La Feuille des bénéfices, d'auteur inconnu, 1er juillet 1791.
Théâtre de Molière.
La base César ne donne pas de définition de ce qu'est la pièce. Elle est d'auteur inconnu, et jouée une seule fois au Théâtre Molière le 1er juillet 1791.
La Gazette nationale ou le Moniteur universel, n° 182 du dimanche 1er juillet 1791 signale la représentation de la Feuille des bénéfices, sans préciser s'il s'agit de la première (et on peut penser qu'il s'agit bien de la première). Pas d'autre représentation signalée dans les jours qui suivent(vérification faite jusqu'au numéro du 10 juillet 1791).
Mercure universel, tome 5, n° 128, du 6 juillet 1791, p. 94-95 :
[Le compte rendu n'essaie pas d'être neutre : la pièce illustre bien les abus de l'Église, et aussi de l'État, les deux étant inséparables. Autour de cette feuille de bénéfices, très lucrative, tous les intérêts se concentrent, et l'intrigue aboutit à la double déchéance du « possesseur » de la fameuse feuille, puisqu'il perd sa source de revenus faciles et sa maîtresse. Rien sur le succès, l'interprétation, l'écriture : tout ce la n'intéresse pas le journaliste, concentré sur la question des abus politico-religieux.]
Théatre de Moliere,
Tout le monde parloit autrefois de la feuille des Bénéfices, il est curieux de savoir l'emploi qu'en faisoient des Prélats Sibarites. C'est ce que nous apprend le théatre de Molière dans une petite pièce intitulée la Feuille des Bénéfices.
Un Monseigneur, possesseur de cette feuille lucrative, n'en jouit pas. à son gré, elle est toute entiere à la disposition de Madame la comtesse, sa belle maitresse. Le secretaire de Monseigneur, selon son tarif ordinaire, retient le dixième sur les bénéfices. Il s'est élevé une grande dispute entre la Cathédrale et la Collégiale au sujet du pas et de la couleur des robes. Comme il est important pour l'édification des fideles que la Cathédrale soit placée plutôt à droite qu'à gauche, M. le secrétaire fomente les divisions et les procès pour mettre à contribution les parties. Un honnête curé demande un bénéfice pour un respectable pasteur qui a dépensé le peu dont il jouissoit à soulager les malheureux... Comme il n'a pas d'argent comptant, il est refusé net, et son ami jugé digne d'incarcération pour avoir prononcé les mots liberté, abus, réformes ; trois expressions proscrites et contraires à l'esprit des canons. M. le secrétaire délivre une lettre de cachet, parce qu'il en a toujours en blanc, pour emprisonner le vénérable curé ; mais ce dernier intéresse la maîtresse de monseigneur, il obtient grace et la comtesse faisant un prompt retour sur elle-même, reprochant au prélat ses perfides séductions, le laisse en proie au double désespoir de perdre au même instant sa maîtresse et ses feuilles de bénéfices.
Le tableau des abus fait apprécier leur destruction.
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