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Le Gnôme, ou Arlequin tigre et bienfaisant

Le Gnôme, ou Arlequin tigre et bienfaisant, pantomime magico-bouffonne, à grand spectacle, en 3 actes par Mlle Flore Cuvelier musique arrangée par M. Foignet fils, mise en scène d'Eugène Hus, 2 germinal an 13 [23 mars 1805].

Sur la page de titre de la brochure, à Paris, chez Barba, an 13 (1805] :

Le Gnôme, ou Arlequin tigre et bienfaisant, pantomime magico-bouffonne, à grand spectacle, Changements de décorations, Transformations, Métamorphoses, Combats et Pluie de feu. En trois actes, Par Mlle Flore Cuvelier. Mise en scène par M. Eugène Hus. Musique arrangée par M. Foignet fils. Représenté, pour la première fois, sur le théâtre des Jeunes Artistes, à Paris, le 2 germinal an XIII.

Mlle Flore Cuvelier, que je ne connais que par cette mention, ne fait pas partie des interprète de la pantomime que la brochure énumère, et la pièce est peut-être bien de J. G. A. Cuvelier. La Bibliothèque dramatique de Monsieur de Soleinne, tome 2, p. 234, classe d'ailleurs le Gnôme parmi l'abondante production de J. G. A. Cuvelier. Par contre, Foignet fils, qui a arrangé la musique, est l'interprète du rôle principal, Arlequin.

Courrier des spectacles, n° 2961 du 4 germinal an 13 [25 mars 1805], p. 2 :

[Avant de dire qu'on ne peut analyser une telle pièce, le critique s'étonne du titre choisi : il ne croit pas à la bienveillance des tigres, sauf si l'évolution des espèces les rend un jour sensibles et tempérants. D'autre part, la pièce est rapprochée des « pantomimes italiennes dans le genre de Lazzari », fondées sur la rapidité des transformations opérées par le personnage principal et l'habileté des machinistes. Par contre, le critique plaint beaucoup le musicien, condamné à racler sans relâche son violon durant « trois ou quatre heures ». Dans cette pièce, les morceaux sont bien choisis et bien arrangés, mais c'est la qualité de l'Arlequin qui conditionne le succès. Et celui du Théâtre des Jeunes Artistes est présenté comme exceptionnel : «  Agilité, force, souplesse, il réunit ces diverses qualités ». Le critique nous donne un exemple à ses yeux remarquable de sa qualité, un saut exceptionnel qui lui permet de se hisser en haut du décor « à la force du poignet ». Il n'y a rien d'autre à dire de cette pièce, et ceux qui ne l'ont pas encore vu sont invités à aller « se faire une idée de son talent pour les travestissemens ». Pas d'indication sur les auteurs de la pièce, rien en particulier sur Flore Cuvelier que la brochure nomme comme auteur.]

Théâtre des Jeunes Artistes.

Le Gnome, ou Arlequin tigre et bienfaisant.

Jusqu’à présent la bienfaisance n’avoit pas paru constituer essentiellement le caractère du tigre, mais rien n’est étonnant dans le système de perfectibilité où nous vivons ; et si l’homme du simple rang de Ourang-Outang, a pu passer (ainsi que le veut M de la Méthérie) au rang de philosophe, d’astronome, de grand Mogol, qui empêche que les tigres ne viennent un jour des modèles de sensibilité et de tempérance ?

Le nouveau Tigre est une de ces pantomimes italiennes dans le genre de Lazzari, où l’on ne trouve ni plan, ni scènes, ni intérêt, mais le personnage principal ne laisse point reposer l’attention par l’agilité de ses métamorphoses et par la promptitude avec laquelle, d’un coup de baguette , il donne à tout ce qui l’environne une figure nouvelle. Dans l’exécution de ces sortes d’ouvrages, les acteurs, les machinistes ont beaucoup à faire, mais je doute qu’ils se donnent autant de peine que le musicien qui, assis dans son orchestre, promène sans relâche sur son instrument, durant trois ou quatre heures, un archet aussi fatigué de produire des sons monotones, que le public de les entendre.

Cependant on remarque souvent dans la musique des morceaux choisis et bien adaptés aux situations ; mais tout le succès de ces pantomimes dépend de l’Arlequin. C’est pour lui que l’auteur a travaillé ; c’est pour lui que l’administration a fait des dépenses de costumes, de décorations, etc. ; c’est aussi à lui à répondre dignement à toutes ces avances ; et sous ce rapport, le théâtre des Jeunes Artistes est bien dédommagé par M. Foignet fils. Agilité, force, souplesse, il réunit ces diverses qualités sans lesquelles ce genre perdroit aux yeux de la multitude la moitié de son prix ; et pour ne citer qu’un seul exemple, il suffit de rappeler une des scènes de cette pantomime. Arlequin poursuivi dans la ville par des soldats que conduit Gilles son rival, n’a d’autre moyen de leur échapper qu’en sautant de bas en haut dans une maison qui lui fait face, et pour y pénétrer, Arlequin ne voit qu’une fenêtre ouverte. Il prend sa course, s’accroche, d’une main, à la croisée, puis par la seule force du poignet, parvient à y grimper comme un chat. Ce tour est hardi, mais je ne conseillerois pas de le faire souvent ; il est dangereux.

Je ne citerai rien autre chose de cet ouvrage, qui n’est point susceptible d’analyse. On peut le voir une fois, et ceux qui n’ont point encore admiré M. Foignet dans ses rôles d’Arlequin dans un œuf, dans le Prince invisible, dans la Lampe merveilleuse, pourront, en le voyant dans le Gnome, se faire une idée de son talent pour les travestissemens.

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