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Gertrude ou le Suicide du 28 décembre

Gertrude ou le Suicide du 28 décembre, drame en deux actes, du Chevalier Joseph Aude, 25 janvier 1792.

Théâtre Montansier.

La France littéraire attribue ce drame au chevalier Aude en le datant de façon erronée de 1793. Il aurait été publié en 1795.

La base César l'attribue au même Joseph Aude, dit le Chevalier. Il aurait été joué 11 fois au Théâtre Montansier, du 25 janvier au 26 mars 1792. La création a bien eu lieu le 25 janvier 1792.

Mercure universel, tome 11, n° 329 du jeudi 26 janvier 1792, p. 415 :

[La noirceur de la pièce est ce qui caractérise le mieux le spectacle donné il y a déjà quelques jour. Le compte rendu laisse supposer qu'il pourrait s'agir d'un fait réel (ce qu'il était effectivement). L'intrigue montre les manœuvres d'un couple pervers qui calomnie toute une famille, au point qu'une jeune personne se suicide en s'empoisonnant pour échapper à la honte. L'article se contente, après un court résumé, de donner le nom des interprètes.

Théatre de mademoiselle Montensier.

La première représention [sic] de Gertrude ou le Suicide, du 28 décembre, drame en deux actes, a excité hier une terreur profonde. Voici comme l’auteur, seul dépositaire des détails de ce funeste événement, l’a adapté à la scène.

Une femme dédaignée et un fat méprisé, jaloux du bonheur d'un amant aussi aimé que vertueux, réunissent tous les outrages de la calomnie sur une famille infortunée, et précipitent une jeune personne dans un tel égarement de la vertu outragée, qu’elle ne trouve d’autre moyen d’échapper à la honte qu’en se livrant à la dernière ressource du plus affreux désespoir, le poison.

Mademoiselle Mars a rendu avec tant d’expression les convulsions de la douleur et les angoisses de la mort, que plusieurs personnes n’ont pu résister à un tableau si déchirant.

M. Damas a rendu avec énergie le rôle de Saint-Clair, et M. Beaumanoir avec scélératesse celui de Sombreuil.

Journal de Paris, n° 29 du dimanche 29 janvier 1792, p. 4 :

Le Drame de Gertrude, représenté avec succès sur ce Théâtre offre un exemple d'autant plus terrible du danger des libelles, qu’il est fondé sur un fait récent & connu.

Une jeune personne honnête, prête à épouser son amant, voit son nom écrit dans un libelle, sur la liste des filles publiques. Egarée par son désespoir, elle avalle un verre d’eau-forte, & expire dans les convulsions. L’Auteur a tiré tout le parti possible de ce sujet, d'autant plus difficile à traiter, qu’il laissoit peu de chose à l'invention. Tous les rôles ont été rendus avec beaucoup de talent & de vérité, par Mmes Vazelle, Barover, & par MM. Beaumanoir, Damas & Valleville.

Mlle Mars, chargée du rôle de Gertrude, a été vraiment sublime dans la pantomime de la dernière scène.

Gustave Isambert, La vie à Paris pendant une année de la Révolution (1791-1792), p. 208 :

[Quand les faits divers deviennent des œuvres dramatiques...]

En janvier, la Montansier et le théâtre de Molière en viendront à se disputer un fait historique dont l'histoire a mal gardé la mémoire et une leçon à donner aux libellistes. Une jeune marchande du Palais-Royal, Rose Mainville, honnête personne sur le point de se marier, se voyant nommée parmi des filles galantes dans un Almanach de demoiselles de Paris, s'était empoisonnée avec un verre d'eau-forte1. De là, Gertrude ou le Suicide du 28 décembre : « Mlle Mars, chargée du rôle de Gertrude, a été vraiment sublime dans la pantomime de la dernière scène2 »; puis, rue Saint-Martin, le Suicide du 28 décembre ou les Effets de la calomnie.

1. Courrier des 83 départements, 30 décembre 1791.

2. Journal de Paris, 29 janvier 1792.

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