La Fausse Paysanne, ou l'heureuse Inconséquence, Comédie en trois actes, en vers, mêlée d'Ariettes, représentée par les Comédiens Italiens, le 26 mars 1789. Paroles de M. de Piis, Musique de M. [Girard] de Propiac. Paris, Brunet, in-8°. de 118 pages.
Théâtre Italien
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Titre
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Fausse Paysanne (la), ou l’heureuse inconséquence
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Genre
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comédie
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Nombre d'actes :
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3
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Vers / prose ?
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vers
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Musique :
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non
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Date de création :
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26 mars 1789
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Théâtre :
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Théâtre Italien
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Auteur(s) des paroles :
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M. de Piis
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Compositeur(s) :
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M. Girard de Propiac
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Almanach des Muses 1790
Le jeune Marquis de Solanges a vu dans un parloir assez sombre sa cousine Julie de Saint-Clair qu'on veut lui faire épouser. Il va à la campagne dans une de ses terres, & y trouve une jolie Paysanne dont il devient amoureux, & dont il veut faire son épouse. Sa tante apprend cette nouvelle avec assez d'humeur. On amène Julie : sa tante reconnoît la jeune personne, & devine son projet. La prétendue Paysanne fait des reproches au jeune Marquis, lui parle de Julie ; Solange lui répond qu'il ne peut l'aimer. Le tout finit par l'union des deux jeunes gens.
Des longueurs, de la gaieté, des détails agréables.
Sur la page de titre de la brochure, Paris, et se trouve à Bruxelles, chez J. L. de Boubers, 1789 :
La fausse Paysanne, ou l'heureuse inconséquence ; comédie en trois actes, en vers, mêlée d'ariettes. Représentée pour la première fois, par les Comédiens Italiens Ordinaires du Roi, le Jeudi 26 Mars 1789. Par M. de Piis, la Musique de M. de Propiac.
Œuvres choisies d'Antoine-Pierre-Augustin de Piis, tome II, Théâtre (Paris, 1810), p. ii-iv :
[L'Éditeur a inséré avant le texte des pièces qu'il a choisies des extraits de journaux faisant la critique de ces pièces, dont cet article concernant la Fausse Paysanne (repris de l’Esprit des journaux français et étrangers, qui reprenait lui même à quelques détails près l’article du Mercure de France, n° 15 du 11 avril 1789, p. 86-89).
Le compte rendu commence par un assez long résumé de l’intrigue, intrigue très dans le goût du marivaudage. Des reproches : des longueurs (dont certaines sont jugées indispensables : on ne peut les reprocher vraiment à l’auteur, il faut bien rendre l’intrigue compréhensible. Sinon, « de jolis tableaux, des scènes bien faites, des situations attachantes, pittoresques, et partout de la gaieté » : la pièce a bien des qualités, dont celle d’être drôle quand tant de pièces ne font que larmoyer. La musique est également jugée de qualité, mais il faudrait que les « accompagnemens » soient plus en rapport « avec le chant principal ».]
Extraits de l'Esprit des Journaux.
Le jeudi 26 mars 1789 on a représenté pour la première fois la Fausse Paysanne, ou l'Heureuse Inconséquence, comédie en trois actes et en vers, par M. de Piis, musique de M. de Propiac.
Le marquis de Solanges devait épouser Julie de Saint-Clair sa cousine ; on la lui a fait voir une fois dans un parloir très-sombre, où à peine a-t-il fait attention à elle. Jeune, étourdi, volage, il n'envisageait alors les nœuds de l'hymen que comme un esclavage, et il a promptement oublié tout projet de mariage : las enfin du tourbillon de la ville, il veut goûter les plaisirs de la campagne, et il se rend dans une de ses terres. A cette époque madame de Vieux-Bois, tante de Julie et du marquis, et qui est en procès avec celui-ci, vient aussi dans une de ses terres pour y recueillir le prix de ses fermages, et Julie l'accompagne. On s'arrête d'abord à la terre du marquis. Julie demande à sa tante la permission d'y rester, sous le prétexte de passer quelques jours avec ses nourriciers, mais, en effet, parce.qu'elle a aimé son cousin dès qu'elle l'a connu, parce qu'elle brûle du désir d'en être aimée, enfin parce qu'elle se propose d'essayer, sous l'habit d'une paysanne, quel effet ses charmes peuvent produire sur le cœur de son parent. Le marquis ne tarde pas à la distinguer, à en devenir amoureux, et à lui faire une déclaration. Il la prend pour la fille de monsieur et de madame Gervais, ses fermiers, et il parle à peu près en homme qui veut séduire. La réserve de Julie, qui a pris le nom de Rose, sa sensibilité, sa pudeur, son adresse rendent le marquis à lui-même ; alors c'est tout de bon qu'il redoute des rivaux, qu'il éprouve le sentiment du véritable amour, qu'il projette un mariage. Quand madame de Vieux-Bois revient, elle n'apprend pas sans humeur que son neveu a le dessein d'épouser une paysanne ; elle veut l'en détourner : c'est en vain ; il a pris son parti, et il assure sa tante que Rose a tant de charmes, que dès qu'elle l'aura vu elle l'aimera. On amène Julie ; madame de Vieux-Bois la reconnaît, devine son projet, cesse de s'opposer à l'hymen du marquis. Celui-ci se croit au comble du bonheur ; mais il est bien étonné quand la prétendue Rose lui dit qu'elle ne veut pas épouser un trompeur, un infidèle ; lui parle de Julie, lui reproche sa légèreté avec elle, et l'engage à lui porter l'hommage de son cœur. Le marquis s'émeut, plaint Julie ; mais il déclare qu'il ne saurait l'aimer puisqu'elle ne ressemble point à Rose. Cette déclaration amène l'explication du stratagême, le dénouement et le mariage.
Il y a quelques longueurs dans cet ouvrage; nous ne reprocherons pas à M. de Piis celles qui se trouvent dans l'exposition, parce qu'elles étaient toutes, ou à peu près, indispensables à la clarté de l'intrigue ; mais nous lui reprocherons d'avoir trop multiplié les détails et les accessoires, parce qu'ils gênent la marche de l'action, la ralentissent, et nuisent à l'effet comique de quelques situations : pour répondre à ces reproches il ne faut faire autre chose que des coupures. Au reste la pièce a un intérêt de curiosité assez piquant ; elle offre de jolis tableaux, des scènes bien faites, des situations attachantes, pittoresques, et partout de la gaieté.
Ce mérite est aujourd'hui extrêmement rare au théâtre, et il doit faire encourager M. de Piis préférablement à ces larmoyeurs éternels qui, après avoir épuisé tous les ressorts de leur sensibilité factice, veulent nous réduire à voir remplacer Momus par les furies. On ne peut reprocher au style que quelques jeux de mots qui nous ont paru un peu recherchés ; cette tache fort légère ne l'empêche point d'être digne d'éloge ; il est facile, spirituel, aimable, et on y remarque souvent de la grâce.
La musique annonce que M. de Propiac, déjà connu par celle des Déesses Rivales, a fait des progrès dans l'intelligence de la scène ; il y a d'excellentes intentions dans ses morceaux d'ensemble, souvent des motifs heureux. Son chant a de la mélodie, quelquefois une expression juste et délicate ; mais quelquefois aussi ses accompagnemens n'ont pas un rapport assez marqué avec le chant principal. Nous l'invitons à prendre garde à ce défaut, sur lequel il sera facilement éclairé par l'étude et par l'expérience.
Les Trois déesses rivales est un divertissement en un acte, en vers, mêlé d'ariettes et de danses, de Piis, musique de Girard de Propiac, ballets de Frossard, créé le 28 juillet 1788.
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