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Le Goûter ou Un bienfait n'est jamais perdu

Le Goûter ou Un bienfait n'est jamais perdu, comédie en prose et en un acte, de Gabiot, 15 juillet 1793.

Théâtre du Lycée.

Pièce déjà représentée sur le Théâtre de l'Ambigu-Comique 19 octobre 1784.

Titre :

Goûter (le), ou Un bienfait n’est jamais perdu

Genre

comédie

Nombre d'actes :

1

Vers / prose ?

en prose

Musique :

non

Date de création :

15 juillet 1793

Théâtre :

Théâtre du Lycée

Auteur(s) des paroles :

M. Gabiot

L’Esprit des journaux français et étrangers, 1793, volume 8 (août 1793), p. 322-324 :

[Cette fausse nouveauté fait l’objet d’un compte rendu d’une grande indulgence. Il consiste pour l’essentiel en un résumé de l’intrigue et de la succession de bienfaits qui la constituent. Après avoir soulevé des vagues d’émotion, le critique se contente de souligner le talent précoce des jeunes acteurs. Rien ni sur l'intrigue (sauf pour dire que « le fond de cette piece est très-léger »), ni sur le style. Il n’y a sans doute rien à en dire.]

THÉATRE DU LYCÉE.

Le goûter, comédie en prose & en un acte, par M. Gabiot, représentée pour la premiere fois sur ce théatre, le 15 juillet 1793.

Le fond de cette piece est très-léger. Deux enfans ont reçu de leur mere un pot de confitures pour leur goûter, auquel Sophie a invité une de ses amies. Celle-ci se fait long-tems attendre ; le chevalier témoigne la plus vive & la plus comique impatience. L'amie arrive enfin, & au moment où l'on va découvrir le pot de confitures, un vieillard survient ; il a l'air bien malheureux, bien affligé : bonhomme, qu'avez-vous donc ? Apprenez-nous, de grace, la cause de votre chagrin. Après avoir essuyé les larmes qui ont inondé sa débile paupiere, le vieillard répond que l'ingratitude seule de son fils, qui le laisse manquer de tout, donne lieu à son désespoir. Grand Dieu ! s'écrient les enfans attendris, comment est-il possible que la nature ait produit un pareil monstre ? Tenez, bonhomme, nous allons vous dédommager autant qu'il est en nous ; prenez cette bourse, & à ces mots chacun lui donne la sienne.

Peut-on éprouver des regrets après avoir fait une bonne action ? c'est pourtant ce qui arrive à nos jeunes gens. Un enfant paroît, se jette à leurs pieds ; sa mere, son frere & lui n'ont rien pris depuis deux jours ; ils sont sur le point de mourir d'inanition, & ils supplient Sophie & le chevalier de leur tendre une main secourable. Mais ils n'ont plus d'argent, & il leur est impossible de venir aussitôt au secours du petit malheureux, s'ils ne lui donnent leur pain & leur pot de confitures. Que faire ? Ecouter la voix de la pitié; elle ne sera point étouffée par la voix de la gourmandise ; le jeune indigent aura tout, & on le pressera de tout emporter, c'est ce qui ne manque pas d'avoir lieu.

Au moment où le chevalier, sa sœur & leur amie vont se retirer, on voit entrer un soldat estropié ; il va chercher une retraite à l'hôtel des invalides. Mais, mon cher ami, lui dit le chevalier, mon uniforme est comme celui que vous portez ; sortiriez-vous par hasard du régiment que mon papa commande ? Ah ! puisque cela est ainsi, restez avec nous ; vous me rappellerez ses belles actions, les vôtres, & je serai trop heureux d'avoir soin de vous pendant tout le reste de vos jours.

On ne sauroit laisser tant de belles actions sans récompense ; aussi fait-il reparoître l'enfant qui a emporté les petits-pains & le pot de confitures. Il a rencontré chez sa mere une belle dame qui venoit la secourir, & cette dame, touchée du trait du chevalier & de sa sœur, leur envoie un excellent goûter pour remplacer celui dont ils s'étoient privés par bienfaisance. A ce trait, Sophie & le chevalier reconnoissent leur mere, & ils volent au-devant d'elle pour la remercier & l'embrasser.

Les deux enfans qui ont rempli les rôles du chevalier & de Sophie, les ont joués avec une intelligence & une sensibilité qui font espérer qu'ils obtiendront des succès dans la carriere qu'ils parcourent. Cette piece a vivement ému un grand nombre de spectateurs, qui ont demandé l'auteur à grands cris ; M. Gabiot a paru.

César : le titre complet, le Goûter, ou Un bienfait n'est jamais perdu. Pièce jouée d'abord le 19 octobre 1784 au Théâtre de l'Ambigu-Comique. Elle est jouée 10 fois au Théâtre du Lycée des Arts, du 20 juillet 1793 au 10 septembre 1793.]

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