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Gille[s] en deuil

Gille[s] en deuil, opéra en 1 acte, de Marc-Antoine Désaugiers, Armand-Croizette et J. A. Jacquelin, musique d'Alexandre Piccini, 19 thermidor an 10 [7 août 1802].

Théâtre Montansier-Variétés.

Le nom du personnage principal est écrit alternativement Gilles ou Gille.

Sur la page de titre de la brochure, à Paris, chez Barba, 1802 :

Gille en deuil, opéra en un acte, Par MM. Désaugiers, Armand-Croisetteet Jacuqelin. Musique de M. A. Piccini; Représenté, pour la première fois, sur le théâtre Montansier-Variétés, le 15 thermidor an 10.

Courrier des spectacles, n° 1982 du 21 thermidor an 10 [9 août 1802], p. 2-3 :

[Le critique croit voir un retour des arlequinades, disparues depuis quelques années, et jouées à la fois au Vaudeville et au Théâtre Montansier-Variétés. Celle du Théâtre Montansier a réussi, mais ce succès doit beaucoup à la musique, puisque cette arlequinade est ce qu'on appelle alors un opéra, et qui est plutôt pour nous un opéra-comique. On note tout de même que le compositeur de cette « musique agréable, chantante et variée » n'est pas nommé. L'intrigue n'a rien pour surprendre : Cassandre vit sous un faux nom près de Gilles son neveu. Celui-ci veut épouser Colombine, et veut faire croire à celui qu'il n'a pas reconnu pour son oncle que Cassandre est mort. Celui veut chasser Gilles, et Arlequin et Colombine profitent de l'occasion pour obtenir de Cassandre qu'il les marie. La pièce est bien jouée et bien chantée. Les auteurs sont nommés (ils sont décrits comme trois jeunes gens au début de l'article). Petit reproche assez classique : abus des jeux de mots et des calembours, abus dont le public est censé être en train de se lasser, mais il se pourrait que le critique prenne son désir pour la réalité.]

Théâtre Montansier.

Première représentation de Gilles en Deuil.

Depuis quelque tems on se plaignoit à Paris de ne plus voir représenter d’arlequinades. Ce genre est-il usé ? se demandoit-on, ou ne se trouve-t-il plus d’auteurs capables de le traiter avec succès. Plusieurs de nos auteurs viennent de répondre en même tems à ces reproches, et tandis qu’on donne au Vaudeville Carlin, débutant à Bergame, trois jeunes gens s’exerçant dans le même genre, font jouer Gilles en deuil au théâtre Montansier. Ils ont aussi obtenu du succès ; mais qu’ils consentent à laisser une partie de leur gloire, peut-être la plus forte partie, au musicien qui a embelli leur ouvrage d’une musique agréable, chantante et variée.

Voici le fonds de cet opéra :

Cassandre a quitté Bergame, et sous le nom de Pandolphe, il est venu s’établir restaurateur en face de la boutique de Gilles, son neveu, qui s’est fait libraire. Celui-ci est amoureux de Colombine qui lui préfère Arlequin, auteur et poëte. Cassandre est très-lié avec Arlequin, et n’a aucune répugnance à le prendre pour gendre. Gilles pour les contrarier dans ce dessein qui lui fait perdre toute espérance, feint de recevoir une lettre de Bergame, qui lui annonce la mort de Cassandre, persuadé que M. Pandolphe lui donnera sa fille lorsqu’il le croira héritier de la fortune de son oncle. Il vient donc en habits de deuil, et en poussant des cris lamentables, montre la lettre prétendue de Cassandre ; celui-ci est irrité, il se nomme, et est sur le point de le chasser, lorsqu’Arlequin et Colombine le pressent de les unir et de lui pardonner.

Cette pièce est jouée avec beaucoup de gaîté, par les citoyens Dubois, Bosquier-Gavaudan et Aubertin. Mademoiselle Godard y chante d’une manière fort agréable ; les auteurs sont les citoyens Croiset, Désaugiers et Jacquelin. Si ce n’étoit par [sic] une folie, on pourroit leur reprocher maint et maint abus d’esprit : ils ont réussi, tant mieux ; mais une autre fois peut-être ne seront-ils pas aussi bien reçus par un public qui commence à se lasser des jeux de mots et des calembourgs. On lui en a tant donné depuis deux ou trois ans !

Le coup de fouet, ou Nouvelle revue de tous les théâtres de Paris, fin de l'an X – 1802,:p. 175 :

[En 1802, il faut encore préciser qui est (ou plutôt qui n'est pas) le Piccini qui a fait la musique de Gille en deuil (le petit-fils de Niccolò Piccinni, l'auteur des opéras cités). Et il faut bien dire que c'est « une très-chétive production lyrique et comique » à qui on promet l'oubli.]

Gille en deuil, de Désaugiers et Jaquelin , musique de Piccini (qui n'est pas l'auteur de Didon et d'Atys), est une très-chétive production lyrique et comique qui, bientôt, sera condamnée à un éternel oubli,

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