La Fille de la nature, ou Louise et Valborn, comédie en trois actes, en prose, imitée de l'allemand d'Auguste Lafontaine, de. Caigniez, 24 avril 1806.
Théâtre de l'Ambigu-Comique.
Sur la page de titre de la brochure, à Paris, chez Barba, 1809 :
La Fille de la nature, ou Louise et Valborn, comédie en trois actes, en prose, Imitée de l'allemand d'Auguste Lafontaine, Par M. Caigniez. Représentée, pour la première fois, à Paris, sur le théâtre de l'Ambigu-Comique, le 24 avril 1806.
Courrier des spectacles, n° 3367 du 25 avril 1806, p. 3 :
L’Ambigu-Comique vient d’ajouter à son répertoire une comédie en trois actes, la Fille de la Nature, ou Louise et Walborn. Beaucoup de gaîté, beaucoup d’intérêt ont mérité à cet ouvrage un succès très brillant. L’auteur est M. Caigniez.
Courrier des spectacles, n° 3368 du 26 avril 1806, p. 2 :
[L'article s'ouvre sur l'éloge de Caigniez, qui sait si bien adapter « à nos mœurs, à nos habitudes, aux bienséances théâtrales » ce qu'il emprunte aux Allemands. On retrouve ces qualités dans la pièce nouvelle : sagesse de la conception, qualité de l'écriture, gaîté, intérêt croissant. Le résumé de l'intrigue est censé confirmer ces propos flatteurs. Elle repose sur un malentendu, une confusion entre les personnages qui aboutit presque à empêcher le mariage attendu dans une comédie. Mais le malentendu se dissipe, et la belle jeune femme qu'on a soupçonnée bien à tort un instant, fait tomber tout le monde sous son charme. La pièce a eu beaucoupde succès, parce qu'elle est bien interprétée, « avec ensemble et intelligence », et parce que costumes et décors « sont riches et soignés »?]
Théâtre de l’Ambigu-Comique.
La Fille de la Nature, ou Louise de Walborn.
Cette fille de la nature est aussi la Fille de l’art ; elle doit sa naissance à M. Caigniez, auteur de plusieurs mélodrames qui lui ont acquis de la réputation. Ce qui distingue les productions de cet écrivain, c’est la sagesse dans les plans, la justesse dans les idées et la pureté dans le style. S'il emprunte quelque chose aux Allemands, il choisit avec goût, il n’admet que ce qui convient à nos mœurs, à nos habitudes, aux bienséances théâtrales. Il rejette tout appareil inutile, le faste des mots, et des pensées, le fracas des événemens, c’est sur-tout la raison qu’il prend pour guide.
La pièce qu’il vient de donner offre toutes ces qualités ; elle est conçue sagement, écrite avec goût, mêlée de beaucoup de gaîté, et surtout animée par un intérêt croissant.
Lindorf avoit un procès contre une Comtesse riche, jeune et belle. Dans ces cas, il est fort difficile de sortir victorieux de pareil débat. La Comtesse fait usage de l’ascendant de ses charmes, et captive tellement le président Walhorn, que Lindorf perd son procès, et se trouve réduit à la misère. Il se retire dans un village où il élève avec soin sa fille Louise, l’unique espoir de sa vieillesse. Il arrive assez volontiers au théâtre, comme dans les romans, que les fils sont destinés à réparer les fautes de leurs pères. Le hazard amène dans le village Charles, fils du président de Walborn. Il voit Louise, il est épris de ses charmes, et se décide aussitôt à vivre au village pour offrir des hommages plus assidus au nouvel objet de-sa tendresse. Il achète une terme sous-le nom de son valet Williams, qui l'a suivi. Le voilà donc, oubliant son père, la ville, la présidence, et tous les tribunaux, et s’occupant uniquement de son amour. Wàlborn, étonné de l’absence subite de Charles, le fait chercher, et découvre sa retraite. Il avoit un frère colonel de hussards ; le frère part avee une escorte, et arrive au village.
Tandis que Charlea faisoit sa cour à Louise, son valet, non moins amoureux que lui, avoit fait la découverte d’une petite villageoise nommée Golhe. Cette petite fille aimoit beaucoup le nom de Charles et point du tout celui de William. Elle avoit en conséquence obligé son amant à se nommer Charles ; c’est, en ce moment qu’arrive l’escorte. On cherche la maîtresse de Charles, et l’on présente Mlle. Gothe. L’extérieur de cette Dulcinée, ses réponses et son éducation paroissent fort opposés à tout ce qu’on avoit dit de l’amante du jeune Walborn. Cependant pour être plus sûrs du succès, le Colonel et sa troupe intiment à Gothe la défense d’épouser Charles, sous peine de prison. Gothe, effrayée se soumet à tout, protestant qu’elle est prête à prendre l’époux qu’on voudra lui donner. Le Colonel songe alors à la marier avec Williams. On le fait venir, et pour le décider plus promptement, on lui offre mille écus s’il veut épouser Gothe. Williams trouve la proposition trop belle pour la refuser, et les deux amans expriment toute leur joie de cet heureux événement. Cet incident met en défaut la sagacité du Président et du Colonel. On fait comparoître le véritable Charles ; on lui parle de sa. maîtresse ; on la lui peint comme une infidèle sans dignité et sans élévation, qui a donné sa main à un valet. Charles, à la vue de Gothe, comprend l’erreur de son père et de son oncle. Louise paroît ; sa beauté, sa candeur, l’air de noblesse qui respirent dans sa personne lui gagnent tous les cœurs. Le Président lui-même se sent ému ; les remords pénètrent dans son cœur ; il se hâte de réparer sa faute, il en sollicite-le pardon auprès de Lindorf, et les deux amans sont unis.
Cet ouvrage a eu beaucoup de succès ; il a été joué avec ensemble et intelligence par tous les acteurs. Les costumes et les décorations sont riches et soignés.
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