L'Épreuve excusable, comédie en un acte, de Leroi de Neufillette, 20 thermidor an 8 [8 août 1800].
Théâtre de la Cité.
Courrier des spectacles, ,° 1263 du 1er fructidor an 8 [19 août 1800], p. 2 :
[Le compte rendu commence par une réflexion sur la grave question de l'originalité : on a créé tant de pièces qu'il est difficile de faire aujourd'hui une pièce vraiment nouvelle, et l'Épreuve excusable, qui a reçu un accueil favorable, manque d'originalité tant pour la fonds que pour les détails. Mais elle est en même temps « une des plus jolies nouveautés de ce théâtre. Le sujet, résumé ensuite, repose sur une histoire d'amour contrariée (un jeune homme refusé par le père de sa maîtresse parce qu'il et pauvre, et qui trouve une bourse pleine d'or que le seigneur du lieu a placé sur son chemin, pour lui permettre d'épouser celle qu'il aime ; pour corser l'intrigue, le seigneur veut s'assurer de son honnêteté, et lui demande de rendre l'or, qu'il dit être destiné à « une famille infortunée » ; le jeune homme rend l'or, et le seigneur veut le récompenser en faisant de la bourse la dot de sa future épouse, puisque le père ne s'oppose évidemment plus au mariage). Jugement porté sur la pièce : d'abord, elle est d'une « morale pure et gaie », critère de jugement essentiel ; et l'interprétation est remarquable, pour le rôle du père comme pour sa fille, « une jeune personne » qui donne « l'espérance d'un joli talent ». L'auteur est nommé.]
Théâtre de la Cité.
On donne depuis quelques jours à ce théâtre une petite comédie en un acte et en prose, sous le titre de l'Epreuve excusable, qui a mérité son succès ; on a jusqu’ici traité tant de sujets, qu’il est presqu’impossible qu’une pièce nouvelle soit entièrement neuve : elle ressemble toujours soit par le fonds, soit par les détails. L'Epreuve excusable mérite un peu ce double reproche : mais à cela près, elle est une des jolies nouveautés de ce théâtre. En voici le sujet :
Alexis aime Julienne qui le paye de retour ; mais Alexis est un orphelin pauvre et dont le travail soutient l’existence, et ce n’est pas là l’époux que Michot veut donner a sa fille. Curieux cependant de savoir à quel point en sont les amours de nos jeunes gens, et instruit des entretiens secrets et des rendez-vous qu’ils avoient au lever de l’aurore, Michot guette l’arrivée d'Alexis et le surprend. A la faveur de l’obscurité il trompe aussi Julienne, qui attend à la fenêtre son amant, et il en obtient l’aveu de son amour ; ce qui le fâche entièrement avec Alexis, à qui il donne de ne plus penser à sa fille.
Alexis, désespéré, n’a plus d’autre parti à prendre que celui de la fuite ; il s’y détermine lorsqu’il trouve sur ses pas une bourse remplie d’or, que le seigneur vient de mettre exprès dans le chemin Que l’on juge de son étonnement. Ivre de joie, il appelle Julienne, à qui il fait part de cette aventure. Mais bientôt il réfléchit que cet argent n’est pas le sien. Un billet jetté à la même place rassure son ame alarmée sur la légitimité de cette propriété ; fier de cette petite fortune, il appelle Michot, qui le reçoit d’abord dédaigneusement, et qui ensuite change de ton à la vue des pièces d’or : la main de Julienne lui est assurée, lorsque le seigneur du village, voulant les éprouver, réclame la somme, qu’il assure avoir destinée au soulagement d'une famille infortunée. Alexis rend volontiers la bourse, et il veut s’éloigner en renonçant à la main de Julienne. Michot, charmé de son désintéressement et de sa probité lui réitère l’assurance qu’il sera son gendre, et le seigneur, satisfait de l’épreuve, donne la bourse en dot à Julienne.
Cette pièce respire une morale pure et gaie ; le;rôle de Michot a été établi avec vérité, rondeur etbonhomie par le citoyen Cammaille Une jeune personne, mademoiselle Planté, a donné, dans le rôle de Julienne, l’espérance d’un joli talent. L’auteur de l'Épreuve excusable est le citoyen Leroi.
F. J. B. P, G***.
Louis-Henry Lecomte, Histoire des théâtres de Paris. Le Théâtre de la cité, 1792-1807 (Paris, 1910), p. 216 :
[Où l'on voit que Lecomte utilise la presse pour combler l'absence d'impression d'une pièce...]
20 thermidor (8 août) : L'Epreuve excusable, comédie en un acte, par Leroi de Neufvillette.
Alexis aime Julienne qui le paie de retour, mais il est pauvre et le fermier Michot ne veut point de lui pour gendre. Congédié durement Alexis va quitter le pays, lorsqu'il trouve une bourse remplie d'or que le seigneur a mise exprès dans un sentier. D'abord fou de joie il conte la chose à Julienne, mais il refléchit bientôt que cette fortune ne lui appartient pas. Un billet jeté à la même place que la bourse le rassure sur la légitimité de sa possession. Fier de l'aubaine, il appelle Michot que la vue de l'or adoucit au point qu'il lui promet sa fille. Mais, en manière d'épreuve, le seigneur réclame la somme qu'il dit avoir destinée au soulagement d'une famille pauvre. Alexis rend la bourse et veut s'éloigner quand Michot, charmé de sa probité, le retient et lui donne Julienne, à qui l'argent trouve sert finalement de dot.
Cammaille faisait avec rondeur le personnage du père et Mlle Planté, débutante, donna, dans le rôle de Julienne l'espérance d'un joli talent ; ce ne fut néanmoins qu'un demi-succès. — Non imprimée.
Ce demi-succès n'empêche pas que la pièce ait atteint sa septième représentation le 20 fructidor suivant, un mois après, d'après le Journal du palais.
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