Créer un site internet

Les Espiègleries de garnison

Les Espiègleries de garnison, comédie en trois actes, mêlée d'ariettes, d’Edmond de Favières, avec la collaboration de Michel-Jean Sedaine, musique de Stanislas Champein, 21 septembre 1791.

Théâtre Italien

Titre :

Espiègleries de garnison (les)

Genre

comédie mêlée d’ariettes

Nombre d'actes :

3

Vers / prose

prose, avec des couplets en vers

Musique :

ariettes

Date de création :

21 septembre 1791

Théâtre :

Théâtre Italien

Auteur(s) des paroles :

Edmond de Favières et Michel-Jean Sedaine

Compositeur(s) :

Stanislas Champein

Almanach des Muses 1793

Trois ou quatre espiégleries de jeunes militaires. Quelques idées assez plaisantes. Des morceaux agréables dans la musique, elle est de L. Champein.

Sur la page de titre de la brochure,Paris, chez Brunet, 1792 :

Les Espiègleries de garnison, comédie, en trois actes, mêlée d'ariettes. Représentée par les Comédiens Italiens, le 21 septembre 1791.

Mercure universel et correspondance nationale, tome 7, n° 206 du jeudi 22 septembre 1791, p. 351 :

[La pièce a réussi, et elle tient ce que le titre promet  le critique se contente d'en résumer l'intrique, une suite de bêtises faites par trois militaires. Ce résumé ne comporte pas d'allusion à une intrigue amoureuse (c'est rare !). Le critique a remarqué « quelques vers bien tournés » : faut-il en conclure que tous les autres ne le sont pas ? Le critique souhaiterait que certaines « expressions de mauvais goût » soient supprimées. Comme le sujet ne comportant pas d'intérêt, il n'a pas vraiment de dénouement : elle s'arrête avec la fin de la journée... La musique est rapidement jugée, de façon positive. Les auteurs demandés ont été nommés, l'auteur du texte par une autre de ses œuvres (Monsieur Favières), le compositeur par son nom. L'interprétation est jugée satisfaisante, et un chanteur est mis en avant.]

Theatre Italien.

Les Espiégleries de la Garnison, comédie en 5 actes, mêlée d’ariettes, ont réussi hier à ce théâtre.

Trois jeunes militaires, qui ont mauvaise tète et bon cœur, et l'habitude d'oublier la morale en l'écoutant, font tous les jours de nouvelles espiègleries. L’un, pour s'échapper de chez sa maîtresse, brise une croisée et saute dans la rue, l'autre pour empêcher un vieux jaloux de sortir et voir celle qu’il aime à un déjeûner où il l'attend, change un écriteau de place, et met sur la maison du jaloux, maison à louer, afin que le nombre d’étrangers qui en auroient envie vinssent l’assaillir. Une patrouille poursuit le sauteur, obligés de chercher des subterfuges, tous trois prennent les noms du capitaine-commandant, du lieutenant, et du major ; en sorte que le brigadier qui fait son rapport au major, homme âgé, en reçoit pour réponse :

« Hélas , monsieur , je ne casse plus de vîtres ».

Néanmoins, il paie les vîtres ; mais condamne aux arrêts nos trois étourdis et sort. Nos espiègles commandent un fort bon souper, mais regrettant de ne pouvoir aller au bal, ils imaginent pour tromper la sentinelle, l’un de sauter par la fenêtre, l’autre de monter par la cheminée, le troisième de se cacher dans un porte-manteau, qu’un valet emporte sans s'en douter ; enfin le plus espiègle des trois se déguise en femme, cajole au bal le major qui le ramène dans sa voiture chez lui, où il apprend la manière dont chacun est allé vaquer à ses plaisirs, et charmé de leurs gentillesses, consent à souper avec eux et en payer les frais.

L’on voit par ce récit que ce ne sont que des espiégleries ; nous avons quelquefois remarqué' des vers bien tournés ; il seroit à souhaiter que l'auteur fit [sic] disparoître des expressions de mauvais goût. Ce sujet ne comporte point d’intérêt, aussi le dénouement n’est-il pas heureux et ne présente que la fin des espiègleries de la journée. La musique nous a paru agréable et chantante, et plusieurs airs fort bien dessinés.

On a demandé les auteurs, celui des paroles est le même qui a fait Paul et Virginie. Celui de la musique est M. Champein , connu par plusieurs succès.

La pièce est fort bien rendue. La manière de chanter de M. Solier, sûre et fleurie, lui a mérité des applaudissemens.

L’Esprit des journaux français et étrangers, 1791, volume 12 (décembre 1791), p. 325-329 :

[L’auteur du compte rendu choisit d’être indulgent envers une pièce qui ne manque pas d’invraisemblances et dont les espiègleries ne sont pas très fines, mais qui a eu le mérite de faire rire avec certaines scènes et certains détails. Il félicite les acteurs (en particulier pour la scène de travestissement).

Le creps (ou krabs) est un jeu de dés dont on trouvera les règles dans la Grande encyclopédie méthodique, universelle, illustrée des jeux et des divertissements de l'esprit et du corps de T. de Moulidars [188], p. 113.]

THÉATRE ITALIEN.

Le mercredi 21 septembre, on a donné la premiere représentation des Espiegleries de Garnison, comédie en trois actes, en prose, mêlée d'ariettes de la composition de M. Champein.

Trois officiers, Linval, de Versac & Valcour, tous trois exacts à leur devoir, mais jeunes, légers, inconséquens & doués d'un excellent cœur, mais d'une très-mauvaise tête, s'amusent, pendant les loisirs que leur laisse le service, à jouer mille & mille tours. L'un d'eux vient de s'échapper d'une maison où il étoit en bonne fortune ; par une fenêtre dont il a brisé toutes les vitres. Il est poursuivi par une patrouille qui se présente en effet pour arrêter ces trois jeunes gens qu'elle rencontre dans les rues à une heure indue. Ils s'avisent de prendre chacun le nom d'un de leurs officiers supérieurs, & le caporal se retire dans l'intention d'arranger cette affaire. Linval aime une jeune personne qu'il voudroit voir au bal, sans qu'elle fût accompagnée de Fierville, son prétendu. Valcour trouve un moyen de retenir Fierville chez lui. Il y a en face de la maison de ce dernier, une maison à louer : nos trois jeunes gens en détachent l'écriteau & vont l'attacher à la porte de Fierville. Bientôt l'un d'eux se présente comme pour voir sa maison : refus de porte de la part de Fierville. Un commissaire arrive & force le propriétaire à faire voir sa maison, attendu qu'il y a un écriteau qui indique qu'elle est à louer.

Tous ces tours ne peuvent pas rester ignorés : M. de Saìnt-Castin, major du régiment, est un vieillard très-doux & très-indulgent : le caporal de la patrouille vient lui presenter un mémoire de 24 liv. pour des vitres qu'il a cassées pendant la nuit. M. de Saint- Castin, dont l'un des trois jeunes gens avoit pris le nom, s'étonne, & répond au caporal que depuis long-tems il ne casse plus de vitres ; mais celui- ci insiste : il nomme les deux autres personnes dont il prétend que le major étoit accompagné, & celui-ci est indigné de voir qu'on l'a compromis, ainsi que le lieutenant-colonel & le capitaine-commandant, deux autres barbons incapables de ces sottises. Fierville vient se plaindre aussi, & le major, étourdi de ces cris, & qui apprend par un valet, quels sont les délinquans, se décide à les mettre aux arrêts. Valcour est invité à un bal charmant : sa sœur arrive ce soir-là même : sa tante l'envoie chercher pour recevoir cette sœur chérie : vain espoir ! il faut qu'il garde la chambre, lui & ses deux camarades.... Que faire pour ne pas s'ennuyer ? Ils veulent jouer un creps ; mais ils se décident à envoyer plutôt leur argent à un pauvre fourrier malade & qui est chargé de famille. En même tems ils commandent un superbe repas ; mais Valcour trouve un expédient pour aller au bal. Une seule sentinelle est à leur porte : il n'y en a point sous la croisée : Valcour & Versac cachent le jeune Linval dans un porte-manteau de voyage, & le valet le porte ainsi, aux yeux de la sentinelle, chez un de leurs amis communs : Versac se sauve par la cheminée, & Valcour s'échappe par la fenêtre & va se déguiser en femme, afin de passer pour sa sœur aux yeux du major. Cependant le valet, qui n'est point dans la confidence, a fait préparer le souper : il va même faire du feu dans la cheminée, lorsque Versac en redescend à son tour du bal. Linval remonte par la fenêtre, & le major lui-même a ramené, dans sa voiture, Valcour déguisé en jeune personne, & à qui le barbon dit des douceurs. On demande où est Valcour ; on dit qu'il repose, & à l'instant on entend une fanfare de trompette, ce qui effraie le major & le force à sortir. Ce signal, convenu avec un ami du dehors, donne le tems à Valcour de reprendre ses habits : le major rentre avec celui qui a sonné de la trompette, & qui s'excuse sur ce qu'il prenoit une leçon ; le major pardonne tout, leve les arrêts & veut payer le souper : alors les trois étourdis, pressés par le remords, lui dévoilent toutes leurs espiègleries, & le major, qui en rit tout bas, leur pardonne une seconde fois.

Ce dénouement n'a pas dû coûter beaucoup à l'imagination de l'auteur : mais il est probable qu'il a hasardé cette piece comme une bagatelle sans prétention, & on l'a écoulée sur ce pied là. Tout en remarquant les invraisemblances & le peu de finesse de la plupart de ces Espiègleries, on a ri de quelques scenes & de quelques détails ; on a même demandé les auteurs : celui des paroles a déja donné Paul & Virginie. On a applaudi plusieurs airs agréables de M. Champein, & particulierement un quatuor au troisieme acte. Mais les talens & le succès des auteurs, dans d'autres circonstances, ont rendu difficile, & ont donné le droit d'attendre d'eux davantage.

M. Michu a fait le. rôle de Versac : il a fort amusé dans la scene où il paroît en femme. M. Solier mérite aussi des éloges particuliers : il n'est pas possible de mettre une carricature plus plaisante dans le rôle du major, rôle d'ailleurs le mieux fait de la piece. II n'y a de femme dans cette comédie, qu'une soubrette qui paraît un instant Mlle. Carline est l'un des trois officiers.

Dans la base César : l'auteur est Edmond de Favières, le compositeur Stanislas Champein.

La pièce a été jouée 9 fois, du 21 septembre 1791 au 30 mars 1792 au Théâtre Italien (salle Favart).

Ajouter un commentaire

Anti-spam