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La Famille indigente

La Famille indigente, fait historique en un acte, mêlé de musique, de Planterre, musique de Gaveaux, 4 Germinal an 2 [24 mars 1794].

Théâtre de la rue Feydeau

Titre :

Famille indigente (la)

Genre

comédie mêlée de musique

Nombre d'actes :

1

Vers / prose ?

en prose, avec des couplets en vers

Musique :

oui

Date de création :

4 germinal an 2 [24 mars 1794]

Théâtre :

Théâtre de la rue Feydeau

Auteur(s) des paroles :

Planterre

Compositeur(s) :

Gaveaux

Almanach des Muses 1795.

Trait tiré d'une Ydille de Gessner.

Paul Grandin, ruiné par un procès, habite une chaumière avec sa femme et ses enfans. Il fait un temps affreux : il n'a pas un morceau de pain à leur donner : il va sur le grand chemin, et rencontre un voyageur, chargé d'une valise renfermant quarante mille livres : il lui demande la bourse ; le voyageur lui donne deux billets de cinquante livres : il ne prend que cinquante sols, et vole acheter du pain à sa famille. Il se trouve à la fin que le laboureur se nomme Thomas Grandin, et qu'il cherche par-tout son cousin Paul, pour lui remettre quarante mille francs, parce qu'il a vu dans ses papiers qu'il avoit perdu injustement son procès.

De la sensibilité, des situations un peu romanesques : de la mélodie et des effets dans la musique.

Sur la page de titre de la brochure, Paris, chez Huet, 1797 – an V :

La Famille indigente, fait historique en un acte, mêlé de chant : Représenté pour la première fois, à Paris, sur le Théâtre de la rue Feydeau, le 4 Germinal, an 2 de la République, 24 Mars 1795. Paroles du C. Planterre, Musique du C. Gavaux.

Après la liste des acteurs, le décor est présenté ainsi :

La Scène est double ; la moitié du Théâtre à droite du Spectateur représente l'intérieur d'une Cabane où sont quelques mauvais Meubles, une Chaise, deux ou trois Escabeaux. Sur le devant de la scène, contre le mur qui est au milieu du théâtre, on voit une cheminée où il y a du feu ; plus loin, du même côté, est la porte d'entrée qui ouvre en-dedans ; en face de la cheminée, est une porte de cabinet, et plus loin un mauvais coffre.

L'autre côté du Théâtre représente une Forêt, une Montagne au fond, un banc de pierre sur l'avant-scène. Toute cette partie du théâtre, ainsi que le toît de la Cabane, doivent être couverts de neige ; il en tombe encore à la levée du rideau.

L'Esprit des journaux français et étrangers, vingt-troisième année, tome V (mai 1794), p. 261-264 :

[La pièce est l’illustration d’une anecdote déjà traitée au théâtre, d’un malheureux indigent qui attaque un voyageur pour acheter du pain à sa famille. Ici, l’anecdote est traitée de façon très morale : le père indigent ne veut que du pain pour sa famille,e t le voyageur attaqué a d’abord pitié de tant de misère. Et il se révèle être un cousin de l’indigent, à qui il apporte une forte somme qu’il estime lui appartenir : la famille indigente accède ainsi au bonheur (ou du moins à l'aisance...). La pièce a réussi : « toutes les fois qu'on attaque le sentiment, fût-on même un peu romanesque, on est sûr. de réussir » (la recette est-elle vraiment universelle ?). Ce qui a conduit à ce succès, c’est « des détails naturels, des situations, de la délicatesse dans les principes, & de la sensibilité ». Les auteurs sont cités, avec mention particulière du musicien. Les acteurs ont bien joué, les décors comme l’exécution (acteurs et orchestre) est remarquable.]

THÉÂTRE DE LA RUE FEYDEAU.

La. famille indigente , opéra en un acte.

Tout le monde connoît l'idylle de Gessner, intitulée Eraste, dans laquelle un malheureux indigent, ne pouvant donner un pain de quatre livres à sa pauvre famille, prend le parti extrême d'attaquer un voyageur sur la grande route, & de lui demander la bourse ou la vie. C'est ce trait, déjà mis sur un théatre du boulevard, qui a fourni le sujet de la Famille indigente, comédie en un acte, mêlée de musique, donnée derniérement sur ce théatre, avec un succès .brillant & mérité. Paul Grandin, ruiné par un procès que son pere a perdu contre sa famille, habite une chaumiere avec sa femme & ses trois enfans en bas âge. Il neige, il fait un tems affreux, & cette malheureuse famille n'a pas un morceau de pain !.... Paul Grandin n'a trouvé aucune ressource ni dans ses débiteurs, ni dans ses amis. Il va faire encore un dernier effort, tandis que son fils aîné va ramasser, dans la forêt, quelques branches de bois mort pour faire du feu...... Un laboureur passe par hasard, chargé d'une valise, dans laquelle il y a un dépôt de quarante mille livres. Cet homme va à la commune prochaine ; mais il ignore sa route..... Paul Grandin, accablé de douleur, arrête ce voyageur, lui demande de l'argent : le laboureur, le prenant pour un-voleur, lui donne deux billets de- cinquante francs ; mais l'indigent se contente d'un billet de cinquante sols, & vole acheter du pain à sa famille. Cependant son fils, qui étoit allé chercher du bois, rencontre, à son tour, le voyageur, & lui propose de l'accompagner jusqu'à la commune qu'il cherche ; mais avant, il l'engage à entrer se chauffer dans la chaumiere. Le laboureur y consent, & conte a la femme de Grandin qu'il a été attaqué par un voleur d'une singuliere espece. Celle ci le fait reposer, & Paul Grandin arrive avec du pain : honte de celui-ci, surprise du voyageur, qui, frappé de l'indigence de cette famille, lui offre des secours.... Tout s'éclaircit bientôt. Il se trouve que le laboureur s'appelle Thomas Grandin ; qu'il cherche par tout son cousin Paul Grandin, pour lui remettre quarante mille francs. En parcourant ses papiers, le bon laboureur a vu que le pere de Paul avojt perdu jnjustement son procès. Pénétré des sentimens qu'inspire la vertu, il a rougi de posséder un bien qui ne lui appartenait .pas & il s'est mis en voyage pour en faire la restitution. On conçoit la joie de toute cette famille, qui va maintenant jouir d'un bonheur inaltérable.

Cette jolie piece étoit d'un effet sûr. Toutes les fois qu'on attaque le sentiment, fût-on même un peu romanesque, on est sûr. de réussir. Des détails naturels, des situations, de la délicatesse dans les principes, & de la sensibilité, voilà ce qui fait le mérite de cet ouvrage aimable, qui a eu un succès complet.. On a demandé les auteurs ; Planterre s'est présenté pour le poëme, & Gaveaux pour la musique, qui offre des effets, & cette douce mélodie qui caractérise ce jeune compositeur : son ouverture est digne de nos grands-maîtres, & plusieurs morceaux de chant ont été applaudis avec ivresse. Cet ouvrage simple, mais intéressant, est joué avec un grand soin. La décoration en est pittoresque, & l'exécution parfaite, tant de la part des acteurs que de celle de l'orchestre, dont on connoît le mérite & l'ensemble.

(Annonces & avis divers.)

Dans la base César : 40 représentations en 1794 (à partir du 24 mars) ; 18 en 1795 ; 20 en 1796 ; 11 en 1797 ; 13 en 1798 ; 3 en 1799 (très majoritairement au Théâtre Feydeau). Soit 104 représentations.

Et elle est encore jouée au début du 19e siècle.

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