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Fabius

Fabius, tragédie lyrique en trois actes, de Martin, musique de Le Froid de Méreaux. (9 août 1793).

Opéra national.

Selon la base César, Martin, c'est Marie-Joseph-Désiré Martin, mais pour le Catalogue Général de la BNF, c'est soit Jean-Martin Barouillet, soit Joseph Martin.

Titre :

Fabius

Genre

tragédie lyrique

Nombre d'actes :

3

Vers / prose

en vers

Musique :

oui

Date de création :

9 août 1793

Théâtre :

Opéra national

Auteur(s) des paroles :

Marie-Joseph-Désiré Martin

Compositeur(s) :

Le Froid de Méreaux

Almanach des Muses 1794

Une partie des événemens de la seconde guerre Punique. Fabius revient vainqueur et refuse le triomphe. Sujet un peu froid. Allusions applaudies. Du mérite dans la musique.

Réimpression de l'ancien Moniteur, volume 17,Gazette nationale ou le Moniteur universel, n° 228, vendredi 16 août 1793, p. 398 :

[Article repris dans l’Esprit des journaux français et étrangers, tome 9 (septembre 1793), p. 297-299.

Le jugement porté sur cette tragédie est écartelé entre deux points de vue : sur le plan dramatique, la pièce est jugée mauvaise (Fabius n’est « pas exempt de reproches ni du côté de l‘action, qui est presque nulle, ni du côté du style, qui est extrêmement négligé ») ; mais la pièce est remplie « d’allusions aux circonstances présentes », elle veut «  développer les sentiments du patriotisme le plus pur et le plus ardent », et pour cela, elle n’hésite pas à trahir l’histoire, trahisons dont le critique donne plusieurs exemples, mais « toutes ces inexactitudes sans doute volontaires sont bien rachetées par les traits de patriotisme dont cet ouvrage est rempli d‘un bout à l'autre ». La musique est jugée (positivement) en une phrase, et rien n’est dit de l’interprétation.]

THÉATRE DE L'OPÉRA.

On vient de donner sur ce théatre une tragédie lyrique en trois actes, intitulée Fabius; paroles de Martin, musique de Méreaux.

Annibal s'avance vers Rome. Le peuple, effrayé de son approche, veut fuir. Métellus l'arrête, en lui représentant que ce n'est pas hors de Rome qu'il doit se réunir pour défendre sa liberté ; que ses ennemis les plus dangereux sont des étrangers répandus dans son enceinte, qui y sement le trouble & la division ; qu'il faut les surveiller pour se défendre de leurs complots ; mais Fabius est dictateur ! on doit tout attendre de ce général, dont la lenteur prudente saura triompher de la furie des Carthaginois. En effet, Paul-Emile vient annoncer qu'Asdrubal, frere d'Annibal, vient d'être arrêté dans Rome. Le peuple se fie aux loix du soin de son supplice, & fait serment de sauver la patrie & de respecter les personnes & les propriétés. Au second acte, les dames romaines viennent offrir des dons patriotiques ; le grand-prêtre prophétise une paix prochaine & durable. Proculus rend compte du supplice d'Asdrubal, & annonce le retour de Fabius vainqueur. Tout le monde va au-devant de lui. Au troisieme, Fabius arrive enfin ; il rend compte de sa victoire, & se démet de la dictature. On donne aux alliés le titre de citoyens romains ; Valérie, femme de Fabius, vient couronner le triomphateur, qui obtient la liberté des captifs, & l'opéra finit par une marche triomphale.

S'il falloit considérer cet ouvrage du côté dramatique, & le juger selon son mérite poétique & littéraire, il ne seroit pas exempt de, reproche, ni du côté de l'action, qui est presque nulle, ni du côté du style, qui est extrêmement négligé. Mais il paroît que l'auteur a tout sacrifié au désir de présenter une foule d'allusions aux circonstances présentes, & de développer les sentimens du patriotisme le plus ardent. II a parfaitement réussi dans ces deux points ; les allusions y sont d'autant plus sensibles, que l'auteur ne s'est pas cru obligé de se conformer à l'histoire, dont il s'écarte à tout moment. Il parle sans cesse de rois coalisés, &c. quoiqu'il sache très-bien qu'il n'étoit pas question de rois dans les guerres puniques. Carthage étoit une république ainsi que Rome ; il fait prédire une paix prochaine par le prêtre de Saturne, & cette guerre dura encore dix ans. Rome ne voulut jamais la paix avec aucune puissance tant qu'elle se crut en état d'opprimer, &c. Toutes ces inexactitudes, sans doute volontaires, l'auteur a cru les racheter par les traits de patriotisme dont cet ouvrage est rempli d'un bout à l'autre. Ce sentiment a produit tout son effet sur les spectateurs, & assure le succès de l'ouvrage ; la musique n'a pas moins fait de plaisir, & a paru digne de la réputation de son estimable compositeur.

Dans la base César : l'auteur est Marie-Joseph-Désiré Martin, le compositeur Nicolas-Jean Le Froid de Méreaux. Première représentation le 9 août 1793. 18 représentations jusqu'au 6 février 1794, toutes à l'Opéra (salle de la Porte Saint-Martin). Le Catalogue Général de la BNF atribue le texte de Fabius soit à Jean-Martin Barouillet, soit Joseph Martin.

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