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Honneur et indigence, ou le Divorce par amour

Honneur et indigence, ou le Divorce par amour, drame en trois actes et en prose, de Weiss et Patrat, imité de l'allemand de Kotzebue, créé sur le Théâtre de la Cité-Variétés, 27 brumaire an 11 [18 novembre 1802].

Sur la page de titre de la brochure, à Paris, chez Huet, an 11 [1803] :

Honneur et indigence, ou le Divorce par amour, drame en trois actes et en prose, Par Weiss et Patrat, Imité de l'allemand de Kotzebue, auteur de Misanthropie et Repentir ; Représenté pour la première fois, à Paris, au Théâtre de la Cité-Variétés, le 27 Brumaire an XI.

Courrier des spectacles, n° 2084 du 29 brumaire a n 11 [20 novembre 1802], p. 2-3 :

[L'accueil fait à la pièce à la première représentation a été très favorable; les auteurs ont été demandé, et seul Weiss a paru, Patrat étant décédé. Avant de parler de la pièce, de façon inhabituelle, le critique fait un sort particulier à deux interprètes qu'il juge remarquables, et surtout à madame Potier qui joue le rôle du fils de Charles Duval. La suite se réduit à un assez long résumé d'une intrigue où ne manquent ni les aspects financiers, ni les raisons de pleurer. Les coïncidences y sont également nombreuses. Un homme ruiné ne voit pas d'autre solution que de partir en Inde, mais il ne peut emmener ni sa femme, ni sa vieille mère aveugle. Il propose à son épouse de divorcer pour qu'elle puisse épouser son ancien amant, prêt à aider financièrement le mari trompé autrefois, ce que celui-ci refuse bien sûr. Heureusement tout s'éclaire enfin : un ami de l'ancien amant entend la discussion entre le mari et sa femme et comprend que ce mari est justement celui qui a aidé financièrement son fils, mort dans un naufrage et responsable de sa ruine. Il rend l'argent que ce naufrage a fait perdre, et tout rendre dans l'ordre. La fin de l'article est rapide : quelques mots sur le rôle de la vieille mère, qui « donne lieu à des scènes plaisantes » (allusion à ses plaintes incessantes ?), un jugement général (la pièce « présente en général de l'intérêt » : elle fait beaucoup pleurer) qui met en valeur des détails « très-minutieux »,) et critique le style « tantôt trivial, tantôt très-emporté »). Et on finit sur un curieux jugement : la pièce n'a pu réussir que parce qu'elle est jouée sur un petit théâtre où elle pourra avoir « plusieurs représentations » : ailleurs, elle « serait tombé[e] ».]

Théâtre de la Cité.

Depuis long-tems on n’avoit entendu à ce théâtre autant d’applaudissemens qu’en obtint avant hier le drame qui y fut donné pour la première fois sous le titre de : Honneur et indigence.

L’auteur a été demandé : on a nommé le cit. Weis et feu Patrat. « Qu’ils paroissent, s’est on écrié ! » Le citoyen Weiss a paru.

Avant de parler de la pièce nous devons rendre justice à un acteur et à une actrice qui ont contribué à son succès, et qui ont eu la plus grande part, dans les applaudissemens ; ce sont le citoyen Villeneuve et mad. Potier. Nous avons déjà eu souvent occasion de faire l’éloge de cette actrice : elle justifia hier tout le bien que nous avons pu en dire.

Charles Duval a accepté pour une somme considérable de lettres-de-change d’un ami qui avoit été son associé. Celui-ci a fait naufrage, et est péri avec toute sa fortune. Charles totalement ruiné est en proie au désespoir. Son épouse travaille jour et nuit pour subvenir aux besoins de la famille, qui consiste dans un enfant de leur mariage et dans la mère de Duval. Cette dernière, aveugle, ignorant la situation de son fils et accoutumée à l’aisance, se plaint du peu d’égards qu’on a pour son grand âge. Dans la détresse où se trouve Duval il reçoit une lettre d’un nommé Cinthys, qui lui offre 24,000 francs ; mais cet homme obligeant a été l’amant de sa femme, la délicatesse lui défend d’en rien recevoir.

Une place se présente pour Charles, mais elle exige qu’il parte pour les Indes. Ce voyage ne peut s’entreprendre avec une mère infirme et avancée en âge.

Dans un embarras aussi grand il ne trouve d’autre moyen que de sonder les sentimens de Cinthys pour son épouse, de divorcer avec elle et de la céder à son premier amant, qui est riche, qui aura en même tems soin de sa mère et de son enfant. Cinthys est vertueux, cette proposition ne peut lui convenir ; il fait part de tout à un ancien ami, dont il a inutilement cherché à sauver le fils dans une tempête. Il engage cet ami à lui prêter son nom pour faire accepter des secours à Charles. Celui-ci essaye de déterminer son épouse au divorce et à épouser Cinthys. Grand débat entr’eux à ce sujet. Le tout est entendu par Cinthys et son ami, qui reconnoit que le fils qu’il a perdu est celui qui a été cautionné par Charles. Sa fortune le met à même de réparer les pertes de ce malheureux père de famille. Il l’adopte pour son fils, et tout lu monde est content.

Le rôle de la vieille madame Duval donne lieu à des scènes plaisantes. Cet ouvrage présente en général de l’intérêt, mais les détails sont très-minutieux et le style est tantôt trivial, tantôt très-emporté. Sur un plus grand théâtre cet ouvrage seroit tombé, il a réussi à la Cité et pourra y avoir plusieurs représentat ions.

Louis-Henry Lecomte, Histoire des théâtres de Paris : le Théâtre de la Cité, 1792-1807 (Paris, 1910), p. 245-246 :

[Outre le résumé de l'intrigue, très dans le goût des drames de Kotsebue, on retient le jugement en deux temps porté sur la pièce, éloge des « nobles vertus humaines » et pouvoir lacrymal important.

27 brumaire (18 novembre) : Honneur et Indigence, ou le Divorce par amour, drame en 3 actes, par Weiss et Patrat.

Charles Duval

CC.   

Villeneuve.

Saint-Ys

 

Langlade.

Gourville père

 

Armand Verteuil (début).

Gallimard.

Durand

 

Chateauneuf.

Mme Duval

 

Coréard fils (début).

Henry

Cnes   

Potier (début).

Arabelle

 

Normand.

Françoise

 

Lafontaine.


Arabelle aimait Saint-Ys, mais son père l'a forcée d'épouser le négociant Charles Duval, beaucoup plus riche. Au bout de six années, la fortune qui avait fait préférer Duval disparaît par suite de mauvaises spéculations conseillées par le jeune Courville, et Arabelle doit nourrir du travail de ses mains son époux, son fils Henry et sa belle-mère aveugle. Saint-Ys. qu'un hasard instruit de cette situation. offre par lettre un large secours à Duval, que la jalousie empêche d'accepter. Toutefois la démarche du jeune homme prouvant qu'il adore toujours Arabelle, Duval projette de libérer celle-ci par un divorce qui lui permettra d'épouser Saint-Ys, devenu riche à son tour. Arabelle refuse d'accepter ce sacrifice et l'on ne sait comment la chose finirait si Courville père, qui est l'ami de Saint-Ys, ne secondait ses généreux desseins en réparant la faute de son fils défunt : la famille Derval, adoptée par lui, coulera désormais d'heureux jours.

Imité de Kotzebue, cet ouvrage prônait les plus nobles vertus humaines ; il provoqua des larmes abondantes.

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