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La Fausse apparence ou le Jaloux malgré lui

La fausse Apparence ou le Jaloux malgré lui, comédie en trois actes et en vers, d'Imbert, 24 avril 1789.

Théâtre françois

Titre

Fausse apparence (la), ou le Jaloux malgré lui

Genre

comédie

Nombre d'actes :

3

Vers / prose ?

en vers

Musique :

non

Date de création :

24 avril 1789

Théâtre :

Théâtre Français

Auteur(s) des paroles :

Imbert

Almanach des Muses 1791

Idée très-comique. Un mari peu porté à la jalousie, forcé continuellement par de fausses apparences à redevenir jaloux malgré lui.

Je souffle le flambeau, le diable le rallume :

Ce vers plaisant échappe à son impatience. Tout finit par s'éclaircir, comme de coutume.

Situation piquante, mais peut-être trop péniblement combinée.

Sur la page de titre de la brochure, Paris, chez Prault, 1789 :

La Fausse Apparence, ou le Jaloux malgré lui, comédie en trois actes et en vers ; par M. Imbert. Représentée, pour la première fois, par les Comédiens François ordinaires du Roi, le vendredi 24 Avril 1789.

Mercure de France, n° 20 du samedi 16 mai 1789, p. 129-131 :

[Le compte rendu s’ouvre par le résumé de l’intrigue, puis évoque les longueurs perçues à la première, et disparues de puis, si bien que le succès de la pièce a été croisant de représentation en représentation. La suite énumère les qualités d eal pièce, développement des caractères, du style (« facile, spirituel & fleuri »), du dialogue (« vrai, rapide »). Le critique attend la publication de la pièce pour montrer qu’elle méritait les éloges qu’elle a reçus. La distribution est jugée de qualité, avec une mention spéciale de Mlle Contat.]

Comédie Françoise.

Le Vendredi 24 on a donné la première représentation de la fausse Apparence, ou le Jaloux malgré lui, Comédie en trois Actes & en vers.

Un homme de Cour en crédit est le mari d'une très-jolie femme qu'il aime autant qu'il en est aimé. Il a en même temps une sœur qu'il a promis de donner en mariage à un Grand disgracié. Un ami qui cherche à éviter les premières suites d'une affaire malheureuse, se retire chez lui, y inspire de l'amour à sa sœur, & en devient lui-même très-amoureux. On réclame les secours de la femme pour parvenir à rompre le mariage projeté. L'intérêt que celle-ci prend aux deux Amans, l'idée qu'elle a conçue qu'ils ne peuvent être heureux que l'un par l'autre , lui font employer tous les moyens qu'elle croit susceptibles de conduire au succès. De sa naïveté, de l'amitié qu'elle a pour sa belle-sœur, il résulte des incidens qui font naître la jalousie dans l'ame du mari. En vain il veut la repousser, les circonstances semblent se succéder exprès pour en motiver les mouvemens. Enfin la sœur se décide à faire connoître à celui qu'on lui avoit destiné pour époux, la véritable situation de son cœur. La lettre où elle s'explique, mise sous les yeux du frère, lui démontre son erreur, la paix rentre dans la maison, & les deux Amans s'unissent.

A la première représentation de cette Comédie, on avoit remarqué quelques longueurs, on pourroit même dire des inutilités. L'Auteur les a fait promptement disparoître : la marche de l'action y a gagné tout ensemble plus de rapidité, plus de vraisemblance & plus de clarté. Le succès, qui pourtant n'avoit pas été équivoque, malgré quelques murmures, n'a point été contredit à la seconde représentation, & la troisième l'a fixé. On a généralement remarqué l'art avec lequel le Jaloux & sa femme, qui se trouvent souvent dans des situations très-piquantes, développent leur caractère, & se contrastent perpétuellement par un jeu très-comique & très-naturel. Le style est facile, spirituel, & fleuri. Le dialogue est vrai, rapide, & il brille par les détails. Le mérite de cet Ouvrage ne peut être bien senti qu'à la représentation ou à la lecture. Dès qu'il sera imprimé, nous y reviendrons, & nous espérons prouver que c'est à juste titre qu'il a reçu des éloges dans tous les Ecrits périodiques.

Les principaux rôles de cette Pièce ont été fort bien joués par MM. Molé & Fleury, par Madame Petit, & par Mlle. Contat, qui, dans le rôle de la sœur, nous paroît avoir mérité une mention particulière.

Mercure de France, n° 25 du 20 juin 1789, p. 98-99 :

[Un mois après le compte rendu de la pièce, le Mercure publie un poème à la gloire de la pièce d'Imbert.

Les Contes orientaux, ou les Récits du sage Caleb sont parus en 1779, à Constatinople, sans nom d'auteur (Mademoiselle M***) et sont l'oeuvre de Marie Moreau, dame Monnet: on trouve une notice sur elle dans la France litteraire, ou Dictionnaire bibliographique de J. M. Quérard, volume 6 (1834), p. 212.]

Vers à l'Auteur d'une jolie Comédie.

        Imbert, reçois mon compliment.
        L'esprit, la gaîté, la décence,
    Des vers heureux, de ta Fausse Apparence,
        Ont fait un Ouvrage charmant.

        Point de personnages choquans,
        Point de vicieux détestables ;
Deux caractères neufs, tous les autres piquans,
        Huit ou dix Scènes délectables.
        Un mot aussi sur tes Acteurs !
        O le plus heureux des Auteurs,
        Tu t'en saisis, tu les enrôles ;
        Exprès pour toi, le Ciel les fit,
Ou bien exprès pour eux, tu sais faire des rôles.
Molé, brillant & vrai.... J'aime bien ce qu'il dit !
Contat met dans ses yeux tout l'esprit d'une pièce ;
    Et la Marquise.... (1) Ah !,qu'elle m'intéresse !
Elle a trop de bonté pour être sans esprit (2).
Du Marquis, je conçois les craintes, le dépit;
On peut être jaloux d'une femme jolie,
    Lorsque l'Amant est joué par Fleury.

        Tu sais qu'on aime à la folie
        Le jeu vif & fin de Joly.

        De tout cela j'étois ravie,
        Quand une sourde émotion...
        Qui se défend l'ambition,
        Et même l'émulation,
        Pourroit-il connoître l'envie ?
    Ah ! jusqu'ici belle prose, doux vers,
        Aucun succès dans l'Univers
        Ne m'a causé de jalousie.
    Mais pourquoi donc certaine fantaisie ? …
    Plus j'examine.... en vérité, je crois,
        Que le Jaloux, revu cinq fois,
        Et dont je reparle sans cesse,
Ne veut pas que j'échappe à la commune loi !
Ce Jaloux malgré lui me rend, je le confesse,
        Un peu jalouse malgré moi.

(Par l'Auteur des Contes Orientaux.)

(1) Mad. Petit.

( 2 ) Ce vers est la parodie d'un vers charmant, qui seul caractériseroit la Marquise :

Elle a tant de bonté, qu'on la croit sans esprit.

(Notes de l'Auteur.)

L’Esprit des journaux français et étrangers, 1789, tome VI (juin (1789), p. 300-302 :

On a donné le jeudi 24 avril, la premiere représentation de la Fausse apparence, ou le Jaloux malgré lui, comédie en trois actes, & en vers.

Le chevalier d'Ouval, poursuivi pour un duel, a trouvé un asyle chez un marquis puissant à la cour, & qui lui offre ses services. Le marquis a une femme très-jolie, & une sœur qui ne l'est pas moins. Il destine sa sœur à un comte de ses amis : mais celle-ci qui aime le chevalier, & qui en est aimée, n'est nullement disposée à remplir ses intentions. Dans cette circonstance elle invite la marquise à presser son époux de s’intéresser vivement à l’affaire du chevalier, espérant par-là au moins différer un mariage qui lui est odieux. La marquise se rend avec plaisir aux désirs de sa belle-sœur.

Cependant le marquis a reçu une lettre dans laquelle on l'engage à veiller le chevalier qu'on dit être amoureux de la marquise. Le marquis ne tient d'abord aucun compte de cet avis, parce qu'il ne veut point être jaloux. Néanmoins, trompé par de fausses apparences, il commenee à soupçonner les intentions du chevalier; au moment où sa femme vient lui parler en faveur de ce dernier, il croit avoir perdu la tendresse de la marquise. Son erreur dure assez long-tems ; mais au moyen d'un billet que sa sœur a écrit à son futur époux, & dans lequel elle avoue son penchant pour le chevalier, elle est entiérement dissipée ; le marquis avoue ses torts : sa femme lui pardonne; & les deux amans sont unis.

Cette piece, qui est de M. Imbert, a été favorablement accueillie ; le sujet en est neuf & piquant, & le style agréable & facile. On auroit déliré plus de vivacité dans l'action ; mais ce défaut peut être aisément corrigé, & il disparoîtra sans doute aux représentations suivantes. C'est ce qui est arrivé à la seconde ; & la piece a eu un plein succès.

(Journal général de France ; Journal de Paris.)

Étienne et Martainville, Histoire du Théâtre-Français depuis le commencement de la Révolution, tome I (an x – 1802), p. 15-17 :

Le 24 avril, on donna la première représentation de la Fausse Apparence, ou le Jaloux malgré lui, comédie en trois actes et en vers, par Imbert. En voici l’analyse :

 Un homme fort en crédit à la cour est le mari d’une très-jolie femme, qu’il aime autant qu’il en est aimé. Il s’est bien promis surtout de ne jamais troubler leur bonheur commun par l’odieux sentiment de la jalousie. Il doit marier sa sœur à un grand, disgracié : un ami, qui cherche à éviter les premières suites d’une affaire malheureuse, se relire chez lui, inspire de l’amour à sa sœur, et en devient-lui-même très-amoureux. On réclame les secours de la femme, pour parvenir à rompre le mariage projeté. L'intérêt que celle-ci prend aux deux amans, l’idée qu’elle a conçue qu’ils ne peuvent être heureux que l’un par l'autre, lui font employer tous les moyens qu'elle croit susceptibles de conduire au succès. De sa naïveté, de l’amitié qu’elle a pour sa belle-sœur, il résulte des incidens qui font naître la jalousie dans l’ame du mari. En vain il veut la repousser ; les circonstances semblent se succéder exprès pour en motiver les mouvemens. Enfin la sœur se décide à faire connaître, à celui qu’on lui avait destiné pour époux, la véritable situation de son cœur. La lettre où elle s’explique, mise sous les yeux du frère, lui démontre son erreur. La paix rentre dans la maison, et les deux amans s'unissent.

Cette pièce, bien écrite, renferme quelques détails piquans ; mais des invraisemblances et beaucoup de longueurs nuisirent à son effet théâtral : malgré l'accueil favorable qu'elle reçut, elle n’eut que cinq représentations, et n’a jamais été reprise.

Dans la base César : 5 représentations, du 24 avril au 24 mai 1789, au Théâtre de la Nation.

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