L'Epreuve villageoise, ballet en deux actes, de Milon, musique de Persuis, d'après l'opéra-comique homonyme de Grétry [1784], 4 avril 1815.
Académie Royale de Musique.
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Titre :
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Epreuve villageoise (l’)
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Genre
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ballet
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Nombre d'actes :
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2
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Musique :
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oui
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Date de création :
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4 avril 1815
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Théâtre :
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Académie Impériale de Musique
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Chorégraphe :
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Milon
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Compositeur(s) :
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Persuis
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Almanach des Muses 1816.
La jolie pièce de Desforges mise en ballet. Brouille de Denise et d'André ; mystification de M. de la France ; tableaux gracieux, piquans, animés ; scènes vraiment originales ; fête divertissante. Toutes les intentions de l'opéra-comique sont senties et mises en jeu dans ce ballet avec une ingénieuse adresse. Quant à la musique, on peut dire qu'elle est autant de Grétry que de M. Persuis, puisque ce dernier a eu le bon esprit de reproduire les jolis airs du célèbre compositeur.
Succès complet et mérité.
Sur la page de titre de la brochure, Paris, au Magasin de la rue Neuve St.-Marc, 1815 :
L’Épreuve villageoise, ballet comique en deux actes, Représenté, pour la première fois, à Paris, sur le Théâtre de l'Académie Impériale de Musique, le 4 Avril 1815, Par L.-J. Milon, Second Maître des Ballets de l'Académie Impériale de Musique ; Musique de Mr. Persuis, Chef d'Orchestre de la Chapelle de S. M. l'Empereur, et de l'Orchestre de l'Académie Impériale de Musique.
La pièce de Desforges évoquée par l'Almanach des Muses, c'est la pièce homonyme, L'Epreuve villageoise, que la brochure parue chez Prault en 1784 décrit ainsi :
L'Epreuve villageoise, opéra-bouffon, en deux actes et en vers, Représenté, pour la premiere fois, par les Comédiens Italiens ordinaires du Roi, le Jeudi 24 Juin 1784, après avoir été joué devant Leurs Majestés, à Versailles, sous le titre de Théodore & Paulin, le Vendredi 3 Mars ; & sur le Théâtre Italien, le Jeudi 18 du même mois. Par M. Desforges, Musique de M. Grétry. Petite méchanceté à,propos de la musique, « M.Persuis n'a pas pu parvenir à gâter la musique de Grétry, quoiqu'il ait fait son possible ».]
Le Nain jaune, volume II (1815), n° 360 (Cinquième année), 10 avril 1815, p. 10-11 :
[Le Nain jaune, qui a souvent la dent dure, ne comprend pas bien pourquoi, à la différence de leurs illustres prédécesseurs, les chorégraphes modernes ont la paresse de reprendre des pièces antérieures pour les transformer en ballets. « Je ne sais pas pourquoi M. Milon a été choisir ce sujet, il ne lui en eût pas coûté davantage d'inventer quelque chose de mieux ». La pièce choisie est présentée comme bien modeste : intrigue pauvre, l’opéra de Desforges « a tout juste ce qu'il faut pour un opéra comique » et ne vaut que par la musique de Grétry. Le critique pense qu’il aurait mieux valu s’inspirer de la pièce comique que Desforges en a ensuite tiré. Cela n’empêche pas que « le ballet de M. Milon est fort agréable ». Il a été interprété par les premiers sujets de ‘lOpéra. Et « le tableau de la petite fête de village, qui forme le second acte du ballet, est ce qui vaut le mieux », gaîté, fraîcheur, vérité.]
Noverre et Dauberval avaient l'habitude d'inventer le sujet de leurs ballets, ils se donnaient la peine de trouver des compositions ingénieuses et piquantes qui pussent se prêter aux combinaisons chorégraphiques. Gardel, après eux, a presque toujours suivi leur système, et avait senti qu'il ne fallait pas forcer le public à voir deux fois la même chose sur différens théâtres. Depuis que MM. les auteurs d'opéras ont été puiser leurs sujets à la Comédie Française , et que nous avons vu successivement transporter de la scène tragique sur la scène lyrique Iphigenie, Œdipe, le Cid, les Horaces, les auteurs de ballets se sont crus autorisés à user des mêmes emprunts, et l'Opéra-Comique est passé à l'Opéra ; nous y avons vu la Chercheuse d'esprit, le Déserteur, Paul et Virginie, Nina ; c'est aujourd'hui le tour de l'Épreuve villageoise. Je ne sais pas pourquoi M. Milon a été choisir ce sujet, il ne lui en eût pas coûté davantage d'inventer quelque chose de mieux, et il faut avoir une imagination bien pauvre ou bien paresseuse pour se contenter d'une pareille intrigue. L’Épreuve villageoise a tout juste ce qu'il faut pour un opéra comique, elle a dû surtout son succès à la musique de Grétry, et à quelques détails agréables, qui ont été perdus dans le ballet. M. Milon aurait tiré un bien meilleur parti de la pièce originale qui a fourni l’Épreuve villageoise. Desforges avait fait jouer à la Comédie Italienne, en 1784, un opéra comique en trois actes, intitulé : Théodore et Paulin, qui malgré la musique de Grétry n'obtint pas de succès. Il eut le talent de tirer de cette mauvaise pièce un épisode comique qui s'y trouvait, et il en composa quelques mois après, l’Épreuve villageoise, qui réussit beaucoup. Théodore et Paulin aurait offert plus de développemens pour l'intrigue d'un ballet ; tout ce qui est en récit dans la pièce en deux actes était en action dans l'opéra comique en trois actes. Cependant, tel qu'il est, le ballet de M. Milon est fort agréable. Denise et André ne sont pas aussi spirituels que dans la pièce de Desforges ; mais sous les traits de madame Courtin et d'Albert, ils ont plus de grâce. Goyon, la furie en chef de l'Opéra, qui n'y paraît jamais qu'armé de torches et de serpens, a consenti cette fois à endosser la livrée de M. Delafrance, et ses lazzis ne rappellent pas trop le rire des Euménides. Les autres rôles, quoiqu'accessoires, sont cependant remplis par les premiers sujets, et Marton, Rosette et Lisette sont très-agréablement représentées par mesdames Gardel, Bigottini et Gosselin. Le tableau de la petite fête de village, qui forme le second acte du ballet, est ce qui vaut le mieux, et appartient en entier à M. Milon ; il est plein de gaîté, de fraîcheur et de vérité. Tout le monde connaît la musique de l'Épreuve villageoise. Les airs, Adieu, Marton, Je n'avions pas encore quatorze ans, Mon cher André, mon bon André , sont devenus populaires, et sont placés avec adresse dans le nouveau ballet. M. Persuis n'a pas pu parvenir à gâter la musique de Grétry, quoiqu'il ait fait son possible, en y ajoutant un pas de trois, dont le talent enchanteur de mademoiselle Gosselin peut à peine dissimuler l'insipidité.
Journal de l’Empire, 18 avril 1815, p. 1-2 :
[Le Journal de l’Empire reprend ses feuilletons après quelques jours d’interruption, et le premier est consacré aux nouveautés du début du mois d’avril. Le ballet de Milon a droit à quelques lignes plutôt favorables, mais assez peu informatives. Il y a donc deux compositeurs, dont il est facile de reconnaître la contribution (mais rien sur la qualité de l’une ou de l’autre), les « premiers sujets » ont dansé, avec des résultats inégaux, et celle qui a le mieux dansé est apparue bien tard.]
La semaine dernière, on a donné à l’Opéra l’Epreuve villageoise ballet en deux actes, par M. Milon. Ce ballet a réussi, grâce au second acte qui, par la variété et la vivacité des tableaux, fait oublier les danses communes et monotones du premier. La musique est en partie de Grétry. et en partie de M. Persuis ; ce sont deux rivières qui, à leur confluent, réunissent leurs eaux, sans les mêler et sans les confondre. L'œil les suit long-temps dans leur cours, en distinguant toujours leurs nuances : ainsi fait l'oreille pour ces deux musiques, chacune d'une nature bien différente. Il y a aussi plusieurs airs anciens et notamment une très jolie provencale ; tous les premiers sujets de la danse figurent dans ce ballet. Albert ne m'a pas paru tout-à-fait assez paysan dans le rôle d'André ; Goyon pas assez impudent dans celui de Lafrance ; mais rien n'égale les grâces de Mme Gardel et de Mlle Bigottini et surtout celles de Mlle Gosselin l’aînée qui paroît trop tard et trop peu et que l'on ménage apparemment comme ces vins exquis que l'on ne sert qu'à la fin du repas et à petits verres.
Magasin encyclopédique, ou journal des sciences, des lettres et des arts, 20e année, 1815, tome II, p. 415 :
[Compte rendu bienveillant d’un ballet qui ne cherche évidemment pas l’originalité, puisqu’il reprend purement et simplement un opéra comique de Desforges, en ne modifiant que « quelques détails et […] des tableaux » que l’opéra comporte et que le ballet ne peut reproduire. Inutile donc d’en donner l’analyse, il suffit de dire que le ballet est « une petite composition » à laquelle ont contribué « tous les premiers sujets de la danse ».
ACADÉMIE IMPÉRIALE DE MUSIQUE.
L'Epreuve villageoise, ballet en deux actes.
Tout le monde connoît le joli petit opéra qui porte ce titre. On chante partout :
Adieu Marton, adieu Lisette,
Et :
Mon Dieu, mon Dieu, comme à c'te fête
Monsieur d'la France étoit honnête.
Nous ne donnerons donc pas l'analyse du ballet qui ne diffère de l'opéra comique que par quelques détails et par des tableaux auxquels le cadre de l'opéra permettoit de donner plus de développement.
L'idée de mettre la fête en action, étoit indispensable au succès de l'ouvrage. Tous les premiers sujets de la danse y figurent et ont coopéré à son ensemble.
Cette petite composition de M. Milon sera longtemps vue avec plaisir.
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