Hortense de Vaucluse

Hortense de Vaucluse, mélodrame en trois actes, à grand spectacle, de Maurin de Pompigny, musique de Quaisain, ballet de Richard, 16 juillet 1806.

Théâtre de l'Ambigu-Comique.

Sur la page de titre de la brochure, à Paris, chez Fages, 1806 :

Hortense de Vaucluse, mélodrame en trois actes, à grand spectacle, par M. Pompigny ; Musique de M. Quaisain, Ballet de M. Richard, pensionnaire de l'Académie Impériale de Musique ; Représenté, pour la première fois, à Paris, sur le Théâtre de l'Ambigu Comique, le 16 juillet 1806.

Mon ami; l'ignorante ignore son devoir,
Et peut s'en écarter sans s'en apercevoir.

L'Homme Singulier, de DESTOUCHES.

Liste des personnages :

MATHILDE, comtesse souveraine de Provence et du comtat Venaissain.

Mlle. Leroy.

Sire GODEFROY, comte de Tarascon.

M. Tautin.

HORTENSE DE VAUCLUSE, son épouse.

Mlle. Lévesque.

ROSALIE, leur fille.

Mlle. Hugens.

ADOLPHE, enfant de trois ans.

 

Sire RENAUD, comte de Beaucaire.

M. Joigny.

Sire AIMOND, son fils.

M. Vigneaux.

Mad. ADÈLE, amie et confidente d'Hortense.

Mad. Alerme.

RENÉ, concierge et jardinier du château de Vaucluse.

M. Dumont.

CLOTILDE, femme de René.

Mlle. Lagrenois.

LAURETTE, leur fille.

Mlle. Philbert.

VALENTIN, valet et confident de Renaud, sous le nom de Vincent, jardinier.

M. Martin.

LE BAILLI DE VAUCLUSE.

M. Melcourt.

JULIEN, paysan.

M. Milot.

ARMAND, officier de Godefroy.

M. Stokleit

RAIMBAUT, officier de Renaud.

M. Barthélemy.

Gardes, soldats et suite.

 

Chasseurs, villageois, villageoises.

 

La scène est à Vaucluse.

Nota. Les Directeurs de Spectacle, qui n'auront point de Ballets, verront qu'ils peuvent supprimer facilement celui de cet ouvrage.

Avant le texte de la pièce, indication du décor :

(Le théâtre représente les jardins délicieux de la fontaine de Vaucluse ; dans le fond des vases, des statues, des bancs de gazon fleuris.

Courrier des spectacles, n° 3449 du 18 juillet 1806, p. 2-3 :

[L'intrigue du mélodrame paraît très confuse au critique qui regrette la rapidité des événements, et celle aussi de l'élocution des acteurs, beaucoup de phrases étant même incomplètes; L'auteur a voulu « brusquer les effets de Théâtre », mais cette hâte « les a fait souvent avorter ». Cet effet se ressent aussi dans le style, « pas toujours correct ni facile ». Mais cela n'empêche pas la pièce d'avoir de l'intérêt, et de mêler « scènes oiseuses et « scènes bien faites ». Le critique résume ensuite l'intrigue, une histoire bien compliquée de frères rivaux, d'un comte retenu prisonnier en Espagne (mais il revient pendant la pièce), de fille séduite à qui le comte « a laissé un gage de son amour » (un garçon), et dont la mère, d'abord prête à maudire sa fille, puis obéissant à la voix de la nature, allant jusqu'à se dire mère de cet « enfant illégitime » de sa fille. Quand son mari revient enfin de captivité, il faut lutter pour qu'il admette la faute de sa fille, tandis que le frère du comte, qui a enlevé le jeune garçon, refuse d'abord de le rendre. Tout finit par s'arranger, la rivalité entre les frères disparaît, et l'enfant retrouve sa mère, mais aussi sa place dans la hiérarchie comtale. La pièce a connu le succès, non pas par les moyens habituels du mélodrame que sont les décors, les combats, les explosions, mais par un très beau ballet au second acte, et par la « pantomime » joviale de Millot « et ses attitudes grotesques ». L'article s'achève par l'énumération des auteurs, pour les paroles, la musique et les ballets.]

Théâtre de l'Ambigu-Comique

Hortense de Vaucluse.

Ce mélodrame est un roman tout entier ; les incidens s'y succèdent avec une rapidité qui laisse à peine au spectateur le tems de respirer. Les personnages ne s'y donnent même pas le loisir de finir leurs phrases, dont la plûpart sont coupées par l’annonce de quelque grand événement. Ces réticences sont fort à la mode ; elles produisent quelquefois de l’effet ; mais l’essentiel est de savoir bien les mettre à leur place et de ne pas trop les prodiguer. L’auteur d'Hortense de Vaucluse a trop précipité la marche de son intrigue : en voulant brusquer les effets de Théâtre, il les a souvent fait avorter. Son style se ressent de cette précipitation ; il n’est pas toujours correct ni facile. L’ouvrage, du reste, n’est point sans intérêt ; parmi plusieurs scènes oiseuses, on distingue des scenes bien faites et qui ont mérite d’être applaudies.

Horteuse de Vaucluse est épouse de Godefrov, comte d’Arles et de Tarascon, frere de Renaud, comte de Beaucaire. Son époux, parti depuis plusieurs années, a été pris en Espagne, et jeté au fond d’un cachot avec Aymon, jeune guerrier à qui il doit la vie. Ce dernier est fils de Renaud, et avant son départ pour l'armée, il a inspiré une vive passion à Rosalie, fille d’Hortense et de Godefroy et parconséquent sa cousine, et lui a laissé un gage de son amour. Rosalie, devenue mère, élève secrètement dans un château le fruit de sa foiblesse, et n’ose même en faire confidense à sa mère ; celle-ci découvre le mystère ; elle est sur le point de maudire sa fille ; mais la nature a parlé ; Hortense a pardonné. Elle fait plus ; elle veut même cacher la fuite de sa fille, en se déclarant mère du jeune Adolphe (c’est le nom de l’enfant). Renaud, qui veut réunir à ses états ceux de son frère, qu’il croit mort sans héritier, soupçonne Horteuse de vouloir lui opposer comme compétiteur l'enfant élevé au Château, et forme le projet de l’enlever ; et lorsque Godefroy arrive, il accuse Hortense d’avoir, pendant son absence, donné le jour à un enfant illégitime ; Hortense est d’abord anéantie ; mais bientôt s’armant de fermeté elle confond son accusateur. L’arrivée de la Comtesse de Provence met fin à ces débats ; Godefroy va à la rencontre de sa souveraine ; mais le Comte de Beaucaire surprend le jeune Adolphe, et un de ses gens l'emportoit dans ses bras, lorsqu’un chevalier l’arrête et lui fait abandonner son entreprise. Deux femmes poursuivoient le ravisseur. Rosalie accourt, elle voit son fils sauvé ; elle reconnoit dans le libérateur son amant, le jeune Aimon, et lui avoue que depuis trois ans qu’elle pleure son absence, elle lui conserve ce fils, qui alloit devenir la victime de son père. Renaud survient, réclame Adolphe ; Aymon le protège ; mais le Comte de Beauçaire se montre tellement disposé à se reconcilier avec Godefroy et à pardonner l’erreur de sou fils, que ce dernier n’hésite pas à lui confier l’enfant. Cependant Godefroy est instruit du déshonneur de sa famille ; il veut punir sa fille ; Aimon son libé rateur , Aimon ssu [?] compagnon dans les fers intercède pour elle, s’avoue seul coupable, et le Comte de Tarascon est prêt à pardonner, si son frère consent lui-même à oublier son inimitié ; mais Renaud est inflexible ; il déclare que l’enfant a disparu pour jamais. La Comtaese de Provence, comme souveraine, somme le Comte de Beaucaire de rendre sa victime, et le menace, en cas de refus, de faire punir suivant toute la rigueur des loix, le jeune Aimon comme coupable de séduction. Renaud ne peut plus résister ; il cède, il embrasse sou frère, l’enfant est remis à Rosalie, et déclaré héritier des deux couronnes.

Le succès de ce mélodrame ne consiste ni en décorations neuves, ni en combats, ni en explosions, etc. Mais les accessoires n'ont pas peu contribué à son succès. Le ballet du second acte, où l’on a distingué Mlle. Sainte Marie pour sa grâce et pour sa légèreté, et M. Millot ; pour sa pantomime joviale et ses attitudes grotesques, a beaucoup diverti l’assemblée nombreuse qui assistait à cette représentation.

L’auteur des paroles est M. Pompigny ; celui de la musique M. Quaisain, et celui des ballets M. Richard.

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