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La Grotte de Trophonius

La Grotte de Trophonius, opéra héroi-comique, de l’abbé Casti, traduit par Dubuisson ou par Moline, musique de Salieri, 15 mars 1790.

Théâtre de Monsieur.

Il est un peu difficile de démêler l'écheveau des aventures lyriques de l’oracle de Trophonius. La version de Piron date de 1722, celle qui est donnée en 1790 est de l’abbé Casti et de Dubuisson, musique de Salieri. Et on aura encore une version italienne en 1804, sur le livret de l’abbé Casti peut-être, musique de Paisiello.

Titre :

Grotte de Trophonius (la)

Genre

opéra-bouffon

Nombre d'actes :

1

Vers ou prose ,

en prose, avec des couplets en vers

Musique :

oui

Date de création :

15 mars 1790

Théâtre :

Théâtre de Monsieur

Auteur(s) des paroles :

abbé Casti, Dubuisson (ou Moline)

Compositeur(s) :

Salieri

Mercure de France, tome CXXXVIII, n° 13 du 27 mars 1790, p. 139-141 :

[Pour présenter l'œuvre nouvelle (qui n’est d’ailleurs pas si nouvelle...), le critique embrouille soigneusement le lecteur en partant d’une œuvre de Piron, de 1722, avant de présenter deux pièces sur le même sujet, celle qu’on joue à paris, de Salieri, et celle qu’on joue en Italie, de Paisiello, qu’on jouera à Paris en 1804 sous le titre de la Grotta di Trofonio. On a un peu de mal à s’y retrouver. Le critique s’étonne ensuite du genre attribué à la pièce, et qui signalerait que la pièce n’est pas si gaie. Il présente ensuite l’intrigue, en partant de la légende antique de l’antre de Trophonius, sur laquelle l’abbé Casti a greffé une double histoire amoureuse riche en métamorphoses et en rebondissements. La pièce n’est pas complètement réussie : l’action de la dernière partie est « languissante », et la musique se voit reprocher d’être plus dans l’harmonie que dans la mélodie : elle est « plus susceptible d'exciter l'admiration, que de toucher ou d'amuser », ce qui n’a pas empêché certains morceaux d’enthousiasmer le public. Les interprètes féminines sont remarquables.]

Piron a fait un Opéra comique intitulé : L'Antre de Trophonius. Cet Ouvrage n'a aucun rapport avec l'Opéra bouffon qu'on a donné, le 15 Mars, sur le Théatre de Monsieur, sous le titre de La Grotta di Trofonio. L'Abbé Casti est Auteur du Poëme ; la musique est de M. Salieri. Un autre Poëte Italien a, depuis, traité le même sujet, à Naples d'une manière beaucoup plus bouffonne ; sa Pièce a été mise en musique par Paisiello ; & M. Dubuisson, il y a quelques années, en a fait représenter la traduction sur le théatre de Versailles.

On ne voit pas pourquoi on a donné à l'Opéra dont nous rendons compte, la qualification d'héroi-comique ; c'est peut-être par la seule raison que le Poëme n'est pas aussi gai qu'il devroit l'être ; car pour les personnages, ils ne ressemblent nullement à des héros.

On sait que l'Antre de Trophonius, célèbre dans l'Antiquité, étoit une grotte enchantée ; quiconque y entroit une fois, perdoit pour toujours la faculté de rire. M. l'Abbé Casti suppose qu'Artémidore & Plystens, l'un fort gai, l'autre fort sérieux, aiment deux jeunes personnes, qui diffèrent également par leur caractère. Les deux Amans viennent se promener près de la grotte, dont les deux portes sont enchantées de manière que, quiconque entre par l'une & sort par l'autre, change entiérement, & devient gai s'il étoit sérieux, & sérieux s’il étoit gai. Les deux amans & leurs Maîtresses en font l'épreuve tour à tour, & les diverses métamorphoses qu'ils subissent, forment l'intrigue, & amènent le dénouement.

La dernière moitié de cet Ouvrage a moins réussi que la première ; l'action en a paru languissante. Quant à la musique, elle annonce un savant Compositeur, mais elle est d'un genre plus susceptible d'exciter l'admiration, que de toucher ou d'amuser. Ainsi cette composition , même en obtenant le suffrage des connoisseurs, étoit peu propre à soutenir le Poëme. Cependant quoique ce soit l'harmonie qui y domine, tous les morceaux ne sont pas dénués de mélodie, & il y en a qui, même par le chant, ont été écoutés avec enthousiasme.

L'exécution de cet ouvrage n'a rien laissé à désirer ; Mlle. Balletti & Mde. Mandini y ont obtenu un succès brillant & mérité.

Dans le Nº. prochain, nous donnerons l'Article du Théatre Italien.

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