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Le Fils abandonné

Le Fils abandonné, drame en 3 actes, de Pelletier-Volméranges créé le 6 pluviôse an 11 [26 janvier 1803].

Théâtre des Jeunes Élèves, rue de Thionville.

Sur la page de titre de la brochure, à Paris, chez F. Breton, 1807 :

Le Fils abandonné, dame en trois actes, en prose, représenté pour la première fois, à Paris, le 4 pluviôse, an 11. Par M. Pelletier-Volméranges.

Quand on veut corriger, il faut parler au cœur.
Cet exemple est frappant : ce tableau du malheur
De l'erreur maternelle est la vive peinture ;
Ne fermez point votre âme au cri de la nature.

Avant même la page de titre, l'éditeur-imprimeur a placé une explication du retard de la publication de la pièce :

AVIS DE L'ÉDITEUR.

Cette Piéce a eu le plus grand succès à Paris, et c'est à la cent-cinquantième Représentation que j'ai décidé l'Auteur à la faire imprimer. La morale la plus pure, une action vive et intéressante, voilà ce qui caractérise cet Ouvrage qu'on voit toujours avec plaisir. Les Journaux en ont rendu un compte très-favorable, et le Public l'a sanctionné.

Messieurs les Artistes des Départemens, qui voudront se procurer des Brochures, pourront s'adresser à M. Touchard, Correspondant des Spectacles, au Café de Malthe, rue de l'Arbre-Sec, à Paris.

F. BRETON, Éditeur.          

Les Exemplaires sont déposés à la Bibliothèque Impériale.


 

PERSONNAGES, COSTUMES et EMPLOIS.

Mad. DE NORVAL. Une robe taffetas-puce, et un chapeau à l'anglaise.

Premier Róle.

AUGUSTINE. Pupille de madame de Norval. Une robe de taffetas gris, et un chapeau.

Jeune Première.

NORVAL. Fils aîné de madame de Norval. Habit de marine galonné en or.

Premier Róle.

LISBAN. Second fils de madame de Norval. Riche habit brodé. Au troisième acte, une redingotte, et les cheveux en désordre.

Jeune Premier.

ANDRÉ. Vieux domestique. Habit gris, veste écarlatte, boutons} jaunes, et une perruque blanche.

Premier comique.

DULAC. Horloger. Habit maron, et une grosse perruque poudrée.

Financier.

L'HUISSIER. L'habit qu'il voudra ; mais décent. Ce rôle doit se jouer avec noblesse.

Troisiéme Róle.

L'HOTESSE. Une robe un peu antique, sans être ridicule, et une coëffure analogue

Caractère.

LE RECORS. Costume ordinaire aux gens de cet état; mais sans caricature.

Accessoire.

TROIS RECORS.

 

La Scène est à Paris.

Courrier des spectacles, n° 2153 du 7 pluviôse an 9 [27 janvier 1803], p. 2-3 :

[Compte rendu parfaitement organisé : d'abord l'annonce du succès d'une pièce inspirée d'un conte connu, qui aurait pu être encore plus grand, avec des qualités, intérêt, « situations attendrissantes », gâtées par un style peu soigné. Puis le résumé de l'intrigue, pleine d'émotion, et qui finit de manière très morale, fondée sur l'opposition des caractères de deux frères traités bien différemment par leur mère, et qui finissent par se retrouver. Enfin, un rapide jugement sur le bon déroulement de la représentation : la pièce est jouée avec ensemble, un seul acteur étant jugé svèrement. Et l'auteur est nommé.]

Théâtre des Jeunes Elèves, rue de Thionville.

Si le sujet du conte du Petit-Jacquot n’avoit pas été déjà traité plusieurs fois, le drame nouveau représenté sur ce théâtre, sous le titre du Fils abandonné, auroit eu encore plus de succès qu’il n’en obtint hier réellement. Il s’en faut que ce soit un chef-d’œuvre, mais il y a de l’intérêt, des situations attendrissantes, et plusieurs fois les larmes des spectateurs ont coulé. Nous regrettons néanmoins que le style en soit aussi peu soigné, et que l’on y rencontre souvent des locutions triviales et réprouvées par le goût. Voici de quelle manière 1'auteur a tiré parti du conte.

Madame de Norval avoit deux fils. La mort de son époux qui s’est dévoué pour sauver l’aîné prêt à périr dans les flots, et qui lui-même a péri victime de son dévouement, lui a fait voir avec horreur cet enfant qu’elle a exilé en l’envoyant aux Indes avec une riche pacotille. Restée à Paris avec Lisban son second fils, elle a toléré tous ses défauts, elle a fermé les yeux sur sa passion du jeu, et le jeune homme a perdu dans les académies son bien et celui de sa mère. Réduite à l’extrémité, poursuivie par ses créanciers, abandonnée de ses amis, dont une seule lui est démeurée fidèle dans son infortune ; elle cherche en vain à toucher le cœur de Lisban qui vient de gagner au jeu cent-cinquante mille livres. Il se dit engagé sur l’honneur à retourner au jeu, et va perdre la somme qui pouvoit sauver sa mère.

Les créanciers s’emparent de l’Hôtel ; et mad. de Norval échappée à un mandat de prise de corps par les conseils de l’huissier chargé de la saisie, trouve, grace à un vieux domestique qui ne veut pas l’abandonner, un asyle chez une dame du faubourg St-Gcrmain. C’est-là que Lisban vient ajouter à ses maux en déclarant sa perte et en s’avouant coupable ; Mad. de Norval ne veut pas l’entendre , et elle le chasse en le chargeant de sa malédiction. Cependant Norval qui a appris en Amérique le triste état où les égaremens de son frère avoient réduit sa mère, arrive ; il se fait reconnoitre, arrête toute poursuite et paie les créanciers, Ensuite ramenant aux pieds de Norval, son frère repentant, qui pour expier sa faute s’engageoit comme simple soldat, et avoit envoyé à sa mere le montant de son engagement, il obtient pour lui le pardon de mad. de Norval, et la promesse d’être uni à son amante.

Cette piece est jouée avec ensemble. La scène de la reconnoissance surtout a été rendue de la manière la plus touchante. Le petit rôle d’hôtesse bavarde et curieuse a été bien saisi, mais le vieux valet étoit un peu lourd, et l’acteur n’y a pas mis assez de bonhomie.

L’auteur de ce drame est le cit. Pelletier-Volmerange.

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