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L'Enfant proscrit ou Amour et orgueil

L'Enfant proscrit ou Amour et orgueil, scènes équestres en trois parties, à grand spectacle de Hapdé, musique arrangée par Lientra, créées sur le Théâtre du Cirque Olympique le 25 juillet 1811.

Journal de l'Empire du 1er août 1811, p. 3-4 :

[Le critique trouve une morale très forte dans les seules pantomimes que présente le Cirque Olympique : elles « enchantent les yeux sans corrompre l'esprit, sans offenser le goût », et il leur trouve une foule de qualités dans l'écriture comme dans le contenu, tout en frappant l'imagination des spectateurs. Leur auteur, M. Augustin (Hapdé) est présenté comme un auteur fécond, plein d'imagination, choisissant habilement ses sujets. Il résume ensuite une véritable intrigue de mélodrame. Un enfant abandonné par sa mère, une princesse allemande, qui a étouffé « dans son cœur l'amour et la nature ». Elle a enfermé le père de l'enfant, un simple capitaine des gardes, mais il s'évade et enlève son enfant. Tous deux finissent par tomber dans les mains de l'électeur qui le prend sous sa protection. Il menace de tuer l'enfant, pour obtenir enfin que la princesse reconnaisse enfin son fils, dont elle épouse le père (comme d'habitude, après les combats, le mariage : tout est bien qui finit bien). Le critique porte un jugement positif sur une pièce « fort bien exécutée », et qui a rencontré le succès, notamment grâce aux indispensables « opérations militaires » et la non moins traditionnelle fête dont un menuet équestre est signalé?]

CIRQUE OLYMPIQUE.

L'Enfant proscrit, ou Amour et Orgueil.

Depuis la clôture de la Porte Saint-Martin, le Cirque est presque le seul dépositaire de ces fameuses pantomimes qui enchantent les yeux sans corrompre l'esprit, sans offenser le goût. On n'y peut reprendre ni mauvais vers, ni pensées fausses, ni déclamations, ni calembourgs; ce sont des tableaux qui ont sur les autres l'avantage d'être vivans, et d'offrir sur la même scène une foule d'actions interessantes : c'est dans ces mélodrames muets qu'il est surtout essentiel d'occuper continuellement l'imagination, de frapper fort, et de ne jamais laisser languir le spectateur avide d'émotion. M. Augustin est dans ce genre un des auteurs les plus féconds et les plus riches : ses pantomimes sont pleines d'inventions, et ses sujets bien choisis.

Il s'agit ici d'un enfant abandonné par sa mère. Cette mère est une princesse allemande : elle a eu une foiblesse pour son capitaine des gardes ; mais l'orgueil et l'ambition étouffent dans son cœur l'amour et la nature. On prépare son hymen avec l'électeur de Brandebourg. Elle fait exposer l'enfant, et enfermer le père dans une prison d'Etat. Le prisonnier s'évade ; il se réfugie dans sa famille ; il rencontre son fils : la princesse fait chercher l'un et l'autre. Ces perquisitions sont toujours d'un grand intérêt, parce que le cœur prend parti pour les malheureux que l'on cherche. Enfin, le mystère des amours de la princesse et de la naissance de l'enfant est dévoilé à l'électeur : on remet entre ses mains l'enfant et son père.

L'électeur fait part à la princesse de l'importante découverte qu'il vient de faire : il lui montre le père et l'enfant. La princesse refuse de les reconnoître, et demande qu'on les lui livre ; l'électeur déclare qu'il les prend sous sa protection : il faut que la force des armes décide la querelle. Dans un premier combat, le père est fait prisonnier : la princesse menace de le faire périr, si on ne lui livre l'enfant. Déjà le fer est levé sur le cœur de ce père infortuné ; mais l'électeur a la réplique : il met l'enfant à la bouche d'un canon, et il tient la mèche allumée. La princesse ne tient pas contre cette dernière épreuve : la nature, long-temps combattue, se rend enfin la plus forte ; elle reconnoît l'enfant qu'elle a proscrit, et assure son sort en épousant le père. Cette pantomime, fort bien exécutée, a beaucoup de succès.

Les opérations militaires du troisième acte produisent un grand effet : l'image des combats enflamme les spectateurs français. On remarque aussi dans une fête un menuet dansé par deux chevaux que montent M. Franconi le père et Mlle Joséphine.

Geoffroy.          

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