afin que son crime ne soit pas connu, s'il n'a volé que la bourse.
Le vicomte s'apperçoit du vol, & son désespoir ne prouve que trop la vile passion qui le domine. Alors le pere, qui a surpris des tablettes dans lesquelles le chevalier, en écrivant sa dépense journaliere, n'a fait que consigner des actes de bienfaisance, les remet à son fils aîné en lui recommandant de les lire pour apprendre à placer son argent ; & en même-tems il donne devant lui & en son nom, à des fermiers ruinés, les rouleaux & la bourse que Picard avoit soustraits. Cette leçon, & l'exemple de son frere, qui a marié & doté secrétement trois villageoises , lui inspirent un vertueux remords ; il va chercher lui-même quatre cent louis qu'il avoit enterrés avec une cassette ; & il les distribue en présence de son pere, qui l'embrasse en lui témoignant la joie du plus tendre & du plus heureux pere.
L'avarice est bien rarement le vice d'un enfant de quinze ans ; mais ce qui est rare n'est pas impossible. Nous aurions pourtant désiré une nuance moins sérieuse au caractere du vicomte. A quatorze ans, l'avarice elle-même doit tenir un peu de combinaisons peu réfléchies de cet âge. Mais ce qui eft encore plus certain que cette observation, c'est que cette comédie mérite tous les applaudissemens qu'elle a reçus. Le style en est
soigné & piquant ; il y a de l'esprit sans recherche, & de la morale sans morgue & sans affectation ; c'est un ouvrage estimable & plein de mœurs, dont il suffit de retrancher quelques détails minutieux, pour le rendre tout-à-fait digne du succès qu'il a obtenu ; le public en a demandé l'auteur ; mais on eſt venu annoncer qu'il ne s'étoit pas fait connoître ; & ce trait de modestie, a excite de nouveaux applaudissemens.
Correspondance littéraire, philosophique et critique de Grimm, tome 14 (1788-1789), Paris, 1831, p. 410-411 ;
L'École de l'Adolescence, comédie en prose, en deux actes, représentée pour la première fois par les Comédiens Italiens, le mardi 30 juin, est de M. A.-L. d'Antilly, ci-devant premier commis des finances au département des revenus casuels du roi.
Une avarice aussi réfléchie que celle du Vicomte est sans doute un vice fort rare à l'âge de quinze ans, et le sujet de la pièce, fût-il fondé, comme on le dit, sur une anecdote certaine, aura toujours, sous ce rapport, quelque chose d'invraisemblable. Mais, à ce défaut près, la pièce est faite pour donner l'idée la plus avantageuse du caractère et des talens de l'auteur ; le dialogue en est naturel, facile et piquant, la morale simple et pure, sans pédanterie et sans affectation. Les rôles du Vicomte et du Chevalier ont été parfaitement bien joués, le premier par madame Saint-Aubin, l'autre par mademoiselle Carline.
Dans la base César : 31 représentations du 30 juin 1789 au 11 mars 1798 (27 Théâtre Italien (salle Favart) Paris, 4 Grand Théâtre de la Monnaie Bruxelles)
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