La Grotte des Cévennes, opéra comique en un acte, de Sewrin, musique de Gresnick, 17 nivôse an 6 [6 janvier 1798].
Théâtre Montansier.
Sur la page de titre de la brochure, à Paris, chez Barba, an sixième :
La Grotte des Cévennes, opéra-comique en un acte. Paroles du citoyen C. A. B. Sewrin. Musique de Gresnick. Représenté, pour la première fois, à paris, sur el théâtre Montansier, le 17 nivôse, an VI.
Courrier des spectacles, n° 302 du 18 nivôse an 6 [7 janvier 1798], p. 2 :
[La première représentation de la Grotte des Cévennes s'est mal passée : murmures dès le début, sifflets tout du long et jusqu'à la fin. C'est qu'elle n'a pas d'intrigue, et ne peut être analysée. Le critique doit se limiter à en expliquer le sujet, issu d'une tradition cévenole, une grotte où les jeune sgens viennent chercher leur futur époux ou épouse. Lucette et Paul sont venus dans ce but, mais ils y trouvent Benjamin et la tante de Lucette qui veut la marier à Benjamin. Paul se cache dans la grotte et la fait parler : il exige le mariage de Paul et de Lucette, et celui de Benjamin avec la vieille tante. Le seul à hésiter, c'est Benjamin. La critique d ela pièce est sévère. Le rôle de la tante que l'auteur fait parler en proverbes trop connus a fait naître des murmures. La musique aurait pu sauver la pièce, et il faut que le compositeur, non nommé, tout comme le librettiste, choissse mieux les « poëmes » sur lesquels mettre sa musique.]
Théâtre Montansier.
L’opéra donné pour la première fois hier à ce théâtre, sous le titre de la Grotte des Cévennes, n'a point eu de succès. Des murmures se sont fait entendre dès les premières scènes, et ont été bientôt suivis de nombreux coups de sifflets qui n’ont fini qu’avec l’ouvrage. Cette pièce ne présentant aucune intrigue, n’est pas susceptible d'être analysée. L’auteur a pris son sujet d’après une tradition anciennement reçue dans les montagnes des Cévennes, dont les habitans croyoient qu’une grotte du voisinage étoit occupée par un magicien. Ici la grotte s’appelle la Grotte des Filles ; c'est là qu’elles vont, lorsqu’elles veulent trouver des amans, et les jeunes garçons y vont chercher des jeunes filles. Ce sujet, comme on peut s’en douter, n’est rien moins que moral. Lucette et son amant dont le nom m'est échappé, viennent à la grotte ; mais Lucette a rencontré sa tante, femme de soixante ans, qui, quoiqu'après trois mariages, veut encore avoir recours à la grotte. Elle est accompagnée de Benjamin, amant maltraité de Lucette ; ils se mettent en prière ensemble à l’entrée de la grotte. Lucette qui s'y est retirée avec l’amant favorisé, en sort, et fait accroire à Benjamin qu’elle consent à l’épouser ; la vieille animée par le succès de Benjamin, fait encore de plus ardentes prières : une voix se fait entendre, c’est l'amant de Lucette qui contrefait le maître de la grotte, et qui ordonne à mère Jadis, (c'est le nom de la vieille), d’unir les jeunes gens et d'épouser Benjamin. Celui-ci, malgré sa répugnance, consent à ce mariage.
La vieille ne profère pas un mot, que ce ne soit un de ces proverbes connu de tout le monde. La continuité non interrompue avec laquelle ils se succèdent, permet rarement qu’ils soient bien placés ; aussi ont-ils presque toujours excité les murmures ou les sifflets, et ont-ils perdu cet ouvrage, que la musique auroit pu soutenir. On a regretté que l’auteur de cette dernière l'ait prodiguée pour un parei1 poëme.
[L'article s'achève par l'éloge d'une jeune actrice qui a débuté le même soir à ce théâtre dans une autre pièce, et qui est pleine des qualités qu'il faut avoir pour être une bonne soubrette. Mais le critique, qui signe L. P. (Le Pan ?) ne donne pas le nom de cette jeune actrice.
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