Le Faux mariage ou Clémentine et Montaigu, mélodrame en trois actes, à spectacle, de Maurin de Pompigny, musique de Quaisain et Lanusse, ballet de Millot, 25 août 1813.
Théâtre de l'Ambigu-Comique.
Sur la page de titre de la brochure, à Paris, chez Gardy, 1813 :
Le Faux mariage, ou Clémentine et Montaigu, mélodrame en trois actes, à spectacle, Par M. Pompigny. Musique de MM. Quaisan et Lanusse, ballet de M. Millot. Représenté pour la première fois, à Paris, sur le Théâtre de l'Ambigu-Comique, le 25 août 1813.
Journal des arts, des sciences et de la littérature, Bulletins de Paris, troisième volume, n° 244 du 30 août 1813, p. 290-291 :
[Dans un premier temps, le critique souligne l'extraordinaire engouement pour la pièce nouvelle, tant pour le nombre des spectateurs que pour la passion mise par certains à siffler une actrice, probable victime d'une cabale. Puis, après avoir précisé qu'il était bien placé et a pu entendre la pièce, il en fait un résumé neutre : une histoire de double mariage, celui de l'amour, resté secret, et celui de l'obligation familiale, pour obéir à un oncle du marié, qui, mourant, exige que son neveu épouse sa pupille. D'où la préparation d'un faux mariage, la fausse mariée rejoignant un couvent. Mais l'oncle ne meurt pas, et l'épouse du neveu, inquiète des silences de son mari, vient voir ce qui se passe. Et le critique choisit de façon étonnante de ne pas révéler le dénouement. Le jugement porté ensuite est prudent : « ce sujet n'est pas sans intérêt », mais il y a trop de « personnages subalternes » dont le critique n'a guère parlé. Reste que la deuxième représentation a été plus sereine que la première : chute et succès à la fois...]
THÉATRE DE L'AMBIGU-COMIQUE.
Le Faux Mariage, ou Clémentine et Montaigu, mélodrame en trois actes, de M. Pompigny, musique de MM. Quaisin et Lanusse, ballet de M. Millot.
Jamais les portes du théâtre de l'Ambigu-Comique ne furent assiégées par une foule aussi nombreuse que celle qu'avait attirée cette pièce ; il est résulté de cette abondance de spectateurs un tumulte qui a duré tout le temps de la représentation. Le public, pressé dans les escaliers et les corridors, se dédommageait, en sifflant, de la gêne où il se trouvait ; nous avons même entendu parler de cabale organisée contre une des actrices, à laquelle, il est vrai, on n'a point laissé dire un mot. Qui se serait imaginé que les actrices du boulevard eussent aussi leurs partisans et leurs adversaires ; où diable l'amour-propre va-t-il se nicher ?
Le hasard nous ayant beaucoup mieux placés que beaucoup d'autres, nous croyons avoir assez bien entendu la pièce, malgré le bruit, pour essayer d'en donner l'analyse.
Le chevalier Odoart a rencontré dans ses courses la jeune Camille Manfredi. Feu d'amour s'est emparé de son cœur, et lien d'hymen a comblé ses désirs. Tant de bonheur ne tarde point à être troublé ; il existe de par le monde un certain connétable, comte de Sancerre, brave militaire, mais tant soit peu irascible ; ce connétable est l'oncle d'Odoart, et il ignore l'hymen de son neveu. Couvert d'honorables blessures, il écrit à Odoart de venir en toute hâte le joindre à son château. Il veut, avant d'expirer, le marier à la belle Clémentine, sa pupille. On juge de l'embarras d'Odoart.
Il forme un projet extraordinaire: sans faire connaître à sa femme la position dans laquelle il se trouve, il quitte le Piémont, vient se jeter aux pieds de Clémentine, se confie à elle, et la trouve d'autant plus disposée à le servir, que, de son côté, elle aime le chevalier Montaigu ; on abuse l'oncle, les mesures sont prises, un faux mariage s'effectue ; le connétable, satisfait, bénit de sa main mourante les nouveaux mariés. A peine la cérémonie est-elle terminée, que la mariée monte en voiture, et se rend dans un monastère.
Mais voici bien autre chose : l'oncle, qui devait mourir, ne meurt pas ; rendu à la santé, et connaissant le lieu de la retraite de sa nièce, il s'y rend, emmenant avec lui Odoart.
La position des époux supposés est cruelle ; Clémentine cependant ne perd point courage, et détourne adroitement les coups qui la menacent. Enfin, le connétable a réuni les deux époux, et des fêtes sont ordonnées pour célébrer tout à la fois et le rétablissement du comte, et l'union d'Odoart et de Clémentine : c'en est fait, cette fois, point de ruses à employer, les cérémonies auront lieu, et le connétable se propose bien de conduire lui-même les époux dans la chambre nuptiale ; mais un nouvel incident détruit ce projet: Camille, inquiète sur le sort d'Odoart, vient, sous l'habit de pélerine, s'informer de lui. Elle est témoin des apprêts de fête destinés à célébrer l'hymen d'Odoart avec la pupille du connétable ; la surprise fait place aux larmes..... mais pourquoi tout dire, laissons quelque chose à deviner aux curieux.
Ce sujet n'est pas sans intérêt; malheureusement il est trop chargé de personnages subalternes.
La seconde représentation, mieux jouée et mieux écoutée que la première, a été plus favorablement accueillie ; ainsi, c'est en même temps une chute et un succès que nous annonçons,
S.
Mémorial dramatique ou Almanach théâtral pour l'an 1814, p. 194-97 :
[Long résumé de l'intrigue (on sent d'ailleurs que le rédacteur a jeté un œil sur le compte rendu du Journal des arts ci-dessus) qui nous permet de connaître un dénouement dont le critique du Journal des arts nous avait frustré. On a bien affaire à un mélodrame dans lequel ne manquent que les combats. Sinon, un fond insuffisant pour trois actes, ce qui conduit à « une pièce ennuyeuse et froide » et à un « succès […] fort douteux ».]
Le Faux Mariage, ou Clémentine et Montaigu mélodrame en 5 actes, par M. Pompigny. (25 août.)
Le chevalier Odoart de la Chataigueraie a rencontré dans ses courses en Piémont, la jeune Camille Manfrédi. Feu d'amour s'est emparé de son cœur et lien d'hymen a comblé ses désirs. Tant de bonheur ne tarde point à être troublé. Il existe par le monde un certain connétable de Sancerre, brave militaire, mais tant soit peu irrascible. Ce connétable est oncle d'Odoart ; il ignore l'hymen de son neveu qui a été tenu secret,et se croyant prêt de finir ses jours par suite des blessures honorables dont il est couvert, il écrit à son neveu de venir en tonte hate au château de Marennes, voulant avant d'expirer, unir sa destinée à celle de la belle Clémentine de Vienne, sa pupille. On juge de l'embarras d'Odoart, en avouant son mariage : il attire sur sa tête la malédiction de son oncle, il abrège peut-être ses jours, que faire ? Il conçoit un projet ; et sans le communiquer à sa femme, il quitte le Piémont, accourt à Marennes, voit Clémentine, lui confie sa situation, et la trouve d'autant plus disposée à l'excuser, que de son côté elle aime et est aimée du chevalier Montaigu. On abuse l'oncle, les mesures sont prises, le faux mariage s'effec[t]ue, le connétable satisfait, bénit de sa main mourante les nouveaux mariés, Odoart présente son épouse ; mais à peine la cérémonie est-elle terminée, que la mariée monte en voiture et se rend à la Rochelle, où elle s'enferme dans un monastère.
Mais voici bien autre chose ; l'oncle qui devait mourir ne meurt pas. Rendu à la santé, il demande sa nièce et apprend sa retraite. Surpris, fâché, il part pour la Rochelle, emmenant avec lui le très-embarassé Odoart, et il donne ordre à la belle récluse de se trouver au chateau à son arrivée.
La position des deux époux est cruelle ; cependant Clémentine ne perd point courage, et par sa présence d'esprit, son calme et son adresse, elle détourne adroitement les coups qui la menacent. Mais le personnage le plus malheureux est ce pauvre Montaigu, amant passionné de Clémentine et qui ne peut se refuser à la croire infidèle. Elle a donc oublié cet amour dont elle avait accepté l'hommage ?... Cependant elle permet â Montaigu de conserver pour elle les mêmes sentimens, elle le nomme son chevalier, elle se pare de ses couleurs, elle va jusqu'à lui dire d'espérer... Espérer ! pour un chevalier qui ne connait que l'honneur, il y a dans ce mot espérer, de quoi lui faire perdre la raison.
Enfin, le connétable a réuni les deux époux et des fêtes sont ordonnées pour célébrer cette union. C'en est fait, cette fois, point de ruses à employer, les cérémonies auront lieu et le connétable se propose bien de conduire lui-même les nouveaux epoux dans la chambre nuptiale.
Mais un nouvel incident détruit ce projet. Camille inquiéte sur le sort d'Odoart, obligée de fuir le Piémont pour mettre son innocence à l'abri des persécutions d'un seigneur de ce pays, vient sous l'habit de pélerine, s'informer d'Odoart. Elle arrive devant le château, des apprêts de fête frappent ses regards, elle s'informe et apprend que ces fêtes sont destinées à célébrer l'hymen d'Odoart avec la pupille du connétable de Sancerre. La surprise fait place aux larmes, aux plaintes, aux expressions de la douleur... Mais abrégeons, Odoart reconnaît son épouse qui s'évanouit en l'appercevant : le comte demande impérativement à son neveu l'acte qui constate son mariage, Odoart, troublé par la rapidité des événemens, ne voit plus d'autres moyens que de tout avouer ; mais Montaigu, instruit enfin de la vérité, se charge de plaider la cause des coupables, trop heureux à ce prix de retrouver un bonheur qu'il croyait perdu. Il attendrit le connétable qui pardonne et termine cette journée en approuvant l'hymen de Clémentine et de Montaigu.
Ce fond pouvait fournir une jolie comédie en un acte ; mais délayé dans trois actes, durant chacun au moins une heure, il n'a produit qu'une pièce ennuyeuse et froide, dont le succès a été fort douteux,
Le survol rapide du Journal de l'Empire permet de repérer onze représentations à la fin du mois d'août et au mois de septembre 1813, mais pas d'y trouver un compte rendu.
25 août, 28 août, 30 août, 31 août, 1er septembre, 4 septembre, 6 septembre, 7 septembre, 15 septembre, 20 septembre, 22 septembre.
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