Le Franc Breton, ou le Négociant de Nantes

Le Franc Breton, ou le Négociant de Nantes, comédie en un acte et en vers libres, de Jean-Élie Dejaure (le père), 9 Février 1791.

Théâtre Italien.

Vu la date de la pièce, elle est de Jean-Élie Dejaure (le père).

D'après Nicole Wild et David Charlton, Théâtre de l'Opéra-Comique Paris: répertoire 1762-1972, p. 263, la comédie est devenue en 1792 un opéra en 1 acte intitulé le Franc Breton, livret de Jean-Elie Dejaure, musique de Jean-Pierre Solié et Rodolphe Kreutzer, créé le 3 novembre 1792 salle Favart. Elle a été jouée jusqu'en 1801.

Titre :

Franc Breton (le), ou le Négociant de Nantes

Genre

comédie en un acte et en vers libres (puis opéra-comique en un acte et en vers, à partir de 1792)

Nombre d'actes :

1

Vers / prose ?

en vers

Musique :

seulement à partir de 1792

Date de création :

9 février 1791

Théâtre :

Théâtre Italien

Auteur(s) des paroles :

Jean-Élie Dejaure

Compositeur(s) :

Kreutzer et Solié (à partir du 3 novembre 1792)

Sur la page de titre de la brochure, Paris, chez Cailleau et Fils, 1791 :

Le Franc Breton, ou le Négociant de Nantes, comédie en un acte et en vers libres, Par M. De Jaure. Représentée pour la première fois à Paris, par les Comédiens Italiens Ordinaires du Roi, le 15 Février 1791.

D'après Nicole Wild et David Charlton, Théâtre de l'Opéra-Comique Paris: répertoire 1762-1972, p. 263, la comédie est devenue en 1792 un opéra en 1 acte intitulé le Franc Breton, livret de Jean-Elie Dejaure, musique de Jean-Pierre Solié et Rodolphe Kreutzer, créé le 3 novembre 1792 salle Favart. Elle a été jouée jusqu'en 1801.

Réimpression de l'Ancien Moniteur, Volume 7 (Paris, 1841), Gazette nationale ou le Moniteur universel, n° 49 du Vendredi 18 février 1791, deuxième année de la Liberté, p. 408 :

THEATRE ITALIEN.

Le Franc Breton, qu'on y représente avec succès, est tiré d'un conte de M. Marmontel, qui a paru dans les derniers Mercures de l'année passée. C'est un brave négociant qui, trouvant dans le malheur un jeune homme dont il devine les nobles sentiments, le prend chez lui et l'associe à son commerce. Le jeune homme se conduit de manière à justifier ces bienfaits ; mais il devient amoureux de la fille du négociant, et, pour ne pas trahir sa confiance, il prend la résolution de paraître ingrat. Cependant le bienfaiteur le force à une explication, et, après l'avoir obligé de prononcer qu'il aime sa fille : « Eh ! que ne parles-tu ! s'écrie-t-il : c'était bien la peine de nous tant disputer, depuis six mois que je te la destine. »

Ce sont surtout les détails et les développements qui font le mérite de cet ouvrage. L'auteur y présente tout ce que la vertu a de plus délicat. Cette pièce, qui est de M. Dejaure, ne prouve pas moins que ses autres ouvrages la pureté de son goût et la sensibilité de son cœur.

La pièce est parfaitement jouée ; on y distingue surtout M. Sollier, qui rend avec une perfection étonnante le rôle du Franc Breton. Ceux qui croient impossible de réunir au même degré l'action dramatique et le talent du chant sont avertis que M. Sollier, excellent acteur, et M. Sollier, le plus parfait des chanteurs français, ne sont qu'une seule et même personne.

Mercure de France, tome CXXXIX, n° 8 du samedi 19 février 1791, p. 114 :

[Rapide compte rendu d’une pièce adaptée d’un conte paru dans le Mercure de France l’année précédente. Adaptation fidèle, riche de détails « pleins de grace & de sensibilité ». L’auteur est nommé, et son nom est un gage de qualité. Excellente interprétation. Mais on n’en saura pas plus.

THÉATRE ITALIEN.

[...]

On vient de donner au même Théatre le Franc Breton, petite Comédie charmante,tirée d'un Conte de M. Marmontel, qui a paru dans ce Journal l'année derniere, N°.40 & 45. Le Conte est exactement suivi ; mais l'Auteur l'a mis au Théatre avec la maniere qui lui est propre, & il y a répandu des détails pleins de grace & de sensibilité. Cette Piece est de M. Dejaure, connu par plusieurs autres Ouvrages intéressans qui ont eu tous beaucoup de succès. Elle est parfaitement jouée.

L’Esprit des journaux français et étrangers, 1791, volume 3 (mars 1791), p. 319-321 :

[Le critique est favorable à une pièce dont il fait l’éloge en raison de sa valeur morale. Elle est inspirée de Marmontel. Certes, elle n’a pour elle que « des détails agréables », mais ils peuvent « tenir lieu, dans une comédie, de fond & d'intérêt ».]

Le succès du franc Breton, ou le négociant de Nantes, donné le 9 février pour la premiere fois à ce spectacle, prouve que des détails agréables, peuvent quelquefois tenir lieu, dans une comédie, de fond & d'intérêt. Rien de plus simple que l'intrigue de cette pièce, tirée des nouveaux contes de M. Marmontel, insérés dans le Mercure (*).

Bremer, négociant de Nantes, a retiré chez lui un jeune homme, nommé Fontalde, dont il estime l'intelligence & la bonne conduite. Il le traite plus en pere qu'en protecteur. Fontalde ne peut voir continuellement sa fille, sans devenir amoureux ; mais il sait qu'il n'est pas fait pour elle ; il cache son amour, & combat d'autant plus qu'il s'apperçoit qu'il est aimé. Il a eu le bonheur de prolonger les jours du pere de sa maitresse qui étoit tombé dans la mer ; mais il ne croit pas que ce soit un titre pour s'acquitter envers lui. Craignant d'être ingrat, il veut s'éloigner : le négociant l'arrête, il ne peut se passer de lui. Quand on a sauvé la vie à quelqu'un, dit-il, il ne faut pas le rendre malheureux. Il veut savoir le motif de son départ, le silence de Fontalde le désespere ; enfin il croit en découvrir la cause : il est amoureux ou de sa femme ou de sa fille. Fontalde avoue qu'il aime la fille ; sur quoi Bremer s'écrie : c'étoit bien la peine de tant disputer ; depuis six mois je te la destine : & le mariage se fait.

Peut être le dénouement est-il un peu brusque : mais la scene du pere & de Fontalde a fait grand plaisir & mérite beaucoup d'éloges. L'ouvrage en général a été fort applaudi, ainsi que les acteurs, MM. Solier & Granger, Mde. Desforges & Mlle. Renaud cadette. On a demandé l'auteur, & M. Solier, qui a parfaitement rendu le rôle du négociant, est venu annoncer que c'est le même à qui l'on doit déja les Epoux réunis, & l'Incertitude maternelle. »

(*) Esprit des Journaux, novembre 1790, page 235, décembre page 237

Dictionnaire lyrique ou Histoire des opéras de Félix Clément et Pierre Larousse (1876-1881, réimpression 1999), p. 304 :

Franc Breton (le), opéra en un acte, livret en vers libres de Dejaure, musique de Kreutzer et Solié. C'est une pièce où la sensibilité brille plus que le talent. Montalde est un poëte pauvre qui, dans sa détresse a été recueilli par un riche armateur de Nantes, M. Plemer, surnommé le franc Breton. Comblé des bienfaits de cet homme, qui est devenu son ami, Montalde a l'occasion de s'acquitter envers lui en le retirant de la mer où il était tombé. L'homme de lettres devient l'idole de la famille de Plemer et le héros de la bonne ville de Nantes. Mais il s'avise d'être éperdument amoureux de Gabrielle, la fille de son bienfaiteur, et, mû par un sentiment de délicatesse, il veut quitter une maison et des amis dont il rougirait de trahir la confiance. M. Plemer a deviné son secret et, à la suite d'une scène de séparation entre les deux amis, qui, dans la pensée des auteurs devait être pathétique, et qui est d'un ridicule achevé, le franc Breton et sa femme accordent à Montalde la jeune Gabrielle, laquelle, en fille aussi ingénue que réservée, a attendu la dernière scène de l'ouvrage pour révéler les secrets de son cœur. Une telle pièce ne pourrait avoir de nos jours qu'une repréentation. la musique est aussi d'une faiblesse extrême. A une plate ouverture succèdent des morceaux assez courts, dont l'harmonie est peu digne du nom de Kreutzer. Nous ne pouvons guère signaler que les couplets chantés par Mme Plemer : Le doux sentiment charme l'existence, dont la mélodie est agréable et l'harmonie intéressante, et où l'on sent la main du célèbre violoniste. Tout le reste semble appartenir à Solié et tient plutôt du vaudeville que de l'opéra-comique.

D'après la base César, qui ne distingue pas entre la comédie et l'opéra, le Franc Breton a été joué 12 fois du 10 février au 16 mai 1791. Il est à nouveau à l'affiche à partir du 3 novembre 1792, (mais il est devenu un opéra comique en un acte) et est représenté 15 fois jusqu'au 14 octobre 1794. Reprise à partir du 19 mars 1797 jusqu'au 22 septembre 1799, pour 20 représentations.

Commentaires

  • Katherine Astbury

    1 Katherine Astbury Le 08/08/2023

    Avez-vous retrouvé d'autres pièces tirées des nouveaux contes moraux de Marmontel pendant la décennie révolutionnaire?
    soleinne

    soleinne Le 17/09/2025

    Voilà ce qu'un survol des documents que j'ai accumulés m'a permis de retrouver. La quête (peut-être incomplète) n'est pas si fructueuse.
    (Et désolé de répondre aussi tard !)
    Alceste à la campagne, ou le Misanthrope corrigé, comédie en 3 actes, en vers, de M. de Moustier, 5 décembre 1790.
    Théâtre de Monsieur.
    Inspiré du Misanthrope corrigé de Marmontel.
    Alonse et Cora, tragédie en trois actes, de M. Dumaniant, 28 janvier 1793.
    Théâtre de la république, rue de Richelieu.
    S'inspire des Incas de Marmontel, mais ni Dumaniant ni le critique de l'Esprit des journaux français et étrangers, 1793, volume 4 (avril 1793) ne parlent de Marmontel.
    Annette et Lubin, comédie en un acte, en vaudevilles, de Favart, 8 prairial an 9 [28 mai 1801].
    Théâtre du Vaudeville.
    Adaptation d'un conte de Mamrontel (mais la pièce est de 1762 : en 1801, c'est une reprise.
    L'Auteur malgré lui, ou la Pièce tombée, opéra-comique en un acte, de Claparède, musique de Jadin, 16 mai 1812.
    Théâtre de l'Opéra-Comique.
    D'après l'Almanach des Muses de 1813, « Le Connaisseur, conte de Marmontel, mis en scène pour la sixième fois ».
    Bélisaire, opéra en trois actes, de Bertin d’Antilly, musique de feu Philidor. 12 Vendémiaire an 5 [3 octobre 1796].
    Théâtre de la rue Favart, ci-devant Théâtre italien.
    Tiré du Bélisaire de Marmontel (mais ce n'est pas un conte...).
    Le Connaisseur, comédie en un acte mêlée de vaudevilles, de Pain. 11 brumaire an 8 [2 novembre 1799].
    Théâtre des Troubadours.
    Inspiré du Connaisseur, conte de Marmontel.
    Cora, opéra en 4 actes, paroles de M*** [Valadier], musique de M. Méhul, ballet de M. Gardel, 15 février 1791. Paris, Delormel, in-4°.
    Opéra.
    D'après l'Almanach des Muses de 1792, « Poème dont le sujet est tiré des Incas de M. Marmontel » (mais ce n'est pas un conte).
    Démophon, Tragédie lyrique, en trois actes, paroles de M. Dériaux, Musique de M. Vogel, représentée le 22 septembre 1789. Paris, Delormel, in-4°.
    Académie royale de musique.
    D'après l'Almanach des Muses 1790, « Même sujet que l'Opéra de M. Marmontel [Démophoon], lequel est imité de l'Opéra de Métastase » (mais ce n'est pas un conte).
    Fernand Cortez, ou la Vestale du Mexique, opéra en 4 actes, à grand spectacle, de Belfort, musique de Mellier, 27 novembre 1791.
    Théâtre Français Comique et Lyrique.
    Encore une œuvre inspirée des Incas de Marmontel (qui n'est toujours pas un conte).
    Fleurette & Pompon, mélo-coq-à-l'âne en trois actes; par M. Dancourt, 1793.
    Théâtre Comique et Lyrique.
    Parodie (?) de Zémire et Azonr.
    Le Franc Breton, ou le Négociant de Nantes, comédie en un acte et en vers libres, de Jean-Élie Dejaure (le père), 9 Février 1791.
    Théâtre Italien.
    Adaptation d'un conte de Marmontel paru dans le Mercure de France de 1790, n° 40 et 45.
    Jacquot, ou l'Ecole des Mères, en 2 actes ; paroles des Cs Desprez et Rouget de Lille ; musique de Della-Maria. 9 Prairial an 6 (28 mai 1798).
    Théâtre de la rue Favart.
    Inspiré de la Mauvaise mère, de Marmontel.
    La Jolie fille de Mariembourg, comédie en trois actes. 13 vendémiaire an 12 [6 octobre 1803].
    Théâtre du Vaudeville.
    D'après le Courrier des spectacles n° 2406 du 14 vendémiaire an 12 [7 octobre 1803], p. 2, « Cette fable offre absolument la même contexture que celle de Laurette, ce conte si intéressant de Marmontel qui a été mis en scène. »
    Koulouf, ou les Chinois, opéra-comique en trois actes, de Guilbert de Pixerécourt, musique de Daleyrac, 18 décembre 1806.
    Théâtre de l’Opéra-Comique.
    D'après le Courrier des spectacles, n° 3599 du 19 décembre 1806, p. 2-3, « le sujet a déjà été traité à l’Opéra-Comique par Marmontel et Piccini, mais de façon maladroite ».
    Lausus & Lydie, Tragédie en cinq Actes en vers. Paris, Brunet, in-8°. de 79 pages.
    Théâtre François (pièce refusée)
    D'après l'Almanach des Muses 1788, « Sujet tiré du Conte de M. Marmontel qui porte le même titre. Pièce refusée à la Comédie Françoise. ».
    La Lettre équivoque, ou Lequel des Deux ? comédie en un acte, en prose, par M. Merville ; 6 septembre 1814.
    Théâtre de l'Odéon.
    D'après Malte-Brun, Le Spectateur, ou variétés historiques, littéraires, critiques, politiques, et morales, tome II (juillet, août et septembre 1814), n° XVIII, p. 372-374, « Il est aisé de deviner les nombreuses obligations qu'a l'auteur à celui de la Métromanie, ainsi qu'à Marmontel pour son conte du Connoisseur. »
    Le Mari Sylphe, vaudeville en un acte, par M. Saint-Marc, 6 avril 1809.
    Théâtre du Vaudeville.
    D'après le Magasin encyclopédique, ou journal des sciences, des lettres et des arts, 14e année, 1809, tome II, p. 399, « C'est le conte de Marmontel arrangé pour le théâtre par une main novice ».
    Pauline et Valmont, Comédie en deux actes & en prose, &c. le 22 Juin 1787. Paris, Cailleau.
    Théâtre Italien
    D'après l'Almanach des Muses 1788, « Sujet tiré par M. Bodart du conte moral de Laurette, par M. Marmontel. »
    Les Péruviens, mélodrame en trois actes, en vers, à spectacle, de Dumaniant, musique d’Alexandre Piccini, 15 floréal an 12 [5 mai 1804].
    Théâtre de la Porte Saint-Martin.
    Encore une pièce où Dumaniant reprend une pièce de Dumaniant, Alonse et Cora (1793) et s'inspire à nouveau des inépuisables Incas de Mamrontel (qui n'en devient pas pour autant un conte).
    Roxelane mariée, ou la Suite des Trois sultanes, comédie en trois actes et en vers, de Pigault-Lebrun], 2 juillet 1810.
    Théâtre de l'Impératrice.
    Cette pièce est la suite d'une pièce de Favart, les Trois sultanes, inspirée d'un conte de Marmontel.
    La Tasse de Chocolat, ou Trop parler nuit, comédie vaudeville en un acte, de Dieulafoy et Gersin, 9 novembre 1811.
    Théâtre du Vaudeville.
    Le Magasin encyclopédique, ou journal des sciences, des lettres et des arts, 16e année, 1811, tome VI, p. 165-166  affirme que c'est « une anecdote attribuée à Marmontel et à M. de la Popelinière a fourni l'idée principale de ce vaudeville ».
    La Vieillesse d'Annette et Lubin, opéra en un acte & en prose, mêlé de chant, de Bertin d'Antilly, musique de Chapelle, 1er août 1789.
    Théâtre de Monsieur
    Reprise des personnages du conte de Marmontel, et de la pièce de Favart?.

    Marmontel est par ailleurs le « héros » d'au moins deux pièces :
    Marmontel, comédie en un acte, en prose, mêlée de vaudevilles, d'Armand-Gouffé, Tournay et P.-A. Vieillard, 5 fructidor an 10 [23 août 1802].
    Théâtre du Vaudeville.
    Marmontel et Thomas, ou la Parodie de Cinna, vaudeville-anecdote en un acte, par M. Dumolard, 23 janvier 1813.
    Théâtre du Vaudeville.

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