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Les Faux vainqueurs, ou les Courses du 14 Juillet

Les Faux vainqueurs, ou les Courses du 14 Juillet, vaudeville en un acte, de Jean-Baptiste Dubois et Servières, 3 thermidor an 8 [22 juillet 1800)]

Théâtre des Troubadours.

Titre

Faux vainqueurs (les), ou les Courses du 14 Juillet

Genre

vaudeville

Nombre d'actes :

1

Vers / prose ?

prose, avec des couplets en vers

Musique :

vaudevilles

Date de création :

3 thermidor an 8 [22 juillet 1800]

Théâtre :

Théâtre des Troubadours

Auteur(s) des paroles :

Jean-Baptiste Dubois et Servières

Courrier des spectacles, n° 1236 du 4 thermidor an 8 [23 juillet 1800], p. 2 :

[Le vaudeville (comme genre) a la spécialité des pièces sur les événements de l’actualité, comme cette pièce, née de la remise des courses du 14 juillet, où les personnages viennent affirmer avoir gagné chacun une course, jusqu’à ce qu’Arlequin vienne annoncer leur annulation. Et c’est Arlequin qui épouse la fille de Mezzetin, qui avait promis sa main au futur vainqueur. La pièce a réussi malgré quelques longueurs, grâce à ses couplets pleins de finesse. Les acteurs sont jugés excellents.]

Théâtre des Troubadours.

Un événement très-simple en lui-même, la remise des courses du 14 Juillet à la décade suivante, a fourni le sujet de la bluette impromptu, donnée hier à ce théâtre, sous le titre des Faux Vainqueurs, ou les Courses du 14 Juillet. Les auteurs sont les citoyens Dubois et Servière. Voici la manière dont ils ont traité ce sujet :

Mezzetin, vieillard invalide, dont la fille Colombine est aimée à-la-fois de Cassandre, de Gilles et d’Arlequin, l’a promise à celui qui reviendroit vainqueur des courses du Champ-de-Mars. Cassandre a préféré le char, Gilles le cheval, et Arlequin la course à pied. Les deux premiers, au lieu de se rendre au Champ-de-Mars, reviennent bientôt, chacun d’un côté, annoncer qu’ils sont vainqueurs, et ils montrent leur couronne. Arlequin qui ignore ce que font ses rivaux, revient aussi, mais triste et abattu. Son chagrin provient de ce que les courses n’ont pas eu lieu. Cassandre et Gilles à cette nouvelle inattendue jettent leur couronne, et Mezzetin donne Colombine à Arlequin.

Le mérite de l’impromptu devoit contribuer au succès de cette pièce, mais les auteurs ont sçu l’embellir encore de couplets qui réunissent la grace et la finesse. Quelques-uns sont méchants, un entr’autres peu moral et peu digne d’être entendu au théâtre. En voici deux que nous offrons à nos lecteurs ; ils ont été particulièrement applaudis et redemandés :

Arlequin à Colombine.

Air ; Je t'aime tant.

Oui , mon succès est assuré
Si j’obtiens ce portrait que j’aime ;
Près du but je le placerai,
Et je croirai t'y voir toi-même.
L’Amour a des ailes pour moi ;
Ma bonne, ne va pas t’en plaindre :
Je ne les ai pas près de toi ;
Je ne m’en sers que pour t'atteindre.

Air du Vaudeville de l’Emprunt forcé.

Voyez ce jeune homme à la mode
Qui veut briller sans aucun frais ;
Il trouve le moven commode
D’emprunter sans rendre jamais.
Tandis qu’il fuit, pour ne rien craindre,
Dans un char qu’il n’a point payé,
Trente creanciers pour l’atteindre,
Font dans Paris la course à pié.

Cette bluette quoiqu’assez courte, offre encore des longueurs et une scène surtout de remplissage, c'est celle qui a lieu durant la course. Le reste de l’ouvrage est animé par le jeu du cit. Bosquier-Gavaudan, qui acquiert chaque jour dans le rôle difficile d’Arlequin, et par celui de mademoiselle Delisle qui a mérité d’être applaudie dans le rôle de Colombine. Les cit. Delpech, Léger et .Bellement ont rempli avec succès ceux de Cassandre, de Gilles et de Mezzetin.

F. J. B. P. G***.

Gazette nationale, ou le Moniteur universel, n° 307, 7 thermidor an 8, p. 1240 :

[Compte rendu plutôt positif d’une pièce légère, mais agréable, et dont il explique les circonstances.]

Théâtre des Troubadours.

Le Vaudeville a fondé de tout tems une grande partie de sa fortune sur les circonstances : l’à-propos est l’instant qu’il épie, et l’impromptu le la,gage qu’il aime le plus à lui voir employer. Aussi est-il rare que le fait le moins important ne soit pas le sujet d’une bluette fugitive, s’il a occupé la conversation de Paris pendant un moment.

Quoi qu’en ait dit un de nos journaux, plus empressé à donner les détails de la fête du 14 juillet qu’à vérifier si le programme avait pu être suivi, les courses ne purent avoir lieu au Champ-de-Mars au jour indiqué. L’empressement d’un peuple immense se précipitant des tertres dans la plaine pour voir de plus près le premier consul, et les grenadiers de retour de Mariego, et les drapeaux pris en Italie, ne permit pas de célébrer les jeux annocnés. Deux chansonniers très-spirituels, et qui marquent leur début par un succès flatteur, ont, sur ce fond léger, brodé une intrigue non moins légère, à la quelle se trouvent liées des scènes assez comiques, et surtout des couplets très jolis. Les personnages de l’ancienne comédie italienne, Pandolfe; Cassandre, Scapin, Arlequin et Colombine, sont ici mis en scène. Pandolfe ne veut donner sa fille en mariage qu’à l’un des vainqueurs à la course, couronnés au Champ-de-Mars. Cassandre et Gilles, rivaux d’Arlequin, prennent le pari de se couronner aux-mêmes, et de venir ainsi réclamer le prix qui leur a été promis. La scène dans laquelle ils se disputent tous deux un avantage auquel ni l’un ni l’autre n’a prétendu, et où chacun découvre que son concurrent n’a pas même été au Champ-de-Mars, est assez piquante. Arlequin met fin à ce débat, en apprenant à tout le monde que les courses n’ont même pas eu lieu, qu’elles sont remises au prochain décadi : par anticipation sur le triomphe qui l’attend, il épouse Colombine, et les faux vainqueurs remettent leurs lauriers dans la poche.

Les auteurs de cette bagatelle ont tiré tout le parti possible des allusions que présentait leur sujet. Le plus grand nombre de leurs couplets sont délicats, spirituels et agréablement tournés ; nous ne sommes pas cependant disposés à convenir qu’ils n’ont pu, ainsi qu’ils le disent, courir après l’esprit. Il est très-évident, au contraire, qu’ils n’ont cessé d’y courir ; mais, en le remarquant, on leur pardonne, parce qu’ils ont plus d’une fois atteint leur but.

L’Arlequin a nommé comme auteurs de ce petit ouvrage, les citoyens Dubois et Serviers. le premier est aussi l’auteur d’une des plus jolies pièces données au même théâtre, et qui, depuis quelques jours, y obtient beaucoup de succès. Son titre est la Leçon conjugale.

Magasin encyclopédique, ou journal des sciences, des lettres et des arts, 6e année, 1800, tome II, p. 428 :

[Compte rendu d’une absolue neutralité, qui révèle sans doute un faible enthousiasme envers la pièce.]

Les faux Vainqueurs , ou les Courses du 14 Juillet.

Tel est le titre de la bluette de circonstance, jouée le 3 thermidor avec succès. Colombine, fille de Mézettin, vieil invalide, est aimée de Cassandre, de Gilles et d'Arlequin. Le père ne doit la donner qu'au vainqueur à la course du champ de Mars ; Gilles et Cassandre n'y vont pas, et arrivent presque en même temps, se disant vainqueurs l'un au char, l'autre à cheval. Mais Arlequin , qui arrive plus tard, et bien triste de ce qu'il n'y a pas eu de course, les démasque, et épouse Colombine. Les auteurs sont les CC. Dubois et Servière. Voici un des couplets redemandés :

Air du vaudeville de l'Emprunt forcé.

Voyez ce jeune homme à la mode,
Qui veut briller sans aucun frais ;
Il trouve le moyen commode
D'emprunter, sans rendre jamais.
Tandis qu'il fuit, pour ne rien craindre,
Dans un char qu'il n'a pas payé,
Trente créanciers, pour l'atteindre,
Dans Paris font la course à pié.

Porte-feuille français Pour l’an IX (1801), deuxième année, p. 249-250 :

[Compte rendu sans enthousiasme d’une pièce réduite à « de charmans couplets ».]

Les Faux Vainqueurs , ou Les Courses Du 14 Juillet, vaudeville en un acte, de Dubois et Servière , représenté le 4 Thermidor.

La remise des courses du 14 juillet â la décade suivante, a fourni le sujet de cette bluette, qui se ressent un peu de l'impromptu; mais dans lequel on remarque de charmans couplets : de ce nombre nous citerons les suivans :

Air du vaudeville de l'Emprunt-Forcé.

Voyez ce jeune homme à la mode,
Qui veut briller sans aucun frais ;
Il trouve le moyen commode
D'emprunter sans rendre jamais.
Tandis qu'il fuit pour ne rien craindre
Dans un char qu'il n'a point payé,
Trente créanciers, pour l'atteindre,
Font dans Paris la course à pié.

Arlequin dit à Colombine :

                 Air de la clef forée.

Nouvel Hippomène en ce jour,
Dans la lutte à pied, chère amante,
Je courrai, guidé par l'Amour,
Et tu seras mon Athalante ;
Sur mon cheval j'offrirai Mars
Volant vers Vénus qu'il adore,
Et serai, dépassant les chars,
Phébus qui court après l'Aurore.

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