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La Grande Revue des armées noire et blanche d’Outre-Rhin

La Grande Revue des armées noire et blanche d’Outre-Rhin, mélodrame en un acte de J.-B. Louvet de Couvray, 25 juillet 1791.

Théâtre Molière.

Mémoires de Louvet de Couvray, député à la Convention nationale, Paris, 1823, p. 30 :

La seule que je parvins à faire jouer, fut une espèce de farce appelée la Grande Revue des armées noire et blanche. Son titre indique assez son objet. C'étaient quelques ridicules jetés sur l'armée de Coblentz. Elle eut vingt-cinq représentations.

Mercure universel et correspondance nationale, tome 6, n° 171, p. 287 :

[La pièce s'inscrit dans la lignée des revues satiriques du temps, un genre comique qui revient à faire de façon moqueuse le tour d'un événement, d'une année, etc. Celle de Louvret de Couvray s'attaque à l'armée des émigrés, ou des Princes, qui s'est formée en Allemagne, et elle la met en scène avec dérision, à travers une série de caricatures de hauts personnages de l'ancien régime et membres du parti royaliste (prince de Lambesc, le marquis de Mirabeau (le frère du comte de Mirabeau, ambigu partisan de la Révolution), le cardinal de Rohan (« héros » de l'affaire du collier de la Reine), le prince de Condé) : une armée qui n'a pas de moyens, et dont chaque catégorie prétend retrouver ses privilèges et punir les révolutionnaires : des militaires, des parvenus, des ecclésiastiques. Si les évêques revendiquent le rétablissement de leurs bénéfices, prêtres, moines et nonnes sont surtout soucieux de retrouver leurs partenaires de jeux sexuels, tout comme « les grandes dames » dont moulins, four et queue peuvent avoir un sens érotique. Par contre, Bouillé est décrit comme un vantard, qui ne peut mettre à son actif qu'une promesse de victoire, tandis que Mirabeau-Tonneau ne fait que répéter, dans le couplet cité par le critique, le discours des privilégiés, soucieux seulement de perpétuer leurs privilèges. L'article s'achève par un simple jeu de mot, le louis que Bouillé aurait dû sauver, ce n'est pas de l'argent, pourtant bien nécessaire à cette armée sans ressources,, mais le Roi, revenu de Varennes, l'évasion conçue par Bouillé ayant échoué.]

SPECTACLES.

On donne au théâtre de Molière,une folie patriotique, digne d’amuser un instant et lecteurs et spectateurs : c’est la Grande revue des armées noires et blanches d'outre-Rhin.

On y voit en hôtel garni Lambesc, Mirabeau, (Tonneau) le Cardinal de Rohan, et l'invincible prince de Condé, qui n’est point effrayé par trois cents mille gardes nationaux, et se flatte d’exterminer toute la canaille patriotique. 1

Les Hussards de la mort paroissent armés d’échalas, faute d’argent pour avoir des fusils. Le bataillon du palais, armé de balance, veut toujours pendre, rompre, et avoir des épices. Celui des parvenus, armés de sondes, redemande les bannières. Condé leur promet de rebâtir la Bastille, et d’y mettre tout le fauxbourg Saint-Antoine, et de rendre aux secrétaires du roi leurs savonnettes, Les évêques , crossés, mîtrés, redemandent leurs bénéfices ; les prêtres et moines, leurs nièces ; les religieuses, leurs jardiniers ; les grandes dames veulent qu’on aille moudre à leurs moulins bannaux, cuire à leur four, et qu’on leur porte la queue.

Bouillé vient apporter une grande nouvelle ; avez-vous pris Paris, lui demande-t-on, non, je viens d'écrire que je le prendrois.

Mirabeau chante ce couplet :

« Je soutiens, dussiez-vous rire,
Et dussiez-vous m’étriller,
Qu’il faut dans un grand Empire,
Des villains pour tout payer ;
Un haut clergé pour tout prendre ;
Des nobles pour partager ;
Des ministres pour tout vendre,
Et des rois pour tout manger».

Il est un passage que nous ne pouvons nous dispenser de citer. Condé demande à Bouillé s'il apporte beau coup de louis ; oh ! non, répond-il, je n'ai pu en sauver un seul.

La base César ne connaît pas de nom d'auteur. Elle lui attribue 25 représentations, du 25 juillet au 20 novembre 1791 (André Tissier en connaît 28).

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