L'Entresol

L'Entresol, opéra en un acte, de Marc-Antoine Désaugiers, musique d'Alexandre Piccini et Lemoyne, 3 nivôse an 10 [24 décembre 1801].

Théâtre Montansier-Variétés.

Sur la page de titre de la brochure, Paris : Barba, an 10 (1802) :

L'Entre-sol, opéra, en un acte et en prose ; Paroles de Désaugiers. Musique de Alexandre Piccini et Lemoyne. Représentée, pour la première fois, sur le théâtre de Montansier-Variétés, le 3 nivôse, an 10.

Courrier des spectacles, n° 1760 du 4 nivôse an 10 [25 décembre 1801], p. 2 :

[Le compte rendu commence par le traditionnel résumé de l'intrigue, une histoire bien classique de jeunes gens qu'il s'agit de marier. Après maintes aventures, ils se marient, mais pour arriver à ce mariage, il faut tromper un rival du jeune homme protégé par le père de la jeune fille. Quelques détails jugés savoureux : la rencontre accidentelle des deux garçons, l'un tombant sur la tête de l'autre, l'erreur sur la personne (le pauvre jeune homme prend celle qui pourrait devenir sa belle-mère pour celle qu'il voudrait épouser), l'enfermement dans un lieu clos grâce à une soubrette délurée. Si la pièce est gaie, que « certaines scènes sont assez bien conduites » dénouement a été jugé brusque, au moins pour le critique. Bonne musique, « vive, agréable, légère ». L'auteur des paroles est cité sans commentaire. Les interprètes jouent « avec intelligence », et le critique met en valeur le chant de « mademoiselle Caroline ». Il cite un couplet qu'elle chante et qui a été redemandé.]

Théâtre Montansier.

M. Dumont et madame Dessouche, tous deux sexagénaires, tous deux voulant encore tâter du mariage, et tous deux se trompant mutuellement sur leur fortune, ont l’un une pupille nommée Amélie, et l’autre un fils qui en est amoureux. M. Dumont attend de Bourges un certain Sotinet qui arrive bientôt, et qui désirant avoir un tête-à-tête avec Amélie, trouve au lieu d’elle mad. Dessouche, dont l’âge et la figure le font fuir. Une petite soubrette nommée Justine le confirme dans l’idée que c’est là sa future, et le dégoûte de ce mariage.

Peu après l’amant s’introduit dans la maison, et sur le point d’être surpris par M. Dumont, il saute de l’entresol dans la rue, et tombe précisément sur la tête de Sotinet. Amélie s’évanouit ; le tuteur arrive ; Justine accuse Sotinet d’avoir voulu enlever sa maîtresse par la fenêtre. Du mont est furieux.

L’état où est Sotinet tout éclopé dépose contre lui ; et le mariage est rompu. Il se retire dans sa chambre, où Justine l’enferme afin de pouvoir faire entrer l’amant d’Amélie qui doit la conduire chez sa mère ; mais le jeune homme trouve, au lieu de son amante, sa mère qui venant elle-même à son insçu pour son propre compte, est obligée de prier M. Dumont d’unir les deux jeunes gens. Sotinet alors est délivré par Justine, et reconnoît qu’il a été dupé.

Le fonds de ce petit opéra , représenté hier sur ce théâtre sous le titre de l'Entresol, est gai ; quelques scènes sont assez bien conduites, mais le dénouement a paru un peu brusque. La mu sique est une des plus jolies productions de ce théâtre ; elle est vive, agréable, légère, et ne peut que faire honneur aux citoyens Piccini et Lemoine. Les paroles de cet opéra sont du cit. Désaugiers. Tous les rôles en sont joués avec intelligence, mais ce qui a contribué le plus au succès, c’est le chant de mademoiselle Caroline, que l’on entend trop rarement pour le plaisir du public. On lui a fait répéter ce couplet :

Air nouveau.

Pour se rapprocher davantage
Et du Parnasse et des Neuf-Sœurs,
C’est toujours au plus haut étage
Que vont se loger les auteurs.
Mais on sait combien on s’expose
A trop s'élever dans son vol ;
Et pour ne pas risquer grand'chose
Le nôtre a choisi l'Entresol.

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