- Accueil
- Pièces, gens et lieux
- Les pièces : essai de catalogue
- g
- Grimaldi ou le Dépositaire infidèle
Grimaldi ou le Dépositaire infidèle
Grimaldi ou le Dépositaire infidèle, comédie en trois actes et en prose, d'Hoffman, 10 messidor an 13 [29 juin 1805].
Théâtre de l'Impératrice.
-
Titre :
Grimaldi, ou le Dépositaire infidèle
Genre
comédie
Nombre d'actes :
3
Vers / prose
en prose
Musique :
non
Date de création :
10 messidor an 13 (29 juin 1805)
Théâtre :
Théâtre de l’Impératrice
Auteur(s) des paroles :
Hoffman
Almanach des Muses 1806.
Imbroglio dans le genre espagnol. Beaucoup de mouvement et de gaieté. Du succès.
Courrier des spectacles, n° 3057 du 12 messidor an 13 [1er juillet 1805], p. 2-3 :
[Avant de parler de la pièce, le critique entreprend d’expliquer le primat actuel des comédie d’intrigue sur les comédies de caractère, qu’il attribue à « l’impuissance des auteurs », plus aptes à construire une intrigue très conventionnelle dont il donne en quelque sorte la recette et dont il explique le succès auprès d’un public avide de voir comment l’auteur réussira à sortir du labyrinthe qu’il a lui-même construit. Suit une longue analyse de l’intrigue, très compliquée et remplie de rebondissements, jusqu’à un dénouement sans surprise (qui n’avait pas compris que la cassette ne contenait rien ?) et d’une grande facilité (le méchant récompensé ? Pas très moral, tout de même).Pour conclure, le critique souligne que ce genre d’intrigue, amusante, et « soutenu d’un dialogue piquant et .facile » ne peut guère déplaire, bien qu’elle soit riche en invraisemblances. Il ne reste plus qu’à nommer l’auteur et à féliciter les acteurs « qui ont joué sa pièce avec beaucoup d’ensemble ».]
Théâtre de l’Impératrice.
Grimaldi, ou le Dépositaire infidèle.
Ce théâtre est moins riche en comédies de caractère qu’en comédies d'intrigue. Les premières sont rares et très-rares aujourd’hui, et la raison en est plutôt dans l’impuissance des auteurs que dans la disette des sujets. On adopte de préférence les comédies d'intrigue comme plus faciles ; chaque jour en voit naître une nouvelle. Un tuteur bien dur, bien avare, bien barricadé dans son château, donnant tête baissée dans les pièges qu'on lui tend, une jeune fille à arracher à l’esclavage, voilà de quoi exercer la plume. L’auteur sourit d’avance à tous les moyens que son imagination lui fournit ; sa tête ne peut suffire aux diverses combinaisons qui, en se succédant sans cesse, lui paroissent doubler les méprises, les incidens et l’intérêt. Le public de son côté aime ces difficultés que l’auteur s’est créées lui-même ; il le suit avec plaisir dans le dédale d’où il sait qu’il doit sortir. Mais quels seront ses moyens ? Voilà ce qui tient le spectateur embarrassé, voilà ce qui excite son intérêt, jusqu’à ce qu’il se voye, avec une surprise agréable, conduit hors du labyrinthe par des chemins que personne n’avoit devinés. Ce genre de comédie n’admet ni longues tirades ni pompeuses descriptions, ni déclamations ambitieuses ; les personnages toujours en action, toujours en mouvement, vont, viennent, courent, agissent, et ont à peine le tems de parler. Aussi le mérite du poëte, après celui de l’invention du sujet, est-il dans un style serré, rapide et spirituel, et c’est ce qui distingue la comédie du Dépositaire infidèle.
La mère d’Anadine, en partant pour les Indes, a confié sa fille et ses biens à Grimaldi son frère, homme avare et intrigant. La nouvelle du naufrage et de la mort de sa sœur lui inspire le désir de s’approprier les biens dont il n’est que le dépositaire, et il s’est attaché sur-tout à persuader à sa pupille, prisonnière dans un château près de Naples, que ses parens l’ont laissée sans fortune. Le Comte Raymond qui a connu la mère d’Anadine, et qui sait les grands biens qu’elle lui a laissés, forme le projet de s’introduire dans le château, et de venger cette jeune personne. De concert avec Fabrice son valet, avec lequel il a changé d’habits, il feint sous les fenêtres du tuteur, une querelle à la suite de laquelle il se fait renvoyer par sou prétendu maître : Grimaldi qui a été instruit des tentatives que Raymond devoit faire pour enlever sa prisonnière, est témoin de cette dispute, et lorsque Fabrice est retiré, il descend près de Raymond, qui dit se nommer Frontin, et qui lui fait une partie des aveux qu’il sait déjà ; mais malgré les mauvais traitemens de son maitre, Frontin déclare qu’il le servira dans son entreprise. Grimaldi, pour s’assurer de lui, veut le forcer à entrer au château ; Frontin feint de se défendre ; quatre grands estafiers l’environnent, et le voilà prisonnier du tuteur : c’est ce qu’il demandoit. Cependant Grimaldi a surpris sur lui une lettre qui devoit instruite Anadine du projet formé pour l’enlever. Fort de cette lettre, il menace Frontin de le livrer a la justice, s’il ne lui dévoile les moyens que son maître doit employer pour réussir. Les aveux de Raymond sont aussi-tôt communiqués à la pupille, qui refuse de les croire, et qui accuse le prisonnier de s’entendre avec son tuteur pour rendre son amant plus odieux. Grimaldi, pour la convaincre, l’amène en présence de Raymond, les deux amans se reconnoissent, mais dissimulent leur joie.
C’est alors que l’on annonce l’arrivée de Fabrice ; il vient, ainsi qu’il en est convenu, pour seconder son maître. En présence de Grimaldi, il accable Frontin de reproches, et demande la liberté d’un valet infidèle que le Comte, dit-il, se propose de punir. En cet instant, il glisse dans la main d’Anadine une lettre que Raymond fait surprendre par le tuteur, et cette preuve de zèle rend Grimaldi plus confiant à son égard. Fabrice est arrêté et enfermé sous clef dans une chambre voisine. Il ne reste plus à Grimaldi que de s’assurer des autres gens du Comte qui doivent, sous ses ordres, escalader le château. Pour cela il a pris un moyen sûr ; il a fait prévenir le magistrat et les sbires. Ceux ci doivent arrêter les assaillans, et 1es conduire dans le château : c’est encore ce que désire Raymond. Effectivement, on vient annoncer la prise de ses gens, que précèdent le juge et son greffier, et qui portent une cassette bien fermée, selon les ordres de leur maître. Le juge procède à l’interrogatoire de Fabrice qui, voyant que l’affaire devient sérieuse, prie le magistrat de s’adresser au Comte Raymond son maître ; et il indique Frontin. A ces mots, Grimaldi est déconcerté ; et bientôt il est accusé par le Comte de retenir injustement en sa puissance la personne et les biens de sa nièce. Raymond déclare que la mère d’Anadine l’a chargé de les lui redemander : et pour première preuve, il montre le portrait de la jeune personne, qu’elle lui a remis avant sa mort. Grimaldi veut en vain nier, Raymond le menace de lui représenter les titres que contient la cassette. Enfin il se reconnoît coupable, signe cet aveu, et Fabrice ouvre la cassette, qui ne contient aucun papier. Le tuteur est irrité d'être dupe, mais Anadine et Raymond lui offrent le château et ses dépendances, et quelle rancune tiendroit contre un cadeau offert de si bonne grâce ?
Il est rare qu’une intrigue amusante, soutenue d’un dialogue piquant et facile, essuye à une première représentation de fortes critiques ; elles ne peuvent porter que sur les invraisemblances. Mais il est convenu pour l'ordinaire que le public doit s y prêter : aussi cette comédie a-t -elle pleinement réussi. M. Hoffmann, après avoir pris sa part du succès, doit aussi donner la leur à MM. Picard frères et Barbier, et à Mlles. Adeline et Molière, qui ont joué sa pièce avec beaucoup d’ensemble.
L’Esprit des journaux français et étrangers, tome XI, thermidor an XIII [juillet 1805], p. 279-281 :
[Le compte rendu s’ouvre de façon positive, mais avec des réticences : si le succès est « mérité », ce n’est qu’à certains points de vue. Impossible d’en entreprendre analyse complète tant il abonde « en incidens croisés et en méprises du genre espagnol ». On devra se contenter du résumé assez général d’une intrigue romanesque : il s’agit pour le tuteur d’une jeune orpheline de faire valoir ses droits alors que tous les papiers qui les établissent ont disparu. Il faut user de bien des ruses pour y arriver, mais on y arrive, et tout finit par un mariage. Après une intrigue dont les détails sont d’une grande complexité, il faut tout de même signaler qu’elle comporte un dialogue vif et concis, que les scènes s’enchaînent bien. Mais on pouvait arriver au dénouement sans tous les détours par lesquels on passe. Comme souvent, la pièce ressemble à beaucoup d’autres, mais elle ne manque pas pour autant d’originalité. Et elle est bien jouée.]
Grimaldi , ou le Dépositaire infidèle, comédie en 3 actes en prose.
Succès brillant..... et mérité, du moins à beaucoup d'égards.
Comédie d'intrigue ; sujet d'invention. L'ouvrage abonde trop en incidens croisés et en méprises du genre espagnol, pour que nous entreprenions d'en rendre un compte exact. Quand les bornes de notre journal ne seraient pas trop étroites pour contenir tout ce détail, personne n'aurait le courage de s'y enfoncer avec nous. Décrivons la surface du labyrinthe, mais n'en suivons pas les détours.
Grimaldi, oncle et tuteur d'Anadine, s'est emparé des biens de cette jeune personne, et la tient renfermée dans un château isolé, à quelques lieues de Naples. La mère d'Anadine est morte à la suite d'un naufrage, et tous les papiers qui pourraient constater les droits de la pauvre orpheline, sont tombés au fond de la mer. Raymond, comte de..... (le nom de son comté ne nous revient pas, mais peu importe), Raymond, disons-nous, est instruit du tort que Grimaldi veut faire à sa pupille, et il forme le projet de s'y opposer. Il n'a pas retrouvé les titres noyés ; mais il a une liste des biens d'Anadine, liste écrite de la main même de la défunte, et il faut bien que ce chiffon lui suffise. Ici commence l'intrigue. Notre comte se déguise en valet, son valet se déguise en maître, etc. ; le tout pour s'introduire dans le château du Dépositaire infidèle. Ces divers stratagêmes réussissent. Grimaldi, qui prend Raymond pour un valet poltron, s'imagine l'avoir effrayé, et ne croit pas se défier de ses rapports. Raymond voit Anadine ; la voir, l'aimer, en être aimé, c'est tout un. L'intelligence des deux amans et le goût d'une soubrette pour tous les valets de bonne mine qui se présentent au château, occupent la scène pendant un acte.
Cependant Grimaldi, instruit par Raymond lui-même, du projet que l'on a d'enlever Anadine, mande promptement le juge du lieu. C'était ce que voulait le comte ; le juge arrive. Raymond se découvre, et d'accusé devient accusateur. Il se fait apporter une boîte scellée, dans laquelle il dit avoir recueilli tous les titres d'Anadine ; puis, lisant à haute voix la liste sommaire de ces biens, il interpelle Grimaldi dé déclarer, par oui ou par non, s'ils appartiennent à l'orpheline. Grimaldi, se voyant en présence de la justice , et croyant que les actes de propriétés se trouvent réellement dans la boîte fermée, qui est sur le bureau, n'ose faire une fausse déclaration ; il avoue donc que tous les biens dont il s'agit, sont à sa pupille, et cet aveu devient un titre qu'il ne lui est plus permis d'anéantir. On ouvre la boite ; elle était vide. Mais verba scripta manent, et les deux amans sont unis.
Beaucoup d'esprit dans le dialogue, qui est vif et concis ; beaucoup d'adresse et de prestige dans l'enchaînement des scènes. Peu de vraisemblance ; des incidens trop évidemment inutiles, Dénouement heureux, mais auquel il eût été facile d'arriver, sans passer par tant d'imbroglio. Quelques traits de ressemblance avec le Barbier de Séville, Ruse contre Ruse, les lntrigans, Lodoïska ; de l'originalité, néanmoins, dans beaucoup de scènes ; de la gaieté, de la chaleur et de l'intérêt. Au total, pièce faite pour attirer la foule, et d'ailleurs très-agréablement jouée par les deux Picard, Mlle. Molière et Barbier.
Cet ouvrage est de M. Hofiman.
Magasin encyclopédique, ou journal des sciences, des lettres et des arts 10e année, 1805, tome IV, p. 416 :
[Compte rendu un peu désabusé : « Encore un tuteur dupé »n comme il y en a tant au théâtre. La pièce nouvelle ne diffère pas des autres du même type, et elle ne vaut que par les capacités de l’auteur de faire naître le comique de ce fonds sans surprise possible. Ici, c’est un auteur d’expérience. Mais le critique ne dit pas qu’il a fait mieux que les autres : c’est juste un auteur à succès. Mais peut-être pas dans le cas de cette pièce.]
THÉATRE DE L’IMPÉRATRICE.
Grimaldi, ou le Dépositaire infidèle.
Encore un tuteur dupé. Cela suppose une pupille amoureuse, un amant travesti, qui finit par s'introduire et démasquer un fripon. En effet, toutes les pièces de ce genre ne diffèrent que par la variété des moyens qui mènent au même but. On passe sur les invraisemblances pour rire des scènes plus ou moins neuves, mais toujours comiques, qui naissent d'un tel fonds, surtout lorsqu'il est traité par un homme qui connoit la scène. Cet ouvrage est de M. Hoffmann, qui a déjà obtenu plus d'un succès.
Archives littéraires de l'Europe, tome septième (1805), Gazette littéraire, juillet, août, septembre 1805, p. xxv :
[Le compte rendu s’ouvre sur un « Encore un tuteur dupé » qui pourrait faire croire que le critique est las de ce genre de sujet. Mais il écrit aussi que « Avec de l'imagination et de la gaîté dans les détails, on est presque toujours sûr du succès », et c’est ce qu’il tente de montrer dans une brève analyse de la pièce. Conclusion : « De jolis détails, beaucoup d'entente de la scène », et une « pièce jouée avec ensemble ». Le bilan est plutôt positif.]
Théâtre Louvois.
Grimaldi, ou le Dépositaire infidèle, comédie en trois actes.
Encore un tuteur dupé ; c'est un fonds inépuisable pour les auteurs comiques. Avec de l'imagination et de la gaîté dans les détails, on est presque toujours sûr du succès. Grimaldi n'est point un vieillard amoureux et ridicule ; c'est un homme que l'avarice fait manquer à la probité ; il est toujours en garde contre les ruses, très-rusé lui-même. Il est trompé cependant ; mais trompé d'une manière fort-adroite. Sans entrer dans des détails qui deviendraient trop longs, si l'on voulait analyser la pièce scène par scène, on peut en donner une idée. Le comte Raymond, amoureux sur un portrait d'Anadine, pupille de Grimaldi, veut la protéger contre l'injustice du tuteur, pour satisfaire à la parole qu'il en a donnée à sa mère mourante. Sous les habits de son valet, il feint de vouloir éviter l'argus, qui le fait entrer de force dans sa maison. Une fois introduit, il s'insinue dans ses bonnes graces, instruit la jeune personne de ses projets, et, annonçant ensuite un enlèvement, engage Grimaldi à faire venir chez lui des gens de justice. Tout change alors de face ; l'accusateur devient l'accusé ; le comte se nomme, et montre une cassette qu'il prétend renfermer les titres des biens d'Anadine. Le tuteur n'ose pas nier qu'il n'en soit le dépositaire ; il signe sa déclaration, et la casette [sic] vide lui fait voir que s'il s'était moins pressé, il aurait pu garder tout ; mais la morale ! II donne une mauvaise excuse, et se corrige , du moins en aparence [sic].
De jolis détails, beaucoup d'entente de la scène ont fait le succès de cette pièce, qui est jouée avec ensemble. L'auteur est M. Hoffman, connu avantageusement sur notre scène lyrique.
L'Esprit des journaux français et étrangers, année 1806, tome I (janvier 1806), p. 294 :
[A la suite d'un compte rendu très sévère de la représentation d’Une heure d'absence sur le théâtre de Bruxelles. Le jugement est expéditif : « des détails piquans et des scènes comiques », et c’est surtout des interprètes qu’il est ensuite question, en termes plus ou moins favorables selon les cas. On note seulement que la pièce comporte une soubrette qui tombe amoureuse d’un valet déguisé en maître : « Cela est dans la nature, mais si usé au théâtre, qu'il n'en résulte aucun effet comique ».]
La seconde comédie est intitulée Grimaldi ou le Dépositaire infidèle. Elle est de M. Hofman, connu par beaucoup d'ouvrages estimables. Celui-ci, bien que le sujet soit rebattu, justifie la réputation de l'auteur par des détails piquans et des scènes comiques. Le rôle du valet est très-plaisant, et M. Paulin, qui en est chargé, le fait valoir avec tout le beau talent qu'on lui connait. Mr. Bourson gâte par sa monotonie, son extrême froideur et un manque absolu d'intelligence, le rôle de Raymon, l'amoureux, et le principal personnage de la pièce. M. Dubreuil a bien établi le rôle du fourbe Grimaldi. Il y eut été fort bon, s'il avait été plus sûr de sa mémoire. Il y a dans cette comédie une soubrette qui, prenant le maître pour un valet, parce qu'il est déguisé sous ce costume, en devient amoureuse. Cela est dans la nature, mais si usé au théâtre, qu'il n'en résulte aucun effet comique. Ce rôle a été joué par Mlle. Morland, qui a bien voulu y remplacer Mme. Tanquerelle, malade depuis quelque temps.
Mlle. Morland s'est fort bien acquittée de ce personnage, étranger à son emploi. Elle y a mis de la grace, de l'aisance, et du comique. Je suis persuadé que si elle adoptait ce genre de rôles, pour lequel les sujets manquent, elle y obtiendrait un succès brillant. La manière distinguée, avec laquelle elle vient de jouer la soubrette des Folies amoureuses, justifie mon opinion. Elle devrait seulement mettre un peu plus de nerf dans sa diction, dans laquelle souvent elle prend le ton de mignardise des ingénuités, ce qui choque dans une soubrette ; c'est une tache que l'habitude de jouer effacerait promptement.
[Les Folies amoureuses est une comédie de Regnard (1696).]
Ajouter un commentaire