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La Forteresse de Riotercero, ou les Espagnols au Paraguay

La Forteresse de Riotercero, ou les Espagnols au Paraguay, mélodrame historique en trois actes et en prose, de P.-J. Charrin fils, musique arrangée par Lempereur, 31 mars 1806.

Théâtre des Nouveaux Troubadours.

Dans le Courrier des spectacles du 31 mars 1806, le titre de la pièce devient Riottercoro, ou les Espagnols au Paraguai.

Sur la page de titre de la brochure, à Paris, chez Maldan, 1806 :

La Forteresse de Riotercero, ou les Espagnols au Paraguay. Mélodrame historique, en trois actes, et en prose, à grand spectacle, orné de Chants, Combats, Evolutions Militaires ; prise et incendie de la Forteresse, Par P. J. Charrin, fils, Musique arrangée par M. Lempereur. Représenté pour la première fois, à Paris, sur le Théâtre des nouveaux Toubadours, le Lundi, 31 Mars, 1806.

Courrier des spectacles, n° 3545 du 3 avril 1806, p. 2*3 :

[Compte rendu en deux parties bien distinctes. D'abord une description des conditions déplorables dans lesquelles on joue le mélodrame au Théâtre des Nouveaux Troubadours : une scène minuscule que deux acteurs suffisent pour la remplir, un spectacle qui n'est pas crédible. Le Théâtre des Troubadours ferait mieux de renoncer au mélodrame, au profit de spectacles 'plus assortis à son étendue et au titre qu'il a pris ». Puis la présentation de la pièce, dont le critique dit d'emblée que son « poëme » ne peut guère améliorer la situation : « mauvaise prose, […] phrases gigantesques et boursoufflées ». Comme la pièce n'est qu'un plagiat de l'Alzire de Voltaire, l'auteur y a changé quelques personnages. Mais on retrouve la même intrigue, la confrontation de deux mondes, Indiens et Espagnols, les mêmes rebondissements. Et la pièce s'achève par la victoire des Espagnols, et celle du christianisme : le cacique se convertit, et tout rendre dans l'ordre colonial. Place à la fête qui clôt tout bon mélodrame. Aucun jugement, ni sur la musique, ni sur les décors, ni sur les interprètes. Et pas de nom d'auteur.]

Théâtre des Nouveaux Troubadours.

La Forteresse de Rio-Tercero, ou les Espagnols au Paragay.

Un mélodrame joué sur ce Théâtre est une véritable curiosité. Ses dimensions ne se prêtent pas aux effets de spectacle qu’exige ce genre de composition. Deux acteurs en face l’un de l’autre remplissent presque toute la scène, et pour peu que dans la chaleur du débit, ils gesticulent avec véhémence, ils sont bientôt obligés de se retrancher dans les intervalles des coulisses. Il faut de la proportion en toute chose ; le Théâtre des Nouveaux Troubadours, occupé par l’appareil d’un mélodrame, ressemble à ces jardins anglais d’un quart d’arpent, où l’on voit des montagnes grosses comme des melons, des rivières qui sortent d’une caraffe, et des ponts sur les quels une fourmi se trouve embarrssee. Que dire d'une armée de sept ou huit hommes qui se marchent sur les talons pour occuper moins d’espace, et qui sont destinés à changer la face des empires ? Quel héros que celui qui marche à la tête de cette escouade ! Si le Théâtre des Troubadours entend bien ses intérêts, il renoncera à ce genre qui ne sauroit lui convenir , et s’occupera d’ouvrages plus assortis à son étendue et au titre qu’il a pris.

La Forteresse de Rio-Tercero ne sauroit d’ailleurs lui offrir, par le mérite du poème, un dédommagement de ce qui lui manque du côté de la pompe extérieure. Imaginez Alzire retournée. Les beaux vers de Voltaire travestis en mauvaise prose, les pensées grandes et nobles métamorphosées en phrases gigantesques et boursoufflées. Cependant pour couvrir un peu le plagiat, on a changé quelques rôles. Alzire n’est plus ici une Américaine, elle est Espagnole ; son amant est Espagnol, et leur persécuteur est Américain. Ce redoutable personnage se nomme Seripa ou Siripa ; il est cacique d’une tribu d’habitans du Paragay ; c’est un héros long, maigre et efflanqué, qui croit à l’aide de sa bonne mine pouvoir disposer de tous les cœurs et ravir les filles et les femmes suivant qu’elles lui conviennent. Il a pour confident un homme très-propre à le supplanter, nommé Odugna, fort, grand et taillé comme Hercule ; c’est par le conseil de cet Odugna qu’il prétend s’approprier la femme d’un capitaine Hurtado, neveu du général Espagnol ; mais cette belle Européenne sa prisonnière, que l’auteur nomme Luce de Miranda, est bien éloignée de répondre aux vœux du Don Quichotte du Paragay. On prétend d’abord lui persuader que son mari a été tué, et .qu’ainsi elle n’a rien à faire de mieux que de le remplacer par un cacique. Luce ne se laisse point prendre à ce piège, et son mari qui ne veut point que sa femme fasse les délices d’un Indien, vient à la cabane de Seripa à dessein de le tuer. On l’arrête ; Hurtado s’explique ; les rivaux se querellent ; Seripa, comme le plus fort, fait conduire le jaloux au supplice. Luce intervient, se jette aux genoux de Seripa, et l’espèce d’ogre se laissant attendrir, consent à ne point faire empaler Hurtado, à condition qu’il renoncera à sa femme.

On met les prisonniers en liberté ; mais à peine sont ils maîtres d’eux-mêmes, qu’ils se précipitent dans les bras l’un de l’autre. Hurtado qui les a fait guetter par son conseiller Odugna, les surprend. Le supplice est de nouveau ordonné ; le poteau est dressé ; les victimes sont couronnées et attachées à l’arbre fatal ; les flèches vont partir, lorsque tout-à-coup les Espagnols arrivent, chargent cette canaille américaine, et la dissipent. Un missionnaire arrive ; il prêche le Cacique ; celui-ci se convertit, embrasse Hurtado et sa femme, et tout le monde se retire satisfait et édifié. Pour célébrer ce grand événement , on donne une petite fête sur Je lieu même destiné bu supplice.

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