Le Fanal de Messine, mélodrame en trois actes à grand spectacle, de Guilbert de Pixerécourt, musique de M. Alexandre [Piccini], ballets de M. Hullin, 23 juin 1812.
Théâtre de la Gaîté.
Almanach des Muses 1813.
La brochure, publiée en 1812, Paris, Barba, indique :
Mélodrame en trois actes, à grand spectacle, par R. C. Guilbert de Pixerécourt, présenté pour la première fois, à Paris, sur le théâtre de la Gaîté, le 23 Juin 1812 ; Musique de M. Alexandre ; Ballets de M. Hullin.
Journal des arts, des sciences et de la littérature dixième volume, n° 161 du 5 juillet 1812, p. 15-16 :
[La première de ce mélodrame s'est mal passé : il coïncidait avec les débuts comme actrice parlant d'une actrice de pantomime, et ce début s'est mal passé : les puristes « ont trouvé que Mlle. Dumouchel jouissait d'un organe voilé et d'une diction très-vicieuse », défauts que le critique tient à minorer. La pièce méritait mieux que cette condamnation indirecte : elle a tout ce qui est nécesaire à un mélodrame (événements, bruit, invraisemblance et même intérêt. Son exposition est compréhensible, son style adapté au genre et au lieu, il y a une résurrection, et tous les personnages traditionnels sont là : « un Hermite, un Niais, un Tyran ». Ce qui est le plus réussi, c'est « tout ce qui tient à la partie accessoire », décors, costumes. Pourvu que l'actrice débutante progresse, la pièce pourra réussir.]
THÉATRE DE LA GAITÉ.
Le Fanal de Messine, mélodrame en 3 actes , de M. Guilbert Pixerécourt.
La première Représentation de cette pièce avait attiré la foule, et tous les Amateurs n'ont pu trouver place, quoiqu'on donnât, ce jour-là même, deux pièces nouvelles, au Vaudeville et aux Variétés. La plupart de ceux qui avaient admiré Mlle. Dumouchel dans Barbe-Bleue, brûlaient de savoir si cette actrice réunissait l'art de la parole à celui de la pantomime, et si, après avoir enchanté la vue, elle pourrait encore séduire un second sens. Curiosité fatale ! On attendait trop d'une telle débutante, pour qu'elle fût au niveau d'elle-même. Des auditeurs fort sévères ont trouvé que Mlle. Dumouchel jouissait d'un organe voilé et d'une diction très-vicieuse. Mais ne désespérons de rien ; de tels défauts ne sauraient nuire au succès : nous en avons tous les jours la preuve.
Le mélodrame lui-même s'est ressenti de la mauvaise humeur du public, qui a prétendu rendre commune la cause du Fanal de Messine et celle de Mlle. Dumouchel. Nous dirons cependant que rien n'est plus injuste : car le Fanal de Messine réunissait toutes les qualités requises dans un bon mélodrame : beaucoup d'événemens, tant soit peu de fracas, beaucoup d'invraisemblances et souvent de l'intérêt. – D'ailleurs, l'exposition était assez longue pour qu'on pût la comprendre ; le style était convenable au sujet et à la scène ; l'auteur avait su ménager un coup de tonnerre, un tombeau d'où sort un Amant que l'on croyait défunt ; un Hermite, un Niais, un Tyran : que pouvait-on demander davantage ?
Les décorations sont belles, les costumes riches ; et généralement tout ce qui tient à la partie accessoire a été fort soigné. C'est donc bien évidemment vouloir décourager les auteurs, et causer même à l'art dramatique un pas rétrograde, que de rendre une Pièce nouvelle victime du début d'une Actrice. Encore quelque temps, et Mlle. Dumouchel, entièrement formée, étonnera plus d'un malin critique. Le Fanal alors, pourra briller de tout son éclat, et le Public, corrigé par une si juste leçon, apprendra, pour l'avenir, à ne pas juger, en un jour, le fruit de tant de veilles !
Journal de Lyon et du département du Rhône, n) 157 du 29 décembre 1810, p. 2 :
[Représentation au Théâtre des Célestins, à Lyon. Succès mitigé et jugement sévère sur la pièce.Les interprètes sont inégaux.]
Le Fanal de Messine, est un mélodrame dont le sujet est tiré du poëme de Mélidore et Phrasine. C'est la première fois que de jolis vers sont remplacés par de la prose ampoulée. Il y a cependant beaucoup de mouvement et d'action dans cette pièce ; mais souvent des longueurs et des invraisemblances choquantes. Le public de ce théâtre, qui dévore habituellement les ouvrages de M. Pixerecourt, s'est montré difficile envers lui. Commencerait-il à sentir que toutes ces monstruosités mélodramatiques sont autant de larcins faits au bon goût ? Mme. Camus est intéressante dans le rôle de Phrosine. Vicherat met de l'ame et de la chaleur dans celui de Mélidore. Parent se néglige; il ne savait pas son rôle. Emile joue un niais, mais non un niais de son emploi ; aussi, en voulant être naturel, est-il tombé dans la charge.
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