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Les Français en Pologne

Les Français en Pologne, scènes équestres, militaires et historiques, de J.-G.-A. Cuvelier, musique arrangée par Navoigille, créé à Paris, au Cirque olympique, 9 mars 1808.

Sur la page de titre de la brochure, à Paris, chez Barba, 1809 :

Les Français en Pologne, Scènes équestres, Militaires et Historiques, Par J. G. A. Cuvelier, Capitaine de Cavalerie, Associé correspondant de la Société Philotechnique ; Musique arrangée par M. Navoigille ; Représentées, pour la première fois, à Paris, au Cirque Olympique, le 9 Mars 1808.

Journal de Paris, n° 71 du 11 mars 1808, p. 486-487 :

[Pour faire le compte rendu de ce spectacle plein d'action, le critique commence par dessiner le tableau des jeux hivernaux en Pologne (il finit par dire où l'action se passe). Le sujet est patriotique : les malheureux polonais sont sous le joug des Prussiens et des Russes, et l'intrigue mêle les affaires de cœur du chef des partisans polonais et la violence de la bataille. De façon peu surprenante, la plus grande incertitude règne sur l'issue des deux combats, amoureux et guerriers, mais c'est bien sûr la Pologne qui l'emporte, avec l'aide des Français. Le chef des partisans tue un des « coquins » qui s'en prenaient à sa bien aimée, mais il manque d'être tué par des Prussiens, quand « un grenadier français » arrive fort opportunément pour le sauver. Après bien d'autres péripéties, dont des incendies (quand on sait avec quelle facilité les théâtres du temps brûlaient ! Pas très prudents, ces gens de théâtre), il peut épouser celle qu'il aime, et reçoit « l'étoile de la légion d'honneur », « & un très-beau tableau finit la pièce ». Maintenant qu'on sait tout, le critique peut révéler le titre de la pièce, les Français en Pologne, dire qu'elle a eu « un brillant succès » et souligner combien les actions militaires ont été exécutées à la perfection, avec précision et rapidité. Visiblement, c'est ce point qu'il faut faire ressortir.]

Théâtres.

La plaine est couverte de neige.

Dans le fond, à droite, on aperçoit une ville, une église & un cimetière.

Là, une maison isolée ; plus loin, un gros sapin détaché ; l'horizon se termine par une montagne de neige, au sommet de laquelle se dessinent de vieux sapins.

Des paysans & des paysannes se divertissent ; les uns patinent sur la glace, d'autres dirigent gaiement des traîneaux ; un chef de partisans prussiens regarde tous ces jeux d'un air farouche, & le fils du bailli, qui veut faire l'aimable, se casse le nez en tombant d'un traîneau grotesque ; on le relève en se moquant de lui.

Il y a au milieu de tout cela un jeune & joli garçon amoureux d'une jeune & jolie paysanne ; la fille se nomme Théodora ; Odiusko est le nom du galant ; & je crois qu'il est temps de dire maintenant que la scène le passe en Pologne, au moment où les Français, les Russes, & les Prussiens vont décider par une grande bataille du sort de la Pologne prussienne.

Odiusko, ami des Français, qu'il regarde comme les libérateurs, porte secrètement sur son cœur le ruban de la confédération polonaise ; & sa haine pour les Prussiens est d'autant plus forte, que s'ils viennent à triompher, la main de Théodora n'est plus pour lui; le fils du bailli est son rival, & le fils d'un bailli est puissant.

Tout annonce le moment de la bataille ; le tambour bat, la cavalerie cosaque, & l'infanterie russe font de grandes évolutions ; on ordonne à Barman (c'est le fils du bailli) de se mettre à la tête de quelques partisans ; il feint d'être boiteux pour se dispenser de marcher ; on lui amène un cheval; à peine est-il en selle que son cheval rue & se cabre ; les cosaques se moquent du benêt & le laissent étendu sur la neige. – Combat d'avant-poste, grand bruit de mousquetterie & de canon ; les Russes, d'abord forcés de plier, repoussent à leur tour les Français ; la nuit vient ; des soldats ivres s'emparent de Théodora, l'attachent à un arbre , la baillonnent, tirent au sort à qui en sera le possesseur ; Odiusko paroît, poignarde un de ces coquins, & se bat au sabre avec les autres; le bruit attire des partisans prussiens ; Odiusko va succomber, mais un grenadier français prend sa défense ; & les brigands sont mis en fuite ; cette affaire est bientôt suivie de vingt autres non moins terribles, qui sont entremêlées d'incendies, & qui se terminent enfin par une victoire générale des Français sur leurs ennemis. Odiusko, qui vient de faire des prodiges, reçoit, avec la main de son épouse, l'étoile de la légion d'honneur, & un très beau tableau finit la pièce

Telle est à peu près le sujet de la pantomime équestre (les Français en Pologne) qui a été représentée avant-hier pour la première fois au Cirque Olympique, & qui a obtenu un brillant succès. Elle est de M. Cuvelier, officier français.

Toutes les évolutions, les charges de cavalerie, les combats au sabre, à pied & à cheval, ont été exécutés avec une précision & une vivacité surprenantes.

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