Gustave en Dalécarlie, ou les Mineurs suédois

Gustave en Dalécarlie, ou les Mineurs suédois, anecdote historique en cinq actes, en prose, de H.-J.-F. Lamartelière, 10 décembre 1802.

Théâtre des Étrangers, ci-devant du Marais.

La création est signalée dans le Courrier des spectacles avec comme titre éles Dolecarliens, ou les Mineurs suédois, anecdote historique en 5 actes ».

Sur la page de titre de ma brochure, à Paris, chez Barba, an 11 – 1803 :

Gustave en Dalécarlie, ou les Mineurs suédois, anecdote historique en cinq actes en prose. Par H. J. F. Lamartelière, Auteur de Robert, Chef de Brigands, etc.

Avant la page consacrée à la liste des personnages, un « avis aux directeurs » :

[L'indication comme souvent de la position des interprètes sur la scène, l'objectif étant de faciliter la mise en place de la pièce. Puis une indication sibylline sur le fait que la pièce a été jouée à Paris avec un titre réduit.]

AVIS AUX DIRECTEURS.

Pour faciliter la mise de cet ouvrage dans les départemens, on a fait imprimer les positions de tous les personnages qui se trouvent placés sur le théâtre dans le même ordre qu'ils sont écrits en titre de chaque scène : celui dont le nom est écrit le premier, a son interlocuteur à sa gauche, ainsi des autres. Au moyen de ces indications et des tableaux qu'on y a figurés, la pièce peut être montée en peu de jours.

Nota. Pour des raisons qu'il est inutile de déduire, cette pièce n'a été représentée, à Paris, que sous le titre des Mineurs Suédois.

La liste des personnages est d'une précision remarquable :

PERSONNAGES, COSTUMES ET EMPLOIS.

GUSTAVE. Au premier acte, habit de mineur dalécarlien, c'est-à-dire une veste et pantalon de serge ou drap commun, taillé à la hussarde, sans ornemens, bottines communes; au second acte et les autres, habit d'officier suédois, avec bottines à glands, à peu près la même mise que Lowinski dans Lodoïska

Premier rôle.

M. Beaupré.

EDGARD, mineur, fils de Toberne et frère d'Alfred. Au premier acte, habit de mineur; au second acte et autres, manteau; au cinquième, pistolets et sabre.

Fort, jeune prem.

M. Masson.

OTHON, général de Christiern, homme loyal et galant, habit danois très-riche, même costume que Boleslas, cependant moins sérieux.

Grand, 3e rôle.

M. Devilliers.

LE GOUVERNEUR des mines, même habit qu'Othon, un peu moins riche.

Raisonn., 2e père.

M. Follanges.

PETERS, ancien serviteur de Gustave, homme adroit, intrépide, intrigant pour délivrer Gustave, auquel il est très-attaché. Au premier acte, habit riche com me les précédens, mais d'une couleur; au second et autres, le costume d'Albert dans Lodoïska.

Premier comique.

M. Gabriel.

TOBERNE, vieillard respectable, franc et loyal, ancien militaire, père d'Alfred, costume de simple cultivateur suédois.

Père noble.

M. Dussaux.

ALFRED, fils de Toberne, et frère d'Edgard, capitaine d'une compagnie de chasseurs danois, habit comme les précédens.

Jeune 1er, 2e rôle.

M. Sidonis.

SIGBALD, lieutenant d'Alfred, habit comme Alfred, couleur et galons de même.

3e Amoureux.

M. Pollin.

MARKOF, inspecteur des mines, caractère brusque, souple devant ses supérieurs, et dur avec ceux qu'il mène, costume comme les autres, mais beaucoup plus sombre, grandes moustaches, un crochet à son habit pour un paquet de clefs, un bâton à la main, et un cornet à bouquin pendant à sa ceinture, duquel il se sert pour appeler les mineurs aux travaux.

Manteau.

M. Cartigny.

JAK, mineur. Au premier acte, habit de mineur; au cinquième, manteau, toque, sabre et pistolets.

Accessoire.

UN CHASSEUR suédois, pareil costume qu'Alfred, sans autres galons qu'en fil.

Personnage muet.

LÉONIE, épouse de Gustave, une tunique blanche, brodée en argent, garnie d'un velours noir par le bas, manches pareilles, une espèce de petit doliman ouvert par le bas, allant jusqu'à mi-jambe, fermé par une ceinture un peu riche; il doit être galonné en argent et bordé de fourrure noire, comme les manteaux des hommes, mais sans manches, petite toque sur la tête, de même couleur que le manteau, bordé de même.

1er rôle jeune.

M. Pelletier.

UN ENFANT de quatre à cinq ans, petit costume suédois, sans manteau.

MINEURS.

CHASSEURS D'OTHON.

DALECARLIENS.

La scène se passe dans la Dalécarlie.

Le décor de l'acte 1 représente l'intérieur d'une mine : des échelles dressées; des paniers suspendus, availlent. L'acte 2 se passe dans une chambre rustique, modeste, mais propre. L'acte 3 et l'acte 4 a lieu dans un vaste salon avec une fenêtre donnant sur le jardin « comme dans le Mariage de Figaro » : le décor doit permettre aux acteurs d'entrer et sortir par là. L'acte 5 se passe dans un « vieux salon gothique ». Ces indications montrent un souci de réalisme, si on peut oser un tel mot.

La Dalécarlie est une région du centre de la Suède. Elle est riche d'anciennes mines de fer, d'argent, de plomb, de cuivre, etc.

Courrier des spectacles, n° 2112 du 26 frimaire an 11 [17 décembre 1802], p. 3 :

[L'auteur revendique sa création, qu'un critique lui conteste. Le monde des lettres est sans pitié, surtout avec un modeste dramaturge qui a bien besoin d'être reconnu.]

AU REDACTEUR.

Paris, le 24 frimaire.          

J’ai fait n’aguères deux romans. On les accueillit avec indulgence, et je les croyois bien de moi ; point du tout. Un de vos confrères pré tend que mes Trois Gilblas et la Suite, sont imités de je ne sais quel auteur Portugais.

Mon goût me ramène au théâtre. Je choisis celui du Marais, et j’y donne mes Dalécarliens. Ils réussissent : dès le lendemain, la Clef du Cabinet annonce que cet ouvrage est une traduction de Gustave Wasa de Kotzebüe, que je n'ai jamais lu, ni connu, non plus que l’auteur Portugais.

C’est bien assez, sans doute, d’être exilé au fond du Marais, sans être encore dépouillé du peu qu’on a. Veuillez, monsieur , m’aider à le conserver. J’en ai besoin ; mais je pourrois peut-être m’en passer, si, au lieu des mille déboires qu’on m’a fait éprouver, j’eusse reçu une seule marque d’encouragement.

Salut et considération,           Lamartelière.

Selon François Labbé, « JEAN-HENRI FERDINAND LAMARTELIERE (1761-1830), Un dramaturge entre deux cultures et deux époques », Recherches germaniques, N°30, 2000. p. 153, note 30, « Son anecdote historique Gustave en Dalécarlie (1803) connut un beau succès et eut l’honneur d’être adaptée par Kotzebue puis Castelli. Elle fut traduite en hollandais, en polonais et en portugais ! »

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