Les Enfans du bûcheron, comédie en trois actes et à spectacle, de Caigniez et Lemaire, musique d'Alexandre Piccini, ballets de Richard, 24 janvier 1809.
Théâtre de l'Ambigu-Comique.
Journal de Paris, n° 28 du 28 janvier 1809, p. 200-201 :
[Le compte rendu s'ouvre par le résumé de l'intrigue du mélodrame nouveau. Cet abrégé commence bien avant ce que montre la pièce, puisqu'il remonte à l'assassinat de Théobald, l'exécution de ses enfants, le sauvetage de l'un d'eux, adopté par la femme d'un bûcheron. A la mort de cette femme (et c'est le moment où commence la pièce), la vérité éclate : un des deux enfants de Théobald et d'Odalinde son épouse a survécu et est caché sous l'identité de l'un des deux fils du bûcheron, mais on ne sait lequel. Odalinde tente de retrouver son enfant, mais l'assassin de son mari, informé de la survie d'un des deux enfants tente de découvrir son identité. Comme il n'y arrive pas, il ordonne la mort des deux enfants, mais il en est empêché par Vordac, ami d'Odalinde, qui tue le traître. Le sujet, qualifié de roman, suscite l'intérêt par de nombreuses « situations dramatiques », bien enchaînées, auxquelles se mêlent « des scènes et des mots d'un assez bon comique ». L'article s'achève par la liste des auteurs, texte, musique et ballets, et par le constat d'un succès auquel « danses, costumes, décoratiosn » ont contribué?]
Théâtre de l'Ambigu-Comique.
Voici en abrégé le sujet du mélodrame nouveau (les Enfans du Bûcheron), qui attire depuis quelques jours la foule au théâtre de l'Ambigu Comique.
Le prince Théobald, a été assassiné par un de ses neveux, Loredin, qui a saisi pour commettre ce crime l'instant où la princesse Odalinde s'est absentée de son palais ; & qui, pour se maintenir dans l'usurpation de la couronne, a ordonné de massacrer dans un bois, les deux enfans de son souverain.
Ce second crime n'est exécuté qu'à moitié ; une des deux victimes, soustraite à la rage des assassins, est confiée à la femme du bûcheron Belleplante, qui venant elle même de perdre un de ses enfans, substitue adroitement celui de feu Théobald à la place du fils que Dieu lui a enlevé, & n'en dit rien à son mari.
Au bout de quelques années, cette femme meurt ; elle n'a encore rien avoué au bûcheron, mais elle lui a remis une boîte cachetée, en exigeant de lui le serment de n'en faire l'ouverture qu'au bout d'un temps déterminé, & Belleplante y a consenti. Une lettre que cette femme a écrite à un de ses frères, apparemment plus digne de sa confiance, contient au surplus le secret, & indique le lieu où la boîte a été déposée. Ce papier tombe entre les mains d'un honnête homme, qui se hâte d'en faire part à la princesse Odalinde, réfugiée chez un seigneur des environs ; & cette tendre mère, impatiente de revoir son enfant, dont elle avoit long-temps pleuré la mort, se rend aussitôt chez le bûcheron, déguisée en pauvre paysanne. Elle réclame son cher fils, mais le bûcheron a deux enfans, dont il se croit également le père, & lequel des deux est celui du Roi ? c'est ce qu'Odalinde ne sauroit dire. Le bûcheron, d'ailleurs, est un homme d'honneur, & ne veut pas se dessaisir d'un dépôt qu'il a promis de garder soigneusement.
Ce cruel mais juste refus, est bientôt suivi d'un autre contre-temps ; la lettre qui avoit été écrite au lit de la mort, par la femme du bûcheron, tombe entre les mains de Loredin, qui ordonne aussitôt de fouiller dans la cabane de Belleplante pour y découvrir la boîte mystérieuse, & pour s'assurer des deux enfans, qu'il met provisoirement sous la garde d'une paysanne. Cette paysanne, c'est Odalinde ; & l'homme qu'on a chargé de faire les perquisitions, est, par bonheur, dans les intérêts de la princesse. Il parvient à découvrir la boîte, mais, loin de la remettre à Loredin, il la fait passer au comte de Vordac, autre ami d'Odalinde, qui le dispose aussitôt à prendre la défense de cette mère infortunée.
Pendant ce temps, Loredin furieux, cherche vainement à connoître lequel des deux enfans trouvés chez le bûcheron, est celui de feu Théobald, désespérant d'y parvenir, il finit par ordonner la mort de ces deux innocentes créatures. Et Odalinde, qui a reconnu son fils, le trahit par un cri d'effroi. On saisit le malheureux enfant ; le fer et levé sur sa tête ; Vordac paroît & s'élance avec une troupe d'homme armés ; la victime échappe au coup mortel, & Loredin a cessé de vivre.
Ce roman, quoique fort intrigué, inspire beaucoup d'intérêt ; il abonde surtout en situations dramatiques, que l'auteur fait amener & disposer avec une adresse rare. On trouve d'ailleurs au milieu de tous ces tristes événemens des scènes & des mots d'un assez bon comique, qui font d'heureuses diversions, & annoncent une grande flexibilité de talent.
Les paroles font de MM. Caigniez & Lemaire ; la musique, de M. Alexandre Piccini ; & les ballets, de M. Richard. Danses, costumes, décorations, rien n'a été négligé dans cette pièce, pour lui assurer un brillant succès.
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