Hécube (Petitot)

Hécube, tragédie en trois actes et en vers, imitée du grec d'Euripide, de Claude-Bernard Petitot, reçue à la Comédie Française le 4 août 1792, non représentée.

Pièce à ne pas confondre avec l'opéra homonyme de Milcent, musique de Granges de Fontenelle jouée au Théâtre de la République et des Arts, le 15 floréal an 8 [8 mai 1800].

Sur la page de titre de la brochure, à Paris, de l'Imprimerie du Citoyen Cailleau, an second de la République Française :

Hécube, tragédie en trois actes et en vers, Imitée du Grec d'Euripide ; Lue & reçue à la Comédie Française, le 4 Août 1792; précédée d'un ESSAI de traduction de quelques Scènes du Théâtre Grec.

Trojanas ut opes, & lamentabile regnum,
Eruerint Danai .    .    .    .    .    .    .    .    .    .
.    .    .    .    .    .    .    .Quis, talia fando,
Temperet à lacrymis !

L'épigraphe est une citation du début du chant 2 de l'Enéide, vers 4 à 8 (avec des coupures). Il s'agit du début du récit qu'Enée fait à Didon de ses aventures tragiques.

Traduction possible : comment le Grecs ont détruit les richesses de Troie et le triste royaume. Qui, en racontant de tels faits, retiendrait ses larmes ?

Le nom de l'auteur ne figure pas sur la page de titre de la brochure, où il a été ajouté à la plume.

Avant le texte de la pièce, on trouve un « Fragment d'un discours sur le Théâtre Grec » (p. 3-19), largement consacré à citer diverses traductions de scènes de tragédies grecques, puis un avis justifiant que la pièce, reçue à la Comédie Française, n'ait pas été jouée (p. 20) :

AVIS.

Cette Pièce fut mise à l'étude par la Comédie Française au mois de Mars dernier : on la répétait au Théâtre ; les décorations étaient faites ; elle était annoncée sur les affiches, quand on la dénonça à la Commune. Quoique la dénonciation n'eut pas le moindre fondement, la Comédie Française & l'Auteur crurent qu'il était du devoir de tout bon Citoyen d'éviter l'occasion de donner lieu à quelque trouble : la représentation de la Pièce fut suspendue. On l'offre aujourd'hui au Public impartial qui ne trouvera pas dans un ouvrage imité des Anciens, des intentions inciviques.

PERSONNAGES.

HÉCUBE.

POLIXÈNE.

ULISSE.

PYRRHUS.

POLIMESTOR.

CHŒUR d'esclaves Troyennes.

ARCAS.

GARDES.

Le Théâtre représente les ruines de Troie : dans le fond on voit le tombeau d'Achille : d'un côté sont les tentes d'Agamemnon, de l'autre celles de Pyrrhus.

Les aléas de la tragédie de Petitot sont exposés dans la Biographie universelle de Michaud. Il est évident que une pièce qui évoquait tellement l'abolition de la monarchie et le sort de la famille royale paraissait particulièrement mal venue dans les années 1840.

Biographie universelle ancienne et moderne de Michaud, tome 32, p. 608 :

Après un premier essai, il composa une tragédie d'Hécube, imitée d'Euripide, qui fut reçue au Théâtre-Français le 4 août 1792. Les répétitions eurent lieu au mois de février 1793, mais la pièce ne fut pas représentée. Laissons à Petitot le soin d'en expliquer le motif : « Depuis la réception d'Hécube il s'était passé bien des événements.... Le roi avait été enfermé au Temple et il avait péri sur l'échafaud. Quoique le moment fût terrible, la Comédie française me tint la parole qu'elle m'avait donnée. Ma tragédie était alors devenue une pièce de circonstance ; Hécube, veuve d'un roi assassiné et prisonnière de ses ennemis, avait beaucoup de rapport avec la reine ; Polydore pouvait représenter le Dauphin, et Polyxène, un peu plus âgée que ses frères, faisait une allusion très-juste à la princesse fille de Louis XVI (1). » Des rapports aussi frappants ne manquèrent pas de compromettre gravement l'auteur, et même les acteurs, à cette époque de démagogie furieuse.

(1) Fragments de mémoires autographes de Petitot, à la suite de la Notice composée sur lui par l'auteur de cet article, 20 pages in-8° (1827), ordinairement joints à la Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France, soit au 1er volume, soit à la table.

Petitot est l'éditeur du Répertoire du théâtre françois, ou Recueil des tragédies et comédies restées au théâtre depuis Rotrou, dont le tome 4 contient les Troyennes, tragédie de Châteaubrun, créée le 11 mars 1754, dont Hécube est le personnage principal.

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